24 avril, 2024
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Une destination, une chanson : Vancouver de Véronique Sanson

La femme au piano. Cela pourrait être le titre d’un tableau. Pourtant, c’est la première image qui me vient en tête lorsque j’évoque certaines chanteuses françaises de la fin du siècle dernier. Une habitude convenue et bourgeoise, rudement scolaire ; je vois un tas de filles de bonne famille auxquelles on fait apprendre le solfège et le plus « complet » des instruments. Des grands appartements de ville avec des pièces peu meublées en enfilade, sombres et froides. Et, à la fin du couloir, un grand piano à queue et une fille vue de dos, raide, pâle. Un minimalisme inquiétant, frôlant le sinistre. Et l’ennui mortel, ça va sans dire.

J’imagine une Barbara dans ce type d’ambiance, ma mémoire visuelle et auditive le conçoit bien et ça me conforte. Par contre, je peine à associer la sobriété du piano aux chanteuses que je classerais comme « d’orchestration ». Une Catherine Lara, une Véronique Sanson, une Françoise Hardy même, dans ses heures moins intimistes. Pas suffisamment introspectives pour chanter comme la dame brune, pas assez désinvoltes ou éblouissantes pour magnétiser les foules telle une Dalida.

Hardy avait beau jouer l’émancipée à côté du macho fumeur de cigares ; Lara, le féminisme et l’ambiguïté sous son casque de cheveux blancs ; Sanson osait des tailleur-pantalon aux paillettes et son meilleur brushing… elles évoquent pour moi des clichés irrémédiablement ternes. Dans le lot, Birkin sauvait la mise grâce à son côté éternellement décalé qui entretient toujours le doute si elle le fait exprès ou pas. Puis, elle n’a jamais su chanter, ce qui change tout.

Est-il bien nécessaire ce long prélude pour présenter Vancouver ? Pourquoi tant de verbe sur un morceau plutôt banale qui parle des années américaines de Véronique Sanson, lorsqu’elle voguait des deux côtés de l’Atlantique à la recherche d’un public, d’un mari et, sans doute, d’elle-même en tant qu’artiste ? C’est que ce titre autobiographique sorti en 1976 connut du succès en France, même si à l’époque elle vivait dans le Colorado avec le musicien nord-américain Stephen Stills du groupe Crosby & Co. La chanteuse a fait depuis pas mal de chemin et devenue moins sage, des expériences qui, aux yeux de certains, l’ont rendue plus mûre. Les « vapeurs de l’alcool » et les mauvaises fréquentations des « gens de la nuit » semblent l’accompagner depuis le port de l’ouest canadien jusqu’aujourd’hui, d’après ce qu’elle communique publiquement et régulièrement sur sa vie privée.

Vancouver

J’avoue avoir du mal à apprécier la voix de cette interprète et à associer Vancouver aux paroles de sa chanson. Ma méconnaissance de la ville canadienne me laisse dépourvu d’un imaginaire plus fertile, elle est encore dans ma « to do » liste et un jour j’y irai peut-être. Peut-être aussi que, comme la Sanson, je suis un peu has been, et que je fais encore appel à la musique comme déclencheur pour un prochain voyage, à l’heure où le tourisme sur les lieux de tournage des séries fait rage. Pour l’heure, je souhaite que le nom de Vancouver rime toujours avec découverte et non avec souvenirs amers.

C.A.T.

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2 Commentaires

  1. vous êtes passé à coté de cette artiste(Sanson) ,bêtement comme votre propos qui sous couvert d’être un avis , est un jugement ….qui n’intéresse personne en fait . j’aimerais bien savoir si vous avez connu le Caire du temps de Dalida …et s’il y a toujours besoin de similitude entre des lieux et des artistes si différents .

  2. Un long prelude superbement bien écrit.. Moi j’aime la voix de la Sanson et cette chanson ne m’a pas laissé de souvenirs amers.. En tous les cas dès que Vancouver ne sera plus dans votre liste ” to do”, je serai ravie de découvrir sous votre plume ce port que je ne connais pas. ????

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