20 avril, 2024
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Une destination : une chanson : Cayman Islands de Kings of Convenience

Kings of Convenience est un projet indie créé au tournant du siècle à Bergen, deuxième ville de Norvège où, à la manière des duos folk pop des années 60 tels que Simon et Garfunkel, les musiciens Erlend Oye et Eirik Glambek Boe unirent leurs voix pour créer des mélodies ayant pas mal de résonances bossa nova aux expressions mélancoliques, délicates et sophistiquées. Avec des cordes timides qui apparaissent et disparaissent, les refrains opportuns et les arrangements électroniques très subtils, le duo fut targué de « Coldplay norvégien » par sa démonstration authentique d’une pop intemporelle et par l’appel à l’orthodoxie mélodique, à la pureté et à la simplicité.

Il serait impossible de décrire leurs origines musicales sans faire référence à la ville dans laquelle ils sont tous deux nés. Au début des années 1990, Bergen s’impose comme la ville la plus avant-gardiste et dynamique de l’univers artistique norvégien. A l’époque, des bandes et des groupes d’horizons différentes ont surgi partout, mais tous portés sur l’électronique et la façon dont les avancées techniques allaient façonner la musique du XXIe siècle. C’était aussi l’époque où l’on parlait du NAM (nouveau mouvement acoustique) pour désigner une génération de groupes qui déclinaient leur esprit folk en douces mélodies pop aux refrains faciles.

Cayman Islands est la troisième piste de Riot on an Empty Street, le deuxième album du duo sorti en 2004, une chanson faite de souvenirs idéalisés couleur sépia (« Ces canaux, semble-t-il, ils tournent tous en rond, les endroits se ressemblent, et nous sommes la seule différence ») d’une ville qui, même si elle n’est pas mentionnée, on identifie aisément à Amsterdam. Rien à voir donc avec les Caraïbes, ni avec des paradis fiscaux, mais qui s’en préoccupe. Les îles Caïmans version Kings sont à la fois intimes et éloquentes dans leur immobilité plus que déterminée. Le violoncelle suggère les coups de vent et une agréable chaleur printanière sur la peau, tandis que le riff de guitare délicat et les douces harmonies vocales douces brossent vraiment le tableau exquis d’une chanson d’amour très efficace.

Elle parle de s’échapper avec quelqu’un qu’on aime, mais qui ne compte pas avec l’approbation de nos amis ou de notre famille

(« If only they could see, if only they had been here. They would understand, how someone could have chosen. To go the length I’ve gone, to spend just one day riding”).

Un peu comme Roméo et Juliette. C’est l’histoire de deux amoureux dans un endroit loin du reste du monde, juste tous les deux, et à ce moment-là, tout est parfait même s’ils savent que cela ne durera pas éternellement. Bien sûr, il s’agit de prendre le large et de ne se soucier que d’être là, dans l’instant, ensemble.

Un peu comme ce duo qui, au fil des ans, a perfectionné un style pas entièrement nouveau, mais qui se distingue par sa clarté et sa sincérité. Il y a quelque chose dans leurs voix qui les rend formidables lorsqu’elles sont réunies. Quelque chose à propos de ces guitares qui transcende la simple musique lorsqu’elles sonnent l’une à côté de l’autre. Une révolution en forme de carte postale romantique, une rébellion dans les rues désertes d’une ville du nord.

C.A.T.

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