28 avril, 2024
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Travel Insight-Holaqueya: Célia Tichadelle répond en toute transparence

Notre collaboratrice Aurélie Resch ne propose jamais un échange superficiel. Elle va jusque dans les tripes de son interlocuteur et Célia Tichadelle s’est prêtée au jeu de façon sincère et passionnée. Grâce à cette interview, on comprend mieux la démarche de cette entrepreneuse de choc. Un long entretien, pendant lequel on ne s’ennuie absolument pas… 

Aurélie Resch – Journaliste de voyage, chroniqueuse et écrivaine

Aurélie Resch (A.R.) : Célia Tichadelle en trois mots

Célia Tichadelle (C.T.) : Entrepreneuse, passionnée, dévouée

A.R: Pour toi, voyager c’est…

C .T.: Me retrouver, mieux me connaître, grandir. Découvrir de nouvelles cultures, de nouveaux paysages, me créer des souvenirs, rencontrer de nouvelles personnes et échanger ensemble pour s’apporter mutuellement. Voyager pour moi c’est aussi comprendre et apprécier la diversité humaine.

50mn inside – Célia Tichadelle

A.R: A quel moment travailler dans le tourisme est devenu pour toi une évidence?

C.T. : Assez tôt, je me souviens dès le collège, j’étais déjà passionnée par les voyages. J’ai eu la chance de beaucoup voyager avec mes parents et j’adorais cela. J’ai donc naturellement choisi de m’orienter vers un bac littéraire car j’aimais apprendre les langues étrangères, la littérature et dès le lycée je savais que je voulais faire mes études dans le tourisme. Pour faire quoi, je ne savais pas encore, mais c’était le secteur qui me parlait, qui m’appelait.

A.R.: Devenir entrepreneure, ça fait peur ?

C.T. : Très peur. Enfin c’est mon expérience et ma personnalité, mais oui j’ai eu peur. Et j’ai d’ailleurs toujours peur. Peur de ne pas y arriver, peur de ne pas gagner ma vie, peur du jugement des autres, des obstacles à franchir… Peur de tout perdre du jour au lendemain. Mais finalement c’est ce qui me motive aujourd’hui tous les matins. Entreprendre, développer de nouveaux projets, faire évoluer mes clients au sein de Travel-Insight, faire évoluer mon équipe, les voir grandir à nos côtés. Et puis désormais un nouveau challenge : développer mon agence réceptive en République Dominicaine.

Célia Tichadelle – Travel-Insight

A.R.: Raconte-nous ton parcours pour y arriver.

C.T. : J’ai donc fait un Bac Littéraire et j’ai ensuite poursuivi mes études à l’école internationale Tunon de Marseille car je voulais être hôtesse de l’air. Et puis durant ces deux années, j’ai découvert d’autres métiers du secteur et je me suis rendue compte qu’hôtesse de l’air ne me correspondait pas. Après l’obtention de mon Bac +2, j’ai rejoint l’ESCAET pour un Bachelor, puis un MBA. Durant ces 3 années d’études supplémentaires je me suis réellement découverte et j’ai compris que je voulais travailler dans la communication des entreprises du tourisme.

J’ai développé un blog qui fonctionnait bien, parmi les premiers blogs de voyage à l’époque. Cette expérience m’a montré que les destinations, les hôtels, les agences avaient de réelles lacunes dans leur communication. En parallèle, j’ai rencontré Stanislas Lucien et on s’est immédiatement bien complétés. Lui était très tourné vers la technologie, les relations commerciales et moi, j’étais très opérationnelle dans les réseaux sociaux, la création de contenus, le marketing d’influence. Nous nous sommes donc associés pour fonder Travel-Insight en mars 2016 et répondre à un besoin : développer la communication digitale des professionnels du tourisme.

équipe dirigeante de Travel-Insight

Très vite, l’entreprise s’est fait connaître avec de belles références dans le secteur pour devenir aujourd’hui, en 2024, une agence de communication globale pour les professionnels du tourisme.

Nous sommes une équipe de 20 personnes et sommes répartis en plusieurs pôles d’expertise : le pôle social media, le pôle relations presse et trade marketing, le pôle influence, le pôle évènementiel et enfin le pôle branding. Ce qui nous permet d’offrir des services à 360° à l’ensemble de nos clients.

A.R.: Que représente aujourd’hui pour toi l’aventure Travel-Insight ?

C.T. : Travel-Insight ça fait partie de moi, c’est en moi. C’est mon premier bébé, ma première entreprise. C’est une motivation au quotidien. La motivation pour ma super équipe, la motivation pour nos clients fidèles et surtout la motivation pour se dire que tout est possible. De nombreuses personnes ont voulu nous mettre des bâtons dans les roues, on a dû gravir de nombreuses montagnes pour y arriver et on continue d’en gravir encore aujourd’hui.

Mais Travel-Insight c’est aussi une fierté et une réussite à deux avec Stanislas. J’avais seulement 22 ans quand j’ai co-créé l’entreprise, j’ai refusé un super CDI à la sortie de l’ESCAET pour me plonger à 100% dans cette aventure, et je ne regrette rien. Aujourd’hui j’ai 30 ans, et grâce à Travel-Insight, je suis une femme accomplie et heureuse. Quand je vois ce que nous avons vécu ces 8 dernières années, c’est juste incroyable et je pense que sans cette aventure, sans cette expérience d’entrepreneure je ne serais pas la même aujourd’hui.

carte de la République Dominicaine

A.R.: Il était une fois la République Dominicaine…

C.T. : Il était une fois, le coup de foudre de ma vie. Avec Stan, à l’époque on partageait aussi notre vie personnelle. Octobre 2016, Travel-Insight a seulement quelques mois et je suis déjà au bord du burnout. Je devais gérer le développement d’une entreprise, l’écriture de mon mémoire de MBA pour avoir mon diplôme, gérer nos premiers collaborateurs sans aucune expérience en sortant à peine de l’école. C’était une période très compliquée. On avait besoin de vacances, d’évasion. On visait les Bahamas et puis French Bee sort une offre à 250€ aller / retour pour Punta Cana au départ de Paris. On fonce et nous voilà dans cet avion, qui je ne le savais pas encore, allait changer ma vie.

Dès notre arrivée, nous sommes partis explorer le pays sans rester à Punta Cana. Nous avons découvert Santo Domingo et la Péninsule de Samana. Un véritable coup de foudre, une sensation inexplicable comme si je connaissais ce pays depuis toujours. De retour en France, je communique sur la destination sur le blog que j’avais toujours à l’époque et nous signons un premier gros contrat avec un groupe hôtelier sur place pour gérer leur communication sur le marché français. Quelques mois après, c’est l’Office du Tourisme de la République Dominicaine qui nous fait confiance pour gérer la communication digitale de la destination. Ces deux beaux clients nous ont permis de nous faire connaître en tant qu’agence de communication. Nous devons beaucoup à ce pays !

J’ai donc eu la chance de voyager à de nombreuses reprises en République Dominicaine pour accompagner des créateurs de contenus et participer à des évènements du secteur. A chaque fois que je rentrais en France, j’avais l’impression de laisser une partie de moi sur place. Le Covid arrive et les frontières ferment. J’avais un voyage de prévu avec mes parents pour leur faire découvrir mon pays de cœur. Tout s’annule et j’ai alors ressenti une sensation comme je n’avais jamais ressenti auparavant. L’impression d’être en prison en France et de ne pas savoir quand est-ce que je pourrai y retourner. J’ai donc pris conscience durant cette période que ma vie était peut-être bien là-bas.

soins du Covid 19

A.R: Comment est née l’envie de s’y installer?

C.T : Le Covid a changé pas mal de choses. Je n’aimais pas ma vie à Paris, j’y étais seulement pour développer Travel-Insight. J’ai sacrifié plus de 5 ans de ma vie car je n’avais d’autre choix que celui d’être à la capitale pour le bien de l’agence. Après le Covid, ma vie personnelle a changé et je me suis envolée pendant quelques mois en République Dominicaine pour télé-travailler alors que la France nous confinait de nouveau. C’était d’ailleurs l’un des seuls pays avec les frontières ouvertes.

Ce voyage en solo m’a permis de me rendre compte que je pouvais télé-travailler depuis là-bas et surtout que j’étais heureuse. Et quand tu es heureuse, tout change. Après avoir échangé sur cette décision commune avec Stanislas, je suis donc rentrée en France, j’ai fait l’ensemble des papiers administratifs pour m’y installer, j’ai déménagé mon appartement parisien et j’ai organisé ma prochaine nouvelle vie.

Une nouvelle vie

A.R: Qu’est-ce que cela nécessite de franchir le pas, de quitter son pays, sa famille, ses amis, son entreprise pour aller s’installer dans un pays lointain, une culture différente ?

CT : Je dirais beaucoup de courage, car rien n’a été simple. Je suis très proche de ma famille, de mes amis. Ils sont l’équilibre de ma vie. Partir à 8000km, toute seule, c’était une grande décision. Mais c’était une décision dont j’étais sûre. J’étais heureuse de la prendre et surtout je suivais mon cœur et mon instinct. J’avais une petite voix intérieure qui me disait « vas-y, fonce ». Et finalement ça a été la plus belle décision de ma vie.

Certes les débuts n’ont pas été simples. Se retrouver toute seule, à des milliers de kilomètres de son entourage et de ses habitudes, ne pas bien parler la langue, faire toutes les démarches administratives obligatoires et faire face à de nombreuses galères… Ce fut difficile. Le décalage horaire aussi, commencer des réunions à 5h du matin… Mais au final c’est un rythme auquel je me suis adaptée et cette expérience m’a rendu et me rend encore aujourd’hui plus forte.

Toute ma famille et mes amis sont venus me voir, j’ai même l’une de mes collaboratrices de chez Travel-Insight qui est venue en télétravail à mes côtés pendant un mois. Tout ce que je vis ici est magnifique, je n’ai aucun regret.

Héliades lance la Jamaïque et ouvre un nouveau club en Rép Dom
Héliades – nouveau club en Rép Dom

A.R: Est-ce que cette aventure en solitaire a changé quelque chose dans l’intérêt que te portent les professionnels du tourisme ?

C.T : Dans l’esprit des gens je me la coule douce sous les cocotiers. Tu sais, c’est l’image que les français ont de la République Dominicaine ou encore des expatriés en général. Je ne suis pas une digital nomade, loin de là. Je suis dans un bureau à Santo Domingo et je vis une vie « à la parisienne ». Je participe à de nombreux évènements franco-dominicains, à des salons, à des évènements du Ministère du Tourisme. Tout cela m’ouvre l’esprit, me donne de nouvelles idées que j’apporte à Travel-Insight. La seule chose qui change ce sont mes week-end qui sont plutôt sympas et loin de la grisaille parisienne.

Je ne sais pas si cette aventure change quelque chose dans l’intérêt que me portent les professionnels. A vrai dire, cela m’importe peu. Tout ce qui m’importe c’est mon bien-être pro et perso. Cela peut paraître égoïste mais au final nous n’avons qu’une vie, et ce ne sont pas les autres qui vont la vivre à ma place. Mes propres expériences m’ont montré qu’à force de vivre pour les autres et de devoir faire plaisir aux autres, on s’oublie soi-même. Grâce au coaching de Laurie Larchez, je n’ai plus peur de penser à moi  Je pense que tant que tu connais tes valeurs et que tu n’oublies pas d’où tu viens, c’est le plus important. Et puis ceux qui me connaissent vraiment, savent qui je suis. On ne peut pas plaire à tout le monde mais l’essentiel c’est de plaire aux personnes qui ont de l’importance pour toi.

Holaqueya – agence réceptive

A.R: Tu viens de réaliser un projet qui te tenait à cœur depuis quelques années. Raconte-nous Holaqueya.

C.T. Quand je parlais de la République Dominicaine à des professionnels du tourisme ou à mes proches, on me disait immédiatement « Punta Cana ». C’est l’image que les gens se font spontanément de la destination. Mais au-delà de Punta Cana se cachent de nombreux trésors. Cette destination est unique. Nous avons tout ce dont les voyageurs rêvent : montagnes, désert, plages paradisiaques, nature verdoyante, une gastronomie unique, une histoire étonnante et une culture débordante.

Cela fait plusieurs années que je partage à titre personnel mes aventures dans le pays. Beaucoup de personnes me contactaient afin de me dire qu’ils aimeraient découvrir cela, vivre la République Dominicaine différemment. En étant sur place je me suis rendue compte qu’aucun réceptif ne se démarquait. Tous proposaient la même chose et il y avait un véritable besoin sur le marché français, une nécessité de changer l’image de la destination et de proposer de nouveaux produits.

fruits de mer à Punta Cana

J’ai donc créé Holaqueya, la contraction entre « Hola » qui signifie bonjour en espagnol, et « Quisqueya » qui est l’autre nom donné à la République Dominicaine pour les intimes. Être intime avec la République Dominicaine, sortir des sentiers battus, rencontrer ses habitants, connaître sa culture, sa gastronomie, ses paysages les plus époustouflants : c’est la promesse d’Holaqueya.

A.R: Que souhaites-tu accomplir avec Holaqueya?

C.T : Je souhaite faire rêver les voyageurs et les professionnels du tourisme. Leur montrer une image du pays dont ils n’ont aucune idée. Je souhaite également démocratiser le tourisme, et faire participer l’ensemble des acteurs locaux, surtout les communautés les plus reculées. Je souhaite emmener des personnes, en dehors des sentiers battus, là où ils vivront une véritable expérience qui les marquera à vie.

A.R: Y a-t-il un marché (plusieurs) que tu vises en particulier? Pourquoi?

C.T : Le premier marché de Holaqueya est bien évidemment la France, car c’est un marché que je maîtrise parfaitement. Nous nous positionnons en B2B.

Le B2B car il y a un véritable besoin, et les TO ont besoin d’avoir une nouvelle production sur le pays. Certains TO n’ont jamais vendu la destination à cause de son image très « all-inclusive ». Avec Holaqueya ils ont la possibilité de vendre la République Dominicaine différemment.

Pour moi les deux marchés sont très intéressants. Au-delà de la France, nous pensons également nous ouvrir à d’autres marchés, notamment le Canada et l’Espagne. Mais chaque chose a son temps

A.R: Tu diriges donc, à présent 2 sociétés.  Quels défis cela représentent?

C.T : Un beau et grand défi mais tout cela passe par une bonne organisation. Je connais de nombreux entrepreneurs qui dirigent plusieurs sociétés et cela ne pose aucun problème. Mes valeurs sont claires et mes objectifs bien définis, je sais ce que je fais et où je vais.

Les deux entreprises ont autant d’importance pour moi. C’est comme si tu disais à une femme, maintenant que tu as deux enfants quels défis cela représentent ? Aimer l’un autant que l’autre, se consacrer aux deux, et s’organiser. La voilà la réponse

A.R: Quels sont tes projets ?

C.T : Continuer de développer les deux entreprises, les faire grandir, évoluer et surtout durer dans le temps.

Pour Travel-Insight l’objectif est de garder nos clients fidèles, faire évoluer notre équipe et chercher de nouveaux clients dont les projets et les valeurs de marque nous font vibrer.

Pour Holaqueya, je ne cherche pas à devenir un énorme réceptif, mais à proposer des produits et des prestations d’une qualité supérieure. Je souhaite également m’entourer d’une équipe locale, et les former au tourisme avec mon expérience à la française, et pourquoi pas un jour ouvrir mon propre boutique-hôtel.

A.R: Quels conseils donnerais-tu à ceux qui ont le désir de vivre de leur passion ?

C.T : De foncer tout en gardant les pieds sur terre ! La vie est trop courte pour ne pas réaliser ses rêves mais il faut avoir un plan, le suivre et ne rien lâcher. Je ne raconte pas toutes les galères par lesquelles j’ai pu passer, ces derniers mois ont été vraiment difficiles et j’ai failli tout abandonner.

Mais aujourd’hui, quand je regarde derrière-moi je suis fière de tout le chemin parcouru et des projets réalisés.

Alors n’ayez pas peur, préparez vos rêves, forcez votre destin, et soyez courageux. Et même si la montagne à gravir est très haute,le bonheur et la vue à l’arrivée seront au rendez-vous.

Aurélie Resch est journaliste, mais également écrivaine, voici son roman:

Coquelicot sur un rocher, le roman d’Aurélie Resch

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