MisterTravel présente sa nouvelle rubrique consacrée au cinéma et à l’audiovisuel dans laquelle, chaque semaine, nous ferons un arrêt sur images dans un pays ou une destination touristique vue à travers la caméra d’un ou plusieurs réalisateurs.
On sait que le voyage est bien plus que du géographique. C’est partir à la recherche d’un monde inconnu, tel un voyage initiatique. C’est le voyage dans le temps, sujet souvent traité dans des films d’aventure qui suscitent l’évasion du spectateur, vers un ailleurs qui répond à nos désirs immuables de conquête. Et comme l’information sur l’actualité est l’une de nos priorités, nous commençons avec le pays le plus en vue du moment : l’Afghanistan.
Concernant le traitement que le cinéma et le documentaire ont réservé à cette nation, les archives cinématographiques françaises nous parlent dans un premier court-métrage de 1928 intitulé justement Voyage en Afghanistan qui fait état de la vie de la société afghane de l’époque, en suivant l’itinéraire des membres de la mission d’étude des chemins de fer de Kaboul.

Le film Une vallée contre un empire du réalisateur français Christophe de Ponfilly tire le portrait du commandant Massoud, le « lion du Panjshir« , Il se rend en Afghanistan pour la première fois clandestinement, en juillet 1981, pour témoigner de la résistance du peuple afghan contre l’occupation soviétique. En 1984, revenu encore sous couvert dans la vallée du Panjshir, il tourne Les combattants de l’insolence qui lui vaut le Prix Albert Londres de l’audiovisuel en 1985. Mais l’œuvre qui reste dans les annales est son reportage réalisé en 1998, tiré du livre homonyme Massoud l’Afghan, film qui remporte un important succès international. En 1997, de Ponfilly était revenu en Afghanistan afin de retrouver Massoud dans son nouveau maquis et dans les préparatifs de son offensive contre les talibans. Ce dernier film de de Ponfilly (décédé en 2006) présente cette figure charismatique de la résistance afghane et de nous livrer un portrait fascinant d’un chef de guerre à l’heure de sa dernière bataille.

En 2007, le réalisateur israélien Dan Alexe sort un documentaire très intéressant sur la vie des deux derniers juifs de Kaboul. Cabale à Kaboul met en scène Isaac Lévy et Zabulon Simantov, deux hommes âgés qui vivent dans l’enceinte de la vieille synagogue, désertée et pillée. Ils ont survécu aux Russes et aux Talibans, tandis que les autres juifs sont morts ou ont émigré en Israël ou aux Etats-Unis.
Isaac est un guérisseur, un rabbin miraculeux, un maître des sciences occultes. A sa porte se pressent femmes et hommes venus souvent de très loin et même du Pakistan pour entendre sa parole, ses prières et recevoir ses amulettes. Il porte une longue barbe blanche et est rongé par la solitude, depuis que sa famille l’a quitté et sans doute rejeté. Zabulon est toujours rasé de frais, il respecte scrupuleusement le shabbat et les fêtes, lit les prières à la petite table du repas et fabrique, selon les prescriptions juives, du vin qu’il revend à ses voisins. Isaac et Zabulon ont lié leurs destins et survivent en vase clos, dans une sorte d’exil infini qui ne va pas sans rappeler la situation actuelle. Un film très actuel donc, à voir ou à revoir…
C.A.T.