Une enquête de la BBC accuse l’ancienne société Cruise Maritime and Voyages (CMV), mise en redressement judiciaire en novembre dernier. Cela aurait été une affaire bien banale et qui arrive régulièrement pour d’anciens navires. Est-ce le Brexit qui leur a fait tourner la tête ? Est-ce la pandémie qui nécessite de trouver d’autres sujets ? L’affaire est mise en avant pour des questions environnementales ?
Les bateaux de CMV avaient été mis aux enchères
Certains se refont une beauté pour accueillir bientôt des passagers. D’autres iront finir leur vie en Turquie ou en Inde. Les métaux sont notamment récupérés et revendus. Il semble, d’ailleurs, que cette récupération soit juteuse car les chantiers de démolition de navires sont relativement nombreux. Pourtant, d’autres chantiers existent au Royaume-Uni et en Europe.
La BBC évoque des déchets dangereux envoyés dans le tiers monde
La chaine britannique indique que « deux navires de croisière britanniques ont été mis au rebut sur une plage indienne. Les navires en fin de vie sont considérés comme des déchets dangereux et il est illégal de les expédier du Royaume-Uni vers les pays en développement ». Une enquête a révélé qu’au moins 13 autres navires, pour la plupart des navires marchands, venant du Royaume-Uni sont arrivés sur les chantiers en Inde, au Pakistan et au Bangladesh depuis le début de 2020.
Les navires devaient avoir une nouvelle vie
HighSeas Ltd a racheté aux enchères le Marco Polo pour environ 2 millions de £. L’entreprise a initialement déclaré que le bateau de croisière serait utilisé comme hôtel flottant à Dubaï. Mais deux mois après l’achat, le navire a été vendu à la ferraille pour environ 4 millions de livres sterling. Le directeur de HighSeas Ltd, Rishi Arggawal, a déclaré dans une interview que « la société avait toujours l’intention de vendre le Marco Polo à de nouveaux propriétaires, mais malheureusement, les acheteurs potentiels à Dubaï ont refusé de prendre livraison du navire ». Une histoire, étrangement similaire, est arrivée pour le Magellan. Le navire devait être utilisé comme hôtel flottant à Liverpool pour le Grand National 2021. La BBC indique : « le navire a été acheté aux enchères par un armateur grec. Les courtiers disent qu’il a été vendu pour la mise au rebut après qu’aucun nouvel acheteur n’ait été trouvé ».
Les navires achetés sont ensuite revendus un peu plus chers dans des chantiers lointains
Des mois après avoir été vendus aux enchères à des acheteurs, ces navires ont ensuite été vendus comme ferraille souvent pour le double du prix. La BBC évoque notamment le Marco Polo et le Magellan. Le Marco Polo a été construit dans les années 1960 et était l’un des derniers navires de croisière océaniques au monde. En 2021, les passagers britanniques devaient être transportés en Amazonie et en Norvège. Malheureusement, le navire a fini sa vie dans le nord-ouest de l’Inde. Le site d’Alang est considéré comme le plus grand cimetière de navires au monde. Chaque année, environ 800 navires arrivent en fin de vie et doivent être démantelés et recyclés.
Pourquoi ces bateaux n’ont pas été démantelé au Royaume-Uni ?
La BBC indique que ce travail aurait pu être effectué au Royaume-Uni (il existe 3 chantiers de démolition de navires) et dans d’autres chantiers de démolition agréés par l’UE. Au total, il y aurait 40 sites, dont 31 dans les États membres de l’UE avec la Norvège et l’Irlande. En dehors de l’Union Européenne, il y a deux sites en Turquie et un aux États-Unis. Cependant, environ 70% des navires du monde se retrouveraient dans des pays du tiers monde pour des questions de rentabilité. Malheureusement, les conditions sanitaires y sont déplorables.
Obligation de recyclage dans les sites agréés
Un règlement européen, entré en vigueur le 1er janvier 2019, rend obligatoire le recyclage des navires battant pavillon européen dans des sites agréés par Bruxelles. Cette liste, qui valide un démantèlement effectué dans des conditions respectueuses des emplois et de l’environnement, a été établie pour la première fois en décembre 2016. La dernière version a été publiée au JO de l’UE le 11 novembre dernier.
Les ONG tentent de protéger les droits des travailleurs des chantiers
Les ONG et les groupes locaux de défense des droits des travailleurs, restent préoccupés par le taux élevé d’accidents et la faible sensibilisation aux maladies professionnelles dans les chantiers comme celui d’Aliaga en Turquie. En Asie du Sud, l’organisation syndicale reste faible.
