18 avril, 2024
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Il était une fois le Brésil – Salvador Da Bahia

(Notes en marge sur mon carnet de voyage. J. Baschieri)

« Monde Atlantique, terre magique de brises de parfums dorés. Mers éternelles, poissons légendes et sirènes.

Paradis de peaux brunes qui dansent sous le regard des anges baroques

Marchés populaires, influences africaines et divinités sacrées ».

« C’est le Pau Brasil, le bois couleur de braise aujourd’hui rare, qui a donné son nom au pays.

Pedro Alvares Cabral

Découvert en 1500, le Brésil est né à Bahia et a été baptisé sur la plage de porto Seguro par l’amiral portugais Pedro Alvarès Cabral. Les premiers navigateurs ont été émerveillés de l’exubérance de la nature et par la beauté des indiens, sa population autochtone. Peuplé d’abord le long de la côte, au XVIIème siècle le pays a avancé vers l’Ouest. Au XVIIIème siècle, après la découverte de l’or, le territoire continental s’est déplacé vers l’état de Minas Gérais. A partir de 1763, Rio de Janeiro est devenue la capitale du pays. A la fin du XIXème siècle, l’Empire s’est transformé en République Fédérale. En 1961, la capitale a été transférée à Brasilia en plein plateau central. Il s’agit du point géodésique central des tropiques d’où naîtra une civilisation particulière.

La « Rome Noire » a son histoire, mélange de gloire de larmes et d’amour. Des forteresses, des palais, des églises et des couvents en témoignent obstinément. De son statut de capitale, avant que la cour ne lui préfère Rio de Janeiro, elle a gardé la majestueuse ordonnance de ses places et de ses avenues et un goût de l’opulence qui éclate chez le moindre de ses enfants.

Fraîcheurs des cloîtres tapissés d’azulejos, enchantement des façades multicolores, enjouement d’une population cordiale qui teinte d’ironie sa généreuse exubérance, Bahia est le lieu du monde où le voyageur se sent accueilli, aimé, compris. Il est chez lui prisonnier du charme vivant d’une ville admirable, à l’entrée de la baie de Tous Les Saints parsemée d’îles, baigné par la musique des rues et le chant du vent dans les palmiers. 

 Je suis en retrait à l’arrière du groupe qui s’est étalé sur la place Tomé da Suza.

Un menino (petit garçon), sourire édenté, m’aborde, il m’a entendu parler sa langue avec Jorge, notre guide, et me demande en me fixant droit dans les yeux avec un regard plein de malice, : « tu me donnes un peu d’argent s’il vous plaît ? »

« Pour quoi faire ? (pra que fazer ?)

Et le voilà parti dans une explication où il est question de gamins plus pauvres que lui à qui il a dû acheter des bonbons avec l’argent que sa mère lui avait donné pour acheter du lait pour sa petite sœur.

« C’est bien du lait que tu veux ? »

“ Sim, sim senhor, preciso comprar leite”oui, oui monsieur J’AI BESOIN d’acheter du lait.

Une pharmacie, juste en face en traversant la rue tout près d’une boutique qui vend de la musique. Je prends le gamin par la main et nous entrons dans la pharmacie. Je ne lui laisse pas le temps de parler et transmets moi-même sa demande, accompagnée de mes commentaires, à la « balconista »

Bien sûr elle avait besoin de savoir l’âge de la petite sœur, quelle sorte de lait sa maman lui avait demandé, une grosse boîte, une petite ?

Je le laisse lui donner ses explications bancales. Il ne manque pas d’imagination mais ni la vendeuse ni moi ne sommes dupes, nous nous sourions, je paie et il ressort tout content avec du lait, évidemment, mais du lait concentré sucré (leite moça) et une petite cuillère en plastique rouge.

Il me fait une bise sur la joue et s’enfuit à toute allure. Plus tard en fin d’après-midi je rencontrerai à nouveau ce gamin avec son père…

…Un coup d’œil le groupe est toujours là écoutant les explications de Jorge, d’une fontaine jaillissent des notes de musique et de l’eau.

Le soleil brille sur Salvador, la population métisse marche en dansant et parle en chantant.

Nous sommes dans une ville historique pleine de petites rues en pente entre des églises et des grandes maisons centenaires aux couleurs vives.

Du balcon d’une maison, une bahianaise drapée dans le drapeau brésilien nous gratifie d’un grand sourire et les deux pouces levés nous adresse un salut chaleureux. Alain qui marche à côté de moi fixe sur la pellicule ce geste de bienvenue qui est synonyme de chaleur de toutes les ambiances.

C’est jour de fête au Brésil, anniversaire de la proclamation de la république.

