12 octobre, 2024
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Élections régionales : demandez l’programme tourisme ! Il y a quelques surprises !

Depuis les 1ères lois de décentralisation de 1983, les régions sont clairement consacrées comme des acteurs clés de la politique touristique hexagonale. Alors que la campagne électorale bat son plein, il parait intéressant à trois semaines du scrutin régional de s’arrêter sur les projets « tourisme » des onze candidats en lice pour gouverner la toute première destination mondiale qu’est l’Ile-de-France.  

Premier constat : naviguer sur les sites de campagnes des écuries politiques pour trouver les éléments du programme « tourisme » relève parfois des mêmes difficultés que l’organisation d’un voyage à l’autre bout du monde en pleine épidémie de Covid ! Certains ont bien bossé la question touristique, d’autres sont par contre déjà partis en vacances…

Extrêmes touristes

Parmi les bonnets d’âne de la question touristique – zéro pointé aux partis situés aux extrémités du spectre politique ! Clémentine Autain (La France Insoumise – Parti Communiste Français) n’en pipe mot sauf pour mettre en lumière l’« écart colossal de richesses entre  banlieues populaires et les centres d’affaires et de tourisme ». De son côté, Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière) tire à boulets rouges sur les suppressions d’emplois à Air France et Aéroports de Paris sans pour autant présenter de projet relatif au repos, aux loisirs et vacances des travailleurs-travailleuses… Sous les pavés, pas de plage ! Quant au Rassemblement National de Jordan Bardella, nichts, لا شيئ, nothing, nada, niet, שום דבר,  niente, rien de rien ! Du reste, ce jeune candidat ne possède même pas de site de campagne qui présenterait un quelconque programme général…Que tchi du gamin frontiste ! Même pas un p’tit coup de préférence national…

Citoyens vacanciers

Côté listes « citoyennes », Lionel Brot de « France Démocratie Directe » affirme que « Décider ensemble est notre plus grande liberté » mais décider de quoi, ça, on ne saura pas… Eric Berlinger se contente pour sa part de présenter la candidature de l’« Union des Démocrates Musulmans de France » pour « ne pas islamiser le débat »…CQFD. Fabila Conti du mouvement pan-européen VOLT fait quant à elle son dada du développement du tourisme cyclable, veut soutenir (comment ?) les bistros (santé !) tout en créant de nouveaux Chèques Vacances. C’est original…

On se dit alors que du côté des grands partis politiques, on va enfin trouver du lourd.

Un plan plan-plan…

Et bien non, en tout cas pas du côté de la présidente sortante Valérie Pécresse (Les Républicains) ! Ses 12 pages de bilan d’un mandat de « 5 ans de combats » ne mentionnent en une dizaine de mots à peine que les « aides versées au secteur de l’évènementiel, du tourisme et de la restauration » (merci tout de même pour ces coups de pouce durant l’année écoulée). A croire donc que les actions du Comité Régional du Tourisme (CRT) n’ont été que quantité négligeable durant son mandat…Nous savons pourtant qu’il n’en est rien. Coté programme, le mot tourisme n’apparait que deux fois dans son projet de 24 pages en précisant vouloir créer 5000 stages « volontaires du tourisme » pour l’accueil des touristes sur les grands sites franciliens. Voilà, sinon, rien d’autre à se mettre sous la dent. Gageons que sa marotte et long développement sur les questions de sécurité (des Chinois inclus ?) et des transports (pour touristes aussi ?) auront quelques effets sur la qualité de l’expérience touristique en Ile-de-France…

A gauche, on phosphore !

Sa principale concurrente, Audrey Pulvar (Parti Socialiste), démontre en revanche avoir davantage fait cogiter ses troupes sur le sujet. Le deux pages spéciales tourisme de son programme décrivent vouloir « réinventer la destination Ile-de-France » et en faire la « première destination d’écotourisme participatif au monde ». Sa boite à propositions comprend notamment une opération « Sac Ados » pour garantir un droit aux vacances pour tous, la création d’un « Fonds de transition écologique du tourisme », la constitution d’une « foncière commerciale » permettant un portage pour les établissements faisant face aux spéculations immobilières, … Le CRT aurait donc du pain sur la planche pour s’adresser à de nouvelles clientèles (reconquête des touristes français, appui aux colonies et classes découverte…), dans de nouveaux sites (créations d’un éco-camping en petite couronne et d’« auberges de famille »…) et avec d’autres leviers. Parmi ceux-là, le renforcement du réseau des « greeters » du tourisme participatif ou encore la création d’un label « Expérience Paris-Ile de France » pour les « structures proposant des expériences alternatives, solidaires ou écologiques, dans le champ de l’artisanat d’art, de la gastronomie, du tourisme de mémoire ou du « tourisme lent ». Concernant le tourisme d’affaires, une aide exceptionnelle, à l’organisation du premier évènement, est envisagée, un accompagnement à la recapitalisation des sociétés, ainsi qu’un appui à la mutation digitale des équipements de salons et congrès. 

L’avion, pas bien !

Les écologistes menés par Julien Bayou ont aussi quelques idées sur le sujet considérant qu’un « véritable travail de fond doit être engagé pour réduire notre dépendance aux voyages internationaux et entamer la transition vers un tourisme durable ». Pour verdir ce secteur, leur programme vise la réduction du  tourisme de masse basé sur le trafic aérien et donnerait un clair mandat à l’agence Visit Paris Region (CRT) pour concentrer ses efforts sur les clientèles franciliennes, le tourisme rural, durable et inclusif…Les jeunes franciliens de moins de 27 ans se verraient subventionner l’achat d’un pass Interrail et des chèques Eurovelo pour faire rayonner en Europe les valeurs de cette « région-monde » qu’est l’Ile de France… Autre écologiste en lice, Victor Pailhac (Révolution Ecologique pour le Vivant) anticipe déjà la « disparition du travail en raison du développement des intelligences artificielles ». Le temps libre, voilà LA véritable clé du développement de l’économie touristique !

Et en même-temps…

Enfin, last but not least, Laurent Saint-Martin de la majorité présidentielle (La République en Marche) affirme avec grandiloquence dans son « grand Plan Marshall » (encore un !) vouloir rattacher avec ambition un « Pass Touristique régional » à la carte « Envie-d’Ile-de-France » avec des tarifs préférentiels pour les transports et les musées. Parce que c’est son projet…

Bref, en matière de programme touristique pour l’Ile de France, ça a cogité à gauche avec des idées et des stratégies nouvelles, alors que la droite et le centre n’ont pas encore bien ficelé leurs devoirs de vacances et que les extrêmes bullent depuis longtemps sur la plage… Y-a-t-il des points communs entre les onze candidats ? Oui : aucune liste n’aborde la question de la valorisation touristique des JO de 2024. Aussi,  l’évolution touristique de l’est francilien (Disneyland Paris, Village Nature, Val d’Europe,…) qui foisonne pourtant de tant d’emplois et de projets  de développement n’intéresse absolument aucune des onze têtes de liste…Certains candidats prendraient-ils les électeurs pour des Mickey sur les questions touristiques ?

Philippe Mugnier-Eté

http://philippemugnier.fr

www.attract-pr.com

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