28 mars, 2024
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Sommet Destination France : comment ne pas émettre quelques doutes sur ce beau spectacle ?

Fébrilement attendu par les acteurs du tourisme qui commencent seulement à voir le bout du tunnel, le sommet destination France organisé par JB Lemoyne aura permis de montrer que Emmanuel Macron en personne s’intéressait désormais au secteur et était prêt à une nouvelle stratégie appuyée sur de nouveaux investissements en terme de produit et de réels moyens de promotion. 

Il va falloir attendre les annonces réelles

Recevant et écoutant de grands patrons français et internationaux, le Président aura également montré sa volonté de profiter de la relance pour renouer avec une politique de partenariat public/ privé qui fut pendant longtemps l’une des caractéristiques les plus enviées de la politique française du tourisme.

Au-delà de ce message positif, et dans l’attente d’un plan que le premier ministre est chargé de détailler, les premières annonces, tant sur la stratégie que sur les actions, laissent en revanche beaucoup de doutes quant au chemin qui semble avoir été choisi.

Devenir un des leaders du tourisme durable

Sur la stratégie on regrettera sans doute qu’alors qu’il est clair que le monde du tourisme post covid sortira très différent de la crise, tant au niveau des attentes des voyageurs, des services à leur offrir et des circuits de distribution à leur proposer, la seule nouveauté annoncée soit la volonté de devenir les leaders mondiaux d’un tourisme durable dont les contours sont encore bien flous.

Des invités bien particuliers

Le grand nombre de partenaires invités a entraîné quelques curiosités, comme la présence de Blablacar, ou celle de fournisseurs venus non pas pour apporter des moyens mais pour retirer de l’argent public. Et si Accor a été mis en valeur à la hauteur de son poids dans notre économie touristique, on regrettera la discrétion d’Air France qui fut longtemps le moteur de la promotion du tourisme français et que la prévisible baisse des voyages d’affaires va pourtant l’obliger à revenir vers le tourisme et la destination France.

Des doutes sur le hub de la destination

La volonté de renforcer la force du hub de la destination est louable, on peut cependant se demander si elle est vraiment compatible avec la politique de restriction des vols Paris/ Province qui va au contraire favoriser les hubs de nos concurrents non soumis aux mêmes contraintes.

Un slogan paradoxal 

Reprenant le slogan : « passer du “plus” tourisme au “mieux” tourisme », le gouvernement a annoncé vouloir privilégier le qualitatif au dépend du quantitatif. Mais dans le même temps est énoncé un retour au tourisme de proximité en privilégiant les touristes européens dont les dépenses moyennes sont inférieures de plus de 60% à celles des touristes lointains.

Les quelques actions annoncées -ou pas- laissent également perplexes.

Après avoir relancé le vieux serpent de mer d’une centrale on-line française pour mieux vendre la France face aux OTA internationales, est signé un (très gros) chèque à Trip Advisor pour des campagnes dont il est bien connu qu’elles sont totalement inefficaces pour promouvoir une destination mais parfaitement opportunes pour renforcer le pouvoir de leurs bénéficiaires. Un second chèque pour Expedia aurait aussi été évoqué.

AirBnb semble avoir été l’un des rares acteurs à avoir mis la main à la poche. À l’heure où beaucoup de villes remettent en cause les principes même de cette activité déjà largement dénoncée comme déloyale par les hôteliers, on peut se demander à quel point la réception de ce chèque, visiblement inspiré par une volonté de dédouanement, était pourtant opportune et cohérente.

Silence sur le refus du vaccin chinois et donc de la clientèle chinoise

Alors que les restrictions sanitaires pèsent toujours sur notre activité, il semblerait que le problème du pass dans les stations de ski ait été réglé mais on regrettera le silence sur le refus du vaccin chinois qui nous coupe de la reprise du tourisme sur de nombreux marchés asiatiques et latino-américains (plusieurs vaccins chinois ont été validés par l’OMS)

Un budget Atout France bien inférieur aux budgets alloués il y a quelques années

Enfin, alors que de nombreux pays concurrents ont déjà investi dans la relance – on pense par exemple à la Suisse- on regrettera qu’Atout France, dont les budgets de promotion sont inférieurs aux niveaux d’il y a 30 ans, n’ait pas encore pu annoncer de nouveaux moyens financiers à la hauteur des enjeux..

Le temps pressant, il reste à espérer que les annonces du Premier Ministre répondront à ces interrogations, et que les craintes des professionnels, que ce sommet Destination France  ne se résume qu’à un coup de marketing politique, ne se révèlent totalement infondées.

Auteur : Ulysse

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