A cause de cette fête notre programme est un peu bouleversé, Avant le départ je discute avec Jorge… « Ce n’est pas la peine d’aller se mettre dans les embouteillages de la ville haute, si tu peux-tu nous emmener au marché populaire du dimanche en passant par le Tique de Ororo, un petit étang sur lequel semblent glisser les statues géantes des orixas. ».

(Les orixas sont des divinités, mélange d’un catholicisme imposé par les portugais et des dieux venus d’Afrique avec les esclaves.

Ces êtres surnaturels sont chargés de guider les humains !Ils ont chacun une spécialité, Omulu, par exemple dieu de la vessie médecin des pauvres, Oxun , Ste Catherine chez nous, la féminité, la beauté, la fécondité et la richesse , Iansà déesse des vents , de la tempête sensuelle et autoritaire…)

…Je dis à Jorge « Ce serait bien de terminer par le mercado modelo, juste avant le déjeuner »

Il me sourit, il sait bien pourquoi je lui demande cela, quelques autres, plus tard le sauront aussi…

…Je connais ce bistrot, enfin si l’on peut appeler ce bout de comptoir un bistrot, c’est mon meeting point comme on dit chez les « grands voyageurs » sauf que moi je n’y conduis et n’y « meet » que des amis, d’abord aucun touriste n’aurait l’idée de s’approcher de ce rade un peu crasseux faut bien le dire, fréquenté par une faune interlope guère plus soignée et par des artistes géniaux mais malheureusement inconnus…C’est là où à mon avis on boit la meilleure Caïpirinha du monde.

A ton avis amigo ?

A l’étage au-dessus se trouve le restaurant Maria de San Pedro, sa fabuleuse moqueca de peixe ses xinxins de galinha ou de peixe régalent tout le monde, surtout les bahianais qui sont très nombreux dans ce restaurant où si vous y parlez le portugais c’est bien mais si vous y parlez français, même incompris vous devenez le meilleur ami du monde. Mais nous sommes attendus au restaurant SENAC, juste à côté du Covento do Carmo…

 …Dans le reflet vert de mon verre de caïpirinha mon imagination vagabonde un instant, à côté de moi Jacques négocie l’achat d’un CD enregistré par un de ces artistes géniaux qui hantent le mercado modelo…

« …Au commencement était un arbre…le Brésil lui doit son nom, après sa mise au (nouveau) monde par les navigateurs latins ; le hasard fit le reste, mêlant quelque caprice aux quatre vents de la découverte.

Il paraît qu’il ne faisait pas beau ce 12 avril 1500 lorsque Pedro Alvarès Cabral vit surgir à l’horizon une terre qu’il prît pour une île. En pieux portugais il baptisa cette terre Vera Cruz…Terre de la vraie croix, longtemps encore l’Europe ne la connaîtra que pour son bois précieux.

Il enflammera l’imagination créatrice de ses artisans, armuriers, tabletiers, et autres marqueteurs, alors sans rivaux dans le monde.

Dès lors, il fallut en pousser plus loin la recherche loin des côtes, dans l’infini de la forêt qu’un seul arbre cacha, des années durant, aux regards des aventuriers prospecteurs : L’arbre qui saigne, connu de longue date comme « bois de brésil » ou mieux « bois brésil ».

Déjà Marco Polo, deux siècles auparavant, lui avait consacré quelques lignes émerveillées à son retour d’Asie, mais bien avant, les Égyptiens, concurrents de l’Europe dans ce commerce mieux que quiconque, savaient quel prix les teinturiers attachaient aux billes de ce bois indien dont ils extrayaient le « rouge de braise » presque aussi estimé que la pourpre à l’orée de l’histoire moderne.

Braise, Brasil, Brésil : le plus vaste état d’Amérique méridionale fut donc voué au rouge dès sa naissance… »

…Beaucoup de personnes sont venues se joindre à nous, tout le monde autour de moi à l’air heureux, mon ami Jacques a réussi à se débarrasser de l’artiste vendeur de CD sans toutefois avoir acheté ce dernier, J’aperçois Jorge à la porte qui me fait signe de le rejoindre…

…Nous nous sommes arrêtés sur des marchés colorés, avons vu les ex-voto a Nosso senhor do BON FIM, Là quelques-uns d’entre nous se sont laissés nouer à leur poignet la « fitinha » petit ruban que l’on doit conserver noué à son poignet jusqu’à ce qu’il se rompe et tombe de lui-même. Ce n’est qu’en respectant cette condition que les trois vœux formulés en secret au moment même où le ruban est noué par trois fois se réalisent…

Je vous laisse deviner un des miens qui est probablement le même que celui que formulent tous les visiteurs à Salvador Da Bahia.

Un magnifique récit de notre poète et écrivain Jacques Baschieri

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