Dans les circuits gastronomiques, les voyageurs se laissent guider par leurs papilles plutôt que par les paysages, ce qui les conduit à des « aventures » guidées aux quatre coins du monde pour « découvrir des pépites culinaires méconnues ». Le tout en petit groupe, cela fait plus confidentiel et sur-mesure, voyez-vous.
L’expérience de la « nourriture patrimoine »
Dans la longue liste des expressions galvaudées dont l’industrie touristique use et abuse, les « expérience immersives » où « chaque plat raconte une histoire » se déclinent des marchés aux épices aux tours des vignobles, en passant par les cours de cuisine « traditionnelle » avec cueillette au préalable et livre des recettes itou.
Pourtant, au milieu de cet engouement, une question demeure : vivons-nous une expérience authentique, ou laissons-nous simplement les autres décider de ce que nous devons goûter?
L’essor des visites gastronomiques
Les circuits gastronomiques ne sont pas devenus « tendance » du jour au lendemain. Ils ont fait leur apparition aux États-Unis vers l’an 2000, proposant des visites guidées de différents quartiers et de restaurants moins connus. Au début des années 2000, l’idée s’est répandue en Europe, où le concept de restauration immersive a rencontré un vif succès. Il s’est rapidement adapté aux cultures locales.
En 2025, ces circuits sont proposés presque partout : des marchés multiculturels des grandes villes aux quartiers de ramen de Tokyo. Ils sont faciles à trouver: fini les interminables avis en ligne, une simple réservation suffit pour obtenir une visite personnalisée, dont le prix se situe généralement entre 60 et 150 euros.
Le « goût local » du surtourisme
Toutefois, l’expérience n’est pas toujours idyllique et ses effets néfastes sont de plus en plus visibles: par exemple, le célèbre marché de la Boqueria à Barcelone, réputé pour sa grande variété de viandes et de fruits de mer, a dû limiter le nombre de groupes de touristes afin de préserver sa fréquentation pour les Barcelonais.
Cette mesure a mis en lumière un problème croissant : dans les destinations touristiques très fréquentées, qui accueillent chaque année des millions de visiteurs, les groupes engendrent une surfréquentation, une hausse des prix et la transformation de quartiers authentiques en pièges à touristes.
Du haut de gamme sous prétexte de développement durable
Dans le segment haut de gamme, le tourisme gastronomique s’oriente vers des dépenses considérables avec des circuits alliant le prestige des chefs célébres à une connaissance approfondie des cultures locales. Ces expériences culinaires somptueuses à travers le monde ont de quoi faire pâlir d’envie n’importe quel restaurateur ou sommelier étoilé avec des prix à partir de 10 000 euros la semaine. Des itinéraires personnalisés, qui minimisent l’affluence et donc l’impact environnemental, mais augmentent l’addition. De la truffe sur le gâteau!
Et si les voyages les plus mémorables étaient ceux qui vont au-delà de ce que l’on mange?
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