Classique de la littérature allemande, EFFI BRIEST est un roman réaliste, souvent comparé à Madame Bovary de Flaubert ou à Nana de Zola. Théodore Fontane (1819-1898) décrit dans son roman une Prusse dévergondée par l’argent, qui dicte les relations des protagonistes. Les parents de la jeune EFFI offrent leur fille à un vieux baron parce qu’il est riche et qu’il est un homme de pouvoir de la Prusse.
Effi Briest n’a que dix-sept ans quand elle épouse l’ancien soupirant de sa mère, le baron Von Innstetten, son ainé de plus de vingt ans. Mais dans la Prusse du 19ème siècle les conventions sociales l’autorisent. Le baron est Préfet, il deviendra ministre, alors on marie l’enfant innocente. Le baron toujours en déplacement pour la Prusse, pensera régner sur sa jeune épouse en l’entourant de légendes et de fantômes transformant leur demeure de Kissen en une sorte de maison hantée. La naïve Effi manipulée par un séducteur commettra un bref adultère. Les années passeront, un enfant naîtra, mais le crime n’a pas de prescription, ni pour le mari, ni pour les parents. La tragédie est proche.
Le roman de Théodor Fontane ne serait pas devenu un classique de la littérature allemande si l’auteur ne s’était pas érigé en accusateur de la société prussienne de son temps. D’abord par la description de la morale prussienne du 19ème siècle : une morale d’ordre, de conventions sociales, et de dévouement au seul service du pays, plus encore pour sa violente critique contre les mariages arrangés qui sont le modèle d’union dans la Prusse du 19ème siècle.
Théodor Fontane se dresse donc en accusateur d’une société Prussienne, qui est la sienne, face à celle plus moderne de Bismarck, qui émerge. C’est toute la force de ce roman.
Pour nous lecteurs Français, l’auteur dévoile une face obscure de cette réalité Prussienne de la moitié du 19ème siècle.
Jean-François Colonna – Mai 2021
EFFI BRIEST – Théodor Fontane – L’imaginaire Gallimard- 340 pages
