29 mars, 2024
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Une destination : une chanson : River de Joni Mitchell

Il y a tout juste 50 ans, l’auteure-interprète canadienne Joni Mitchell sortait Blue, le quatrième et le plus populaire de ses albums, où elle chantait ses histoires d’amour avec les musiciens Graham Nash et Leonard Cohen. Souvent associé aux fêtes de Noël, le titre River raconte d’une rupture amoureuse et d’une femme qui veut désespérément échapper à son chagrin pendant la séparation qui a lieu pendant les vacances de fin d’année.

Bien que la plupart des chansons de Noël soient légères et superficielles, River est une ballade triste qui commence par la description d’une version commerciale de Noël à Los Angeles (ou la chanteuse vivait à l’époque), puis le juxtapose avec l’image d’une rivière gelée du Canada « Noël ici me fait tomber dans la déprime » dit-elle dans le premier verset, puis « Oh, j’aimerais avoir une rivière sur laquelle pouvoir patiner » préférant tomber dans un paysage familier dont elle se souvient.

En janvier 2000, le New York Times choisit Blue comme l’un des 25 albums ayant représenté des tournants dans la musique pop du 20e siècle. En 2020, il a été élu troisième plus grand album de tous les temps par les critiques et les musiciens dans un sondage du magazine Rolling Stone, dépassant Abbey Road des Beatles, Nevermind de Nirvana et Thriller de Michael Jackson.

A l’époque Mitchell avait seulement 27 ans, mais elle parlait déjà avec une honnêteté accablante d’amours frustrés, de douleur et de perte, ouvrant la voie aux paroles tristes pleines de poésie et de témoignages personnels qui n’étaient pas l’apanage des rock star du moment. Elle vivait une romance orageuse avec James Taylor, un autre musicien qui collabore également dans l’album. Blue explore les différentes facettes d’une jeune femme belle et talentueuse, bien décidée à vivre sans autorisation une liberté amoureuse et sexuelle que la scène rock ne réservait alors qu’aux hommes, réaffirmant le droit des femmes de choisir, même au prix du déchirement affectif.

River est l’un des titres centraux de l’album, inspiré de la courte histoire d’amour avec Graham Nash, qui quitte la jeune Joni pour s’éloigner de son influence musicale. Nash était à l’époque une référence dans l’univers du rock. Au début des années 60 en tant que leader de The Hollies, le meilleur groupe beat de Manchester et plus tard en tant que membre du quatuor folk historique qu’il a formé avec Dave Crosby, Stephen Stills et Neil Young, un groupe mythique du printemps hippie de Woodstock.

Mais tout comme River reflète son autonomie au-delà de Nash, les critiques avertissent aussi que la chanson A Case of You, un autre classique des ballades « que l’on écoute quand on a le blues », parle de la relation brève et profonde que Joni eut avec son compatriote Leonard Cohen, le regretté poète, romancier et auteur-compositeur-interprète décédé en 2016.

En fin de comptes, River est l’une de ces chansons, comme tant d’autres, qui vous remplissent d’émotions au point d’éclater en sanglots. Pour moi, elle exprime à merveille la situation de quelqu’un pris dans un contexte où tout le monde est heureux et festif, pendant que l’on traverse la fin d’une relation et que l’on n’arrive pas à s’y détacher. On veut juste échapper à tout… et patiner sur une rivière glacée et infinie.

C.A.T.

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