29 mars, 2024
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Décryptage : Atelier IFTM sur l’avenir du transport aérien français

Nous avons déjà donné notre avis concernant l’Atelier sur les tour-opérateurs. Aujourd’hui, nous nous penchons sur l’Atelier sur le transport aérien français. Il ne s’agit pas de critiques mais d’un décryptage sur les questions, les réponses et ce que nous aurions souhaité voir ou entendre.

François – Xavier Izenic – animateur des Ateliers IFTM Top Resa

Une organisation plutôt bonne !

L’organisation de ces Ateliers est toujours très professionnelle. C’est agréable. On peut visionner aisément sur la chaine YouTube de IFTM. Le décor fait un peu penser à un jeu télévisé avec un petit comptoir où chaque participant doit répondre aux questions de l’animateur. Ceux-ci ne gagnent pas d’argent mais au moins ils se font connaître … même si la plupart sont déjà connus, au moins dans la profession ! François-Xavier Izenic, excellent journaliste, aura été (selon nous) plus mordant durant cet atelier.

Des participants connus

Marc Rochet, patron d’Air Caraïbes et French Bee. Il faut bien reconnaitre que se fut le bon client ! Nous trouvions également Pascal de Izaguirre, patron de Corsair et Zoran Jelkic, directeur général France chez AF-KLM. On le connait moins et pourtant il est dans le groupe depuis 1997. Il a même travaillé chez Air Inter entre 1995 et 1997 avant que la compagnie soit fusionnée. Comme pour l’Atelier des Tour-opérateurs, il n’y avait aucune femme. Pourquoi ?

Un démarrage dans la douleur

La citation d’Alexandre de Juniac, ex patron d’IATA : « les livres d’histoires retiendront 2020 comme la pire année financière du secteur ». FX Izenic évoque 100 milliards de pertes, un trafic en baisse de 66%. Tous les professionnels étaient d’accord pour confirmer que 2021 sera également très mauvaise.

Corsair a été sauvée in extremis. La compagnie doit encore effectuer des restructurations. Pour 2021, Corsair n’était pas optimiste. Il n’y a donc pas de surprise!

Air France : un chiffre en baisse de 60%. Anne Rigail, la directrice générale avait indiqué : “Air France n’est pas immortelle ». Pour 2021 Zoran précise que la compagnie a la chance d’avoir « des poches de trafic » sur le trafic domestique, sur les Dom et sur l’Afrique. Air France garde 50% de ses liaisons long-courriers surtout grâce au fret qui retrouve les chiffres de 2019.

Air Caraïbes : Marc Rochet insiste fortement sur le fait que la compagnie n’est pas aidée contrairement à Air France ou Corsair. Malheureusement, le renforcement des fonds propres avec l’arrivée de CMA-CGM ne s’est pas réalisé. Cependant des discussions ne cessent pas entre les deux groupes.

On revient sur les chiffres

IATA a annoncé 33 à 38% : le trafic aérien mondial en 2021 (vs 2029)

Pascal de Izaguirre confirme l’effondrement du trafic aérien. Cependant le fret sur les 4 premiers mois de 2021 est supérieur à l’ensemble de 2020. La compagnie a fait une croix sur Février et Mars. Pas de booking pour le moment sur les prochains mois.

Zoran Jelkic indique que le trafic affaire a subi un impact fort. Les comptes « corporate » utilisent d’autres moyens pour des réunions commerciales.

Marc Rochet : il évoque 30% des capacités. Une première escarmouche : « nos avions volent que si la marge est positive. Ce n’est pas le cas pour tous ». Il précise : pas de vision sur Avril et Mai ; par contre des réservations arrivent pour l’été

Le certificat vert ou le digital green pass

Tous les invités sont d’accord pour qu’on mette en place au plus vite ce certificat. Marc évoque plusieurs sujets intéressants : la nécessité d’avoir une authentification des certificats. Actuellement, les faux test PRC sont très nombreux. Un petit coup de gueule : « tout est très compliqué. Des règles différentes pour les passagers sur la Réunion ou les Antilles. Les superstructures étatiques sont largement responsables de ces complications (il n’a pas tort).

Que sera 2021 ?

