Un aspect prestigieux de l’art précolombien.
Comme les conquistadores qui ont fait fondre les objets d’or, comme les archéologues découvrant un masque funéraire en or dans les tombes précolombiennes, les touristes qui s’émerveillent devant les collections des musées de l’or à Bogota ou à lima témoignent non seulement du prestige de l’or mais aussi de sa puissance intrinsèque.
Le papier monnaie, dollars ou Euros aura sans doute passé depuis longtemps comme feuilles d’automne dans le vent, que nos arrière-petits-enfants iront encore devant les vitrines où se conservera intacte la pensée des métallurgistes et des artistes de l’or indien.
Évidemment cet attrait de l’or a une sorte de mythologie. Ce qui parait le plus touchant c’est la valeur que ce métal confère aux civilisations anciennes qui ont su acquérir et dominer ses techniques.
Sans prendre exemple sur la Colombie qui fut un des foyers les plus remarquables de création artistique, un regard sur le Pérou :
Les relations de voyages, les chroniques d’abord puis l’histoire, la littérature populaire enfin ont imposé l’idée de “l’or des Incas“.
L’archéologie a révélé que la véritable originalité des Incas n’était pas la métallurgie de l’or mais la conception politique de la société, cette évidence scientifique n’a rien changé aux motifs d’admiration que le monde entier porte aux Incas. Est-ce que le monde entier tient jalousement, peut-être même désespérément, à sa naïveté qui se confond avec sa jeunesse ?
Il faut savoir que les Incas n’ont d’aucune façon découvert la métallurgie de l’or. Ils l’ont conquise quand ils ont envahi les peuples voisins. Ils ont connu la plus haute expression de la technique elle-même vers le XIIIème siècle en soumettant les Aymaras, au sud, qui savaient pratiquer l’alliage des métaux. Du coup à l’outillage utilitaire et professionnel s’ajouta toute une floraison d’ornements, de miroirs de bijoux de statues qui décuplèrent l’ambition et la cupidité des visiteurs espagnols…Mais l’or était travaillé sur le territoire de l’ancien Pérou bien avant les Incas, on a trouvé au Guatemala en Amérique Centrale deux disques d’or portant les motifs de la très ancienne civilisation péruvienne de Chavin, l’or aurait donc été travaillé mille ans avant l’ère chrétienne.
En réalité, l’aventure de l’or nous est encore inconnue. Les Indiens d’Amérique du Nord traitaient l’or et l’argent en le martelant à froid et à chaud. Les Mexicains du IVème siècle n’avaient pas d’industrie métallurgique. Les Mayas du premier empire ignoraient le cuivre. On peut supposer que les Indiens d’Amérique du Sud les ont devancés dans la science des métaux et qu’ils ont transporté les premiers objets en or jusqu’en Floride et jusqu’au Mexique. On peut même penser que l’or a été utilisé comme étalon dans les échanges qui étaient de règle avant l’arrivée des Européens…
Pour situer l’origine de cette métallurgie il a été émis l’hypothèse qu’un modeste artisan Karib ou Arawak aurait su réaliser un alliage faiblement oxydable en alliant l’or natif et le cuivre et susceptible d’acquérir par polissage un éclat particulier.
Ce que l’on connaît c’est l’habileté des premiers orfèvres indiens de Colombie qui ont su dorer les métaux, les souder et leur donner une patine. Plus tard, les Chilchas transportèrent leur méthode vers le sud sans doute jusqu’à la côte péruvienne du Pacifique.
Le musée de Bogota garde jalousement les vestiges de l’Eldorado dont tant d’aventuriers de la Guyane à la Bolivie ont cherché à percer le secret. Il y a encore aujourd’hui quelque nostalgie à se contenter de regarder derrière les vitrines les superbes témoignages de cet étonnant empire du rêve qu’est toujours, pour nos générations, l’Eldorado. Mais le rêve c’est précieux et pas seulement pour les poètes.
Les touristes, les visiteurs du musée de Lima demeurent toujours longtemps, très longtemps devant des gants en or articulés, posés sur du velours vert. Ces mains tendues vers eux, vers nous, sorties des siècles disparus, ne défiaient pas que le temps. Elles étaient comme le témoignage de l’orgueil et de l’impuissance de l’homme. Que pouvons-nous faire face à ce geste ?
Si vous avez le goût d’une passagère méditation je vous conseille d’aller vous-même en faire l’expérience.
Jacques BASCHIERI dit “Vinicius”
Itinéraire d’un érudit qui érige la curiosité au niveau de l’art…
Quelques précisions sur les raccourcis de l’histoire.
Merci de ce partage/témoignage
Parceval