26 avril, 2024
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A Versailles ou au Louvre, le sous-tourisme menace le patrimoine culturel et historique national

Le château de Versailles attend toujours les Américains, les Chinois et les Brésiliens …

Toujours terrifiés par le “surtourisme“, et encore souvent méfiants à l’égard du tourisme lui-même, les gestionnaires du plus grand patrimoine historique et culturel souffrent désormais de la crise. Alors que l’Organisation mondiale du tourisme prévoyait une baisse allant jusqu’à 78% du tourisme international, la prévision de perte de revenus est telle qu’elle a conduit la présidente du Château de Versailles , Catherine Pegard, à parler d’une menace pour le modèle économique qui a été dans tous les pays du monde, et qui a fait des revenus touristiques nationaux et internationaux la principale source de revenus – et parfois la seule – des châteaux, musées et monuments.

Avant Covid19, le succès du palais qui consacra la gloire de Louis XIV auprès de la clientèle internationale était impressionnant. Seuls 21% des plus de 8 millions de visiteurs étaient français, et plus de la moitié venaient de l’extérieur de l’Union européenne : 15% nord-américains, 10% chinois, 4% brésiliens, suivis des japonais et des sud-coréens. Fermé pendant 82 jours pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, Versailles a rouvert le 6 juin, mais désormais réservé aux Français et à certains résidents des pays voisins, l’Allemagne et les Pays-Bas, les entrées depuis cette réouverture n’ont pas dépassé les 10000 par jour. 30 000 en temps normal, et la perte de cette année s’élève déjà à 45 millions d’euros.

Le Louvre a rouvert, mais avec 75% de visiteurs en moins

Le musée du Louvre est confronté au même problème. Il a également connu un succès exceptionnel en 2019 avec 9,6 millions de visiteurs, un record, d’autant plus que le musée a privilégié les réservations en ligne pour maîtriser les flux et diminuer les pics de fréquentation. Comme à Versailles, les étrangers représentent plus de 75% des entrées, les principaux pays d’origine étant les États-Unis, la Chine, l’Italie, le Brésil et l’Australie. Cette année, fermé pendant trois mois jusqu’au 6 juillet, le musée ne compte que sur les Français, les Allemands, les Belges et les Néerlandais, et la direction prévoit 75% de visites en moins pour cette année

Pour le Louvre, Versailles et tous les monuments dont l’économie est très dépendante des visites, la crise conduit même à reconsidérer le modèle. Avec des coûts de maintenance très élevés, avec un personnel fixe nombreux et qualifié (1000 salariés à Versailles, 2300 au Louvre), il est impossible de procéder aux aménagements nécessaires sans compromettre le patrimoine culturel et historique à protéger. Diverses idées sont déjà en cours de développement, telles que l’augmentation du flux de résidents – y compris les écoliers et les étudiants – ou la création de services touristiques plus exclusifs à des tarifs plus élevés, mais la nature aléatoire des flux et le risque durable de sous-tourisme devraient sans aucun doute contraindre les gouvernements doivent prévoir des budgets plus appropriés pour conserver et améliorer leurs actifs nationaux. 

Jean-Philippe Perol

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