Êtes-vous prêts à débourser 2.500 dirhams, soit environ 580 euros, pour une seule tasse de café ? C’est exactement le prix payé en septembre dernier chez Roasters Specialty Coffee House, un tout nouveau café de Dubaï, aux Émirats arabes unis.
Cet « exploit » a été inscrit au Livre Guinness des records comme le prix le plus élevé jamais payé pour une tasse de café. Cette boisson de luxe est élaborée à partir de grains Geisha cultivés à l’Hacienda La Esmeralda, au Panama, une ferme reconnue internationalement pour sa production de cafés parmi les plus rares et les plus précieux au monde.
Et si on arrêtait les cœurs en mousse pour aller à l’essentiel?
L’Hacienda La Esmeralda, à l’origine de la culture du café le plus cher du monde, est située à Boquete, au Panama. Le Geisha d’origine éthiopienne cultivé par La Esmeralda se caractérise par des notes de goyave, de pêche blanche et de jasmin. Située à 2 000 mètres d’altitude, La Esmeralda tire parti de l’altitude pour produire des fèves aux saveurs complexes et uniques. Elle cultive des micro-lots, une stratégie qui garantit soit-disant des profils sensoriels distincts à chaque récolte.
Depuis trop longtemps, l’inconsistance fait des ravages sur le monde du café
Depuis des années, dans la plupart des emplacements stratégiques de nos villes, on a vu surgir des boutiques de chaîne étasuniennes proposant des cafés aux noms pseudo-italianisants et aux parfums limite écoeurants servis dans des gobelets plastiques avec une paille. Chers, de surcroît.
On entend dire que ce type de produit est destiné aux jeunes générations qui n’aiment pas le café et que -outre l’expérience de la marque et le choix d’un endroit pour s’asseoir confortablement, discuter ou travailler- souhaitent des boissons avec un excès de sucre et d’arômes avec l’ajout de sirops, crèmes et même des sauces…
Plutôt qu’un bon café, une illusion d’appartenance copié-collée à l’infini dans tous les recoins du globe
Le géant américain justifie ses prix par ses coûts d’exploitation et par sa recherche de nouvelles méthodes d’infusion, origines et terroirs ou degrés de torréfaction. En fait, la véritable valeur ajoutée vient de l’environnement social créé dans ces boutiques et de la vente d’un produit associé à un certain statut.
Café de spécialité ou de stupidité?
En principe, le café de spécialité serait celui de très haute qualité, défini par une notation d’au moins 80/100 sur l’échelle de la Specialty Coffee Association (SCA). Il se distingue par sa traçabilité, ses arômes uniques, son origine spécifique et son processus de production méticuleux, de la plantation à la torréfaction.
Ceux d’entre nous qui aimons vraiment le café n’en demandons pas tant. Nous voulons juste que le stimulant amer qui donne du sens à nos matinées et à nos après-midis de conversation soit une tasse digne de ce nom.
Dans le genre « mauvaises blagues sur le petit noir », allant du latte art au kopi luwak, baristas et autres esprits perfides de la culture café oseront-ils nous proposer incessament un Chupa-chups fraise à faire fondre dans un macchiato de torréfaction lente?