16 avril, 2024
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Une destination, une chanson : Belle-ile-en-mer de Laurent Voulzy

Ce fut le duo à l’origine des chansons « vacances en France » des années quatre-vingt. Rien ne m’empêche de dire du bien de Voulzy :  compositeur et beau gosse, sympatoch, copain de Souchon, sympatoch aussi, son parolier. Puis, les Antilles ça fait toujours évasion et farniente, les filles rêvent d’un coucher de soleil avec Voulzy à la guitare, et les mecs secouent la tête, en songeant au large, au rythme lent des Caraïbes.

Il y a du miel dans son phrasé, et de l’eau, beaucoup, dans son imaginaire ponctué d’îles d’un côté et de l’autre de l’Atlantique. Plein d’allitérations dans les références géographiques : Saint-Vincent, Singapour, Ceylan, Ouessant. Des rimes aussi, mais là, détail, elles évoquent des évènements douloureux : France/violence/manque d’indulgence, sentiment/isolement, café/léger/lait mélangé. Corsaire en mer et en terre, solitaire. La biographie de Voulzy en version cartographie affective ; une enfance continentale, loin de la Guadeloupe tant désirée des origines, pourtant révélée par les flots des mots. Effet berceuse assuré.

Belle île en Mer

Cette chanson date seulement de 1985, mais cela paraît une éternité, car on n’est plus habitués à ces rondeurs, ces mélodies douces, ces voix d´hommes roucoulants. Entre temps, il y a eu le tsunami du rap et la houle gigantesque semble avoir fait couler le joli bateau en sucre. Suivi de la vague des crooneurs, mais ce n’est pas pareil, car ça fait vieux mâle emballant les filles avec une voix puissante, loin, très loin de la bohème aux cheveux bouclés de Voulzy. Arrivent ensuite les boys bands, des heures de gym et une série précise de chorégraphies ou l’on sautait (!) beaucoup, enflammés par la frénésie contagieuse des groupies. Qu’on ne vienne pas me dire que les slows de Robin Williams sont comparables à notre Laurent nationale !

Pour s’apaiser et ne jamais arrêter de rêver, on a connu également toute sorte de musiques relaxantes, du zen au chill-out style Ibiza (l’ile aux antipodes de Marie-Galante) en passant par les morceaux spécial méditation, yoga et même dodo. Après, il y a eu les voix féminines, autant sexy que douces, venues du trip hop, de la downtempo, ou de la musique électronique samplée. Sans oublier Carla, la first lady, et ses ballades à la guitare.

Les années passent et Voulzy résiste. Il se bonifie avec le temps, selon certains fans. Tel un rocher breton métissé, il a quelque chose d’intemporellement français, même s’il habite désormais en Angleterre pour ne pas payer d’impôts, selon ses propres déclarations. A moins que le Brexit, tel une tempête qui le vent a semé, ne lui pousse encore une fois loin des îles vers le continent.

C.A.T.

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