En 1984, Aranui -la célèbre compagnie de fret polynésienne- a commencé à embarquer des passagers à destination des îles qu’elle desservait dans le Pacifique Sud. Elle fête aujourd’hui 40 ans de navigation en cargo mixte. Une belle occasion pour moi de découvrir les Marquises.

Grand confort pour une croisière insolite
Alors, à ceux qui ont craint que je ne fasse une traversée à la dