29 mars, 2024
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Annette Masson: le tourisme juste

Elle le regard pétillant derrière ses fines lunettes, un sourire qui exprime le calme et l’authenticité. Annette Masson est de ces chevilles ouvrières dans la vie du tourisme et dans la vie tout court, d’une discrétion telle que certains ne connaissent même pas la multiplicité de ses activités. Elle n’aimerait pas, d’ailleurs, être sur le devant de la scène. Alors on y va sur la pointe des pieds.

Elle fut la présidente de la FFTST (Fédération Française des Techniciens et Scientifiques du Tourisme). Sa mission pour l’emploi, la lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants, les alertes sur les revers du tourisme, elle l’a prise, comme tout le reste, à bras le corps. De là est né Tourisme et Handicap dont elle est la présidente et présidente aussi de l’ASMT, association pour le Salon mondial du tourisme. On en rajoute un peu ? Annette Masson est au (petit) nombre de celles qui ont créé l’association Femmes du Tourisme. Et bien sûr, elle fait aussi partie de divers conseils d’administration, notamment celui de l’Association du Tourisme Durable. On l’aura compris : la solidarité est son cœur de métier et même son métier de cœur.


Fin des années 1990, alors qu’elle était DRH chez Kuoni, elle a vu monter au créneau des associations de personnes handicapées découragées d’avoir un accès si difficile aux vacances et aux loisirs. En 2001, sous sa présidence toujours en cours et avec l’aide de l’UNAT (Union nationale des associations de tourisme et de plein air), naîtra l’association Tourisme & Handicaps destinée à favoriser un libre accès aux loisirs, aux vacances et à la culture aux personnes en situation de handicap. L’idée était et reste la nécessité de devenir un interlocuteur officiel auprès des autorités. Ne cherchez pas : non, Annette Masson n’est nullement handicapée, non personne parmi les siens ne souffre d’un handicap. Il y avait juste un combat de longue haleine à mener, donc la voici aux commandes. C’est ça dame Masson. Pas du genre à s’engager pour la gloire. Mais pour l’efficacité, ça oui et sans compter ! Et le combat obtient des victoires. Pas suffisamment ni assez vite à son humble avis mais quelques belles avancées auxquelles nous devrions tous être bien plus attentifs tous métiers du tourisme et de la presse confondus.

LES VICTOIRES DE TOURISME & HANDICAP

Annette Masson constate : « dans les années 2000, il fallait forcer les portes pour se faire entendre. Aujourd’hui nous avons des messages tous les jours de la part de porteurs de projets. Les choses évoluent ». Le plus marquant pour elle fut l’adoption, en 2005, d’une loi-cadre régissant l’accès à tout des personnes en situation de handicap. En a découlé la mise en place de la marque Tourisme & Handicap (marque nationale, propriété de l’Etat) autorisant la labellisation d’une multitude de sites accessibles aux personnes handicapées à divers titres. Aujourd’hui plus de 4000 sites sont ainsi labellisés en France, permettant à ces personnes de savoir que ces lieux sont équipés pour les recevoir. Quelque 800 évaluateurs en situation de handicap opèrent sur le terrain. Récompense d’un travail de longue haleine puisque, finalement, il a fallu tout créer : rien n’existait. Les labellisations se poursuivent et l’association travaille actuellement à créer un guide de bonnes pratiques destiné au secteur de l’événementiel. Le handicap, ce n’est pas que le handicap moteur facilement visible. C’est aussi le handicap auditif, visuel, intellectuel (ce dernier incluant à la fois les déficients intellectuels et les personnes illettrées). Il est grand temps aussi d’imaginer un cahier de charges pour les offices de tourisme. Selon Annette Masson, 9 handicapés sur 10 recherchent d’abord leurs informations sur Internet. Il est capital qu’elles trouvent facilement les données sur l’accessibilité en rapport avec leur handicap car à défaut, la personne handicapée n’ira pas vers cette destination ou ce lieu culturel ou de loisir. A noter que les musées, en règle générale jouent le jeu. Déjà 300 d’entre eux ont inscrit leurs personnels à des séances de e-learning gratuites organisées par Tourisme et Handicap. Bientôt les non-voyants pourront admirer les tapisseries de Bayeux en 3D et une galerie tactile devrait s’ouvrir au Louvre.

Il reste beaucoup à faire mais grâce à Tourisme et Handicaps, beaucoup a déjà été fait et convenons-en : contrairement aux générations précédentes, nos enfants côtoient désormais des enfants handicapés dès leur plus jeune âge. Sans doute auront-ils bien plus conscience des difficultés des uns et des solutions à apporter par les autres.

Pour en savoir plus : www.tourisme-handicaps.org

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