Pascal de Izaguirre parle du « revenge travel ». Les clients repartiront dès que les autorités le permettront. Tout le monde en a « ras le bol » des restrictions (restos, déplacements, loisirs). Les vannes vont s’ouvrir. L’adaptation est plus que nécessaire. Les mois d’Avril – Mai – Juin seront sûrement à oublier. Très optimiste sur les mois de Juillet – Août – Septembre.

Marc Rochet : Il parle d’un scenario déjà vécu en 2020. Avril et Mai sont également à oublier. Il évoque une reprise au 15 Juin. Il parie, comme beaucoup, sur l’accélération de la vaccination.

Zoran Jelkic : il évoque une disparition de 20 à 30% de la classe affaire. Une précision importante : 50% des passagers qui voyagent en classe avant ne sont pas des voyageurs d’affaires !

La guerre des prix ?

Pascal de Izaguirre craint une surcapacité excessive sur certains axes. Il souhaiterait que chacun soit raisonnable ????. Il mentionne avec raison l’augmentation du carburant.

Marc Rochet : est en grande forme : « je n’aime pas cette expression guerrière ! Le client attend le juste prix ». Nous avons toujours parfaitement géré la compagnie et donc la gestion des coûts. Cependant, nous devrons avoir le prix qui conviendra aux clients.

Rupture entre les clients et les compagnies qui n’ont pas su répondre aux vols annulés et aux demandes de remboursement

Marc Rochet évoque avec raison un tsunami sur le transport aérien qui s’est arrêté en l’espace de trois semaines. Il a quelques difficultés à admettre que les compagnies aériennes n’ont pas été vertueuses dans ce domaine. : « nous ne sommes pas honteux ! ». Peu de compagnies ont fait défaut, notamment en Europe. Il fustige une réglementation qui aurait pu être adaptée à la grave crise. Il n’hésite pas à jeter l’anathème envers les agences en ligne (OTA) : « la plupart sont injoignables pour des questions de remboursements. Elles ne se sont pas organisées ».

Demain quelle reprise ?

Pascal de Izaguirre : nouveau positionnement car nouveaux actionnaires. Les objectifs sont sur les Antilles et la Réunion. Il faut signaler un renouvellement de la flotte.

François Xavier Izenic demande si la crise sonne le glas des low-cost long-courriers

Pour Marc Rochet, la réponse est claire, c’est l’inverse ! Si on évoque Norwegian, cette compagnie ne pouvait être considérée comme une low-cost avec la multiplication des type d’avions et des achats non raisonnables.

Pour Zoran, Transavia tient toute sa place au sein du groupe en court et moyen-courriers. Le changement est inévitable en France dont les lignes d’Air France avaient un foyer de pertes important. Il signale que le TGV est un concurrent redoutable. Les coûts chez Transavia sont comparables à ceux d’easyJet. (Personne ne veut parler de Ryanair).

Les tendances d’après crise

Pascal de Izaguirre : il y aura deux temps : dès la reprise les gens vont vouloir voyager. La pression sur le CO², cause du réchauffement climatique arrivera après. Corsair continue à moderniser sa flotte. Avant de critiquer les compagnies aériennes, les gouvernant doivent revoir la fiscalité du bio-carburant.

Chez Air France, on travaille sur le sujet environnemental depuis 15 ans. Il y a de forts engagements de réduction de 50% du CO² à l’horizon 2030. Les grandes entreprises ont des responsabilités sociétales. Elles veilleront sur les voyages d’affaires.

Pour Marc Rochet : il est clair que les compagnies low-cost s’en sortent mieux. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Il précise avec raison que le terme low-cost est galvaudé. Il s’agit de compagnies aériennes qui ont un même type d’appareil et effectuent du point à point. Le client reste demandeur de prix. « On n’a pas abordé la flexibilité donnée aux clients ». « Aujourd’hui, les passagers ne réservent plus six mois avant. Ils prennent des engagements à peine 6 à 8 semaines avant » (les clients ont été échaudés par les bons à valoir). Avec franchise, Marc que le transport aérien français doit faire des efforts et pour le moment ce n’est pas brillant. Les Assises du transport aérien ont été extrêmement décevantes. « Que les politiques ne s’en mêlent pas trop et laissent les professionnels se transformer »

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1 COMMENTAIRE

  1. Article très intéressant qui témoigne hélas de la gravité du désastre économique pour l’aérien . Mais pourquoi diable attendre pour mettre en place ce Digital Green Pass?

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