25 avril, 2024
spot_img

Chine – Xinjiang : le grand dilemme des marques de mode est identique à celui du tourisme

Il y a quelques semaines, les médias occidentaux se délectaient des prises de positions de grandes marques de vêtements. Il s’agissait de dénoncer le supposé travail forcé au Xinjiang dans la production de coton. Depuis, plusieurs grandes marques ont retiré leurs affirmations compte tenu du risque de boycott des consommateurs en Chine. L’activité touristique est également confrontée aux mêmes dilemmes.

Quand le monde est entrainé par le duel entre les Etats-Unis et la Chine

Il n’y a pas de répits dans les accusations fondées ou non contre la Chine. Le premier à faire l’actualité est la provenance du Covid19. On peut citer pêle-mêle : les dépenses pour la nouvelle « route de la soie », Huwei et la 5G, la reprise en main d’Hong Kong, la reprise de Taïwan, le piège de la dette pour des pays pauvres … Soyons certains qu’il y en aura d’autres.

La campagne sur le traitement des ouïgours

Il s’agit de la dernière d’une série de violations présumées des droits humains contre les Ouïgours et d’autres groupes minoritaires musulmans de la région. Des accusations que Pékin nie avec véhémence, insistant sur le fait qu’il s’agit de mensonges fabriqués par des forces antichinoises. La tempête internationale croissante sur le travail forcé risque d’être oubliée pour plusieurs raisons

Chaînes d’approvisionnement opaques

Le New York Times a rapporté que bien que de nombreux détaillants se soient engagés à cesser d’utiliser le coton du Xinjiang, leurs promesses pourraient être difficiles à tenir. La Chine exporte du coton non transformé vers plus d’une douzaine de pays, et bien sûr aux plus grands producteurs de vêtements au monde.

Le suédois H&M avait été un des premiers à évoquer « une préoccupation »

H&M, la plus grande entreprise de vêtements au monde, a été la première entreprise prise au piège lorsque la Ligue de la jeunesse communiste, une division du Parti communiste chinois, a partagé une déclaration de H&M vieille de plusieurs mois sur la plate-forme de médias sociaux chinoise Weibo. En septembre 2020, H&M avait déclaré qu’elle n’utiliserait plus de coton du Xinjiang dans ses produits et qu’elle était “profondément préoccupée” par les informations selon lesquelles la Chine aurait utilisé des pratiques de travail forcé parmi la population minoritaire ouïghoure du Xinjiang.

Désormais, H&M ne veut plus en parler… sur son site web en Chine

Les médias chinois s’étaient emparés de cette affaire. Les plateformes de commerce électronique avaient retiré les produits H&M de leurs plateformes et les célébrités chinoises avaient rompu les liens avec la marque. Les emplacements des magasins H&M auraient même disparu des applications cartographiques en Chine. En réponse, la déclaration originale de H&M sur le travail forcé au Xinjiang aurait été effacée pendant un certain temps de son site Web. Le groupe affirme : « H&M respecte les consommateurs chinois comme toujours », indique le nouveau communiqué de H&M sur Weibo. « Nous nous engageons à investir et à développer à long terme en Chine »

Les autres fabricants célèbres ont dû se rétracter

Des appels au boycott similaires ont rapidement frappé d’autres grandes marques de mode comme Nike, Zara, Burberry, Adidas ou Gap alors que les internautes et les médias déterraient leurs déclarations concernant les informations faisant état de travail forcé au Xinjiang. Le choix économique a été bien plus important pour toutes ces marques car la Chine est devenue un marché capital.

La Chine : les grandes marques ne peuvent plus se passer de ce marché

La Chine est en passe de devenir encore plus critique pour leurs résultats. La consommation intérieure chinoise devrait doubler d’ici 2030, selon Morgan Stanley, pour atteindre 10,7 milliards d’euros. C’est autant que les consommateurs américains dépensent aujourd’hui. Ainsi, les marques occidentales devront sûrement être à l’avenir plus prudentes. Cela conduira également à des messages plutôt contradictoires de la part de certains détaillants.

La marque italienne Fila ouvre sa plus grande boutique au monde à Pékin !

Fila, a son siège est en Italie mais elle est contrôlée par des coréens. En Chine, c’est Anta Sport qui détient les droits. Du côté Fila en Italie, ils ont déclaré qu’il révisait leur chaîne d’approvisionnement après avoir vu des informations faisant état de travail forcé au Xinjiang en 2020. De son côté, Fila China a déclaré dans un communiqué sur Weibo : « FILA China a toujours acheté et utilisé du coton produit en Chine, y compris dans la région du Xinjiang ». En attendant, la marque installe son plus grand magasin au monde à Pékin

Un mégastore de 1 700 m²

Ouvert au centre commercial APM, le mégastore Fila s’étend sur trois étages. Baptisé “Fila Sport Fashion House”, il a été conçu pour associer l’ADN italien de la marque à la culture, à l’esthétique et à l’architecture locales de Pékin. Cette ouverture coïncide avec le 110e anniversaire de la marque.

Une bonne réflexion pour le tourisme

Qui n’a pas eu, à un moment donné, le souhait de boycotter une destination ? Il serait bien d’avoir votre avis sur la question. Il est clair que la « méconnaissance de l’autre et le repli sur soi n’apporte jamais rien de bon. » Quel que soit notre choix, il paraît essentiel que de voyager en connaissance de cause. Il est donc important de se documenter dont notamment sur Reporter Sans Frontières. La réponse n’est ni toute noire, ni toute blanche.

« Nous poser la question est la première étape pour donner plus de sens à notre voyage. Prendre le temps de la réflexion nous évitera peut-être d’aggraver bien des situations. Enfin, garder à l’esprit que nous avons la chance de nous retrouver face à ce choix, nous permet de ne pas oublier que souvent, beaucoup ne l’ont pas »

A découvrir dans la même catégorie..

1 COMMENTAIRE

  1. C’est un vrai dilemme en effet.. En poste de directrice de production chez Akiou filiale de Wagons Lits pendant les événements de Tien An Men la tentation fût grande au nom de l’éthique de boycotter la Chine en annulant tous nos circuits cette année là . On ne pouvait nier l’inacceptable comportement des autorités de Pékin qui une fois de plus, avaient bafoué les Droits de l’homme.. Puis je ne sais si c’est par intérêt purement mercantile ou après réflexion réellement philosophique, mais la direction des wagons lits a réussi à nous convaincre qu’en boycottant les voyages vers la Chine nous privions la jeunesse intellectuelle du pays de contacts avec l’extérieur et que nous l’ isolions encore davantage dans les griffes de la dictature.
    Il faut dire que la production d’Akiou sur cette destination representait pres de 35 %de son chiffre d’affaires !
    Aujourd’hui je serais bien embêtée d’avoir a choisir une telle décision.. Le regime de Xi Xiping est sans doute un des pires qu’ait connu l’empire du Milieu et sa politique expansionniste déguisée ou pas, en Asie du Sud-est, à Hong Kong, en Mongolie, au Xinjiang, au Tibet qu’il est impardonnable d’oublier, et en Afrique n’a rien a envier à celle de l’empereur Qin Shihuangdi.. La Chine est une destination fabuleuse à l’histoire passionnante et son peuple magnifique mais on ne peut pas faire comme si tout cela n’était pas grave et trouver des excuses ou pire fermer les yeux devant la première puissance économique mondiale en devenir tres proche. Je crois que finalement c’est aux voyageurs eux mêmes de décider en leur âme et conscience..

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

L'Actualité du jour