25 avril, 2024
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Sélection littéraire : L’élégance du hérisson de Muriel Barbery

Ce roman qui, lors de sa publication en 2016 connut un succès planétaire, est un hommage aux gens simples qui nous entourent et une critique cinglante de la bourgeoisie française. Une littérature de la solitude, qui redécouvre intelligence de l’individu et la solidarité.

L’élégance du hérisson raconte la vie des femmes et des hommes qui vivent ensemble mais dans des mondes différents, séparés par la culture et les couches sociales. Dans l’immeuble bourgeois sis au 7 rue de Grenelle, à Paris, rien n’est ce qu’il paraît. Deux de ses habitantes cachent un secret. Renée, la concierge, se fait passer pour une femme ordinaire depuis longtemps. Paloma a 12 ans et cache une intelligence hors du commun. Toutes deux mènent une vie solitaire, en s’efforçant de surmonter le désespoir.

Le personnage de la gardienne de l’immeuble était déjà esquissé dans Une gourmandise, le roman précédent de l’écrivaine française, professeur de philosophie dans un IUFM à Bayeux, un métier qu’elle abandonnera pendant quelques années après le succès éditorial remporté avec le hérisson. « Je voulais créer un personnage dans lequel le déracinement et la solitude la plus absolue pourraient s’intégrer et qui, en même temps, aurait la capacité d’être une personne sage. » Muriel Barbery est arrivée à la conclusion que « l’intelligence est quelque chose de transversal à toutes les couches sociales » et, par conséquent, Renée et Paloma peuvent partager les mêmes préoccupations intellectuelles.

Villa Kujoyama à Kyoto

Malgré son physique peu attirant, Renée est en réalité une experte en grammaire, sensible aux natures mortes néerlandaises, lisant Tolstoï, écoutant Mozart et le rappeur Eminem, et aimant le cinéma japonais d’Ozu, une passion que partage également l’écrivain, qui, lauréate d’une résidence, déménagera à la Villa Kujoyama à Kyoto pendant un an pour écrire son prochain roman.

La narration est structurée à partir de deux points de vue différents à la première personne, mais qui partagent le même espace. L’un est celui de la jeune Paloma et l’autre celui de la femme d’âge mûr, Madame Michel. Ses réflexions s’alternent tout au long du livre en chapitres courts, mettant côte-à-côte les deux perspectives et donnant ainsi l’impression d’une utilisation de sources différentes.

Le clou de ce roman doux-amer, en plus de jeter un regard ironique sur des coutumes et des modes de pensée très divers, est celui de la rencontre de deux êtres solitaire et inadaptés, qui cherchent leur évasion à travers la culture et le mépris d’une société marquée par l’apparence et la médiocrité. C’est la sensibilité artistique et la quête de la beauté qui sont à l’origine de leur recherche du bonheur éphémère dans un monde présenté comme vulgaire et banale.

Muriel Barbery

Dans l’ensemble, la prose est élégante et musicale, une sorte de souffle vital qu’invite à partager des centres d’intérêt transcendants au milieu de la plus affligeante médiocrité. Muriel Barbery sait créer des situations humoristiques, tout en gardant une sensibilité et un lyrisme exquis dans les moments les plus dramatiques du récit. Une lecture très conseillée par ces temps moroses.

C.A.T.

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