20 avril, 2024
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Une destination, une chanson : Rimini de “Les Wampas”

Si, comme Didier Wampas, vous êtes fan de cyclisme, cette chanson rock en hommage à Marco Pantani vous interpellera sans doute. Surnommé « le pirate », le vainqueur du Tour de France 1998, connut sa déchéance l’année suivante, lorsqu’il fut interdit de fin de Giro qu’il était sur le point de remporter. Le début d’une fin de carrière qui le fera tomber dans la solitude et la dépression avant qu’on le retrouve mort d’overdose en 2004 dans une chambre d’hôtel à Rimini, un lieu de villégiature très populaire sur la côte adriatique italienne.

Déjà, en 1997, les Wampas avaient dédié une chanson à Laurent Jalabert, né dans le Tarn, un département que, visiblement, ne dérangeait pas le chanteur du groupe. La laideur de Rimini, par contre, fut pour lui une source d’inspiration. Que les fans d’Hugo Pratt (le « père » de Corto Maltese) et de Federico Fellini lui pardonnent, et nous aussi, mais Rimini est un peu l’équivalent de Palavas-les-Flots en France, c’est-à-dire, une station balnéaire sans charme.

On peut, sans grand effort, la qualifier de ville grise et sans âme avec son cortège interminable de voitures, sa mer de béton, son océan de parasols, son bord de mer cheap composé de discothèques, de restos et de boutiques vulgaires, bref, de parc d’attractions pour tourisme de masse. Idem pour ses proches voisines comme Riccione et Cattolica ou encore Milano Marittima, station du littoral nord de la région Romagne proche de la ville de Ravenne qui veut se positionner dans l’accueil d’un tourisme plus élitiste (bof, c’est la plage où s’affiche sans complexe Matteo Salvini, leader de l’extrême droite italienne et grand copain de notre blonde nationale).

La sociologue et urbaniste nord-américaine Elizabeth Currid-Halkett, auteur de The sum of small things: A theory of the aspirational class, mettrait ce type de jugement sur le comportement d’autrui sous la recherche ambitieuse d’exclusivité même dans les voyages. Beaucoup de gens sont satisfaits lorsqu’ils atteignent une destination où il n’y a pas d’autres compatriotes, comme si c’était une indication de leur capacité à identifier des lieux en dehors des circuits et des saisons touristiques hors vacances scolaires.

Rimini fait office de contre-exemple : ses vacanciers ne veulent pas se sentir comme des voyageurs, ils assument pleinement le fait d’être des touristes provinciaux ordinaires. Pantani, aura-t-il donc choisi de s’en aller sur place, éloignant ainsi toute possibilité d’être associé à une bourgeoisie qui aurait souhaité une fin plus élégante et viscontienne dans une mort à Venise ? Didier Wampas, lui, n’a pas la réponse. Juste la rage devant la perte d’un excellent grimpeur et d’un champion très populo. Pantani positif au dopage et décédé suite à une forte dose d’anti-dépresseurs et de cocaïne a tout d’une rock star admiré d’un côté et de l’autre des Alpes.

C.A.T.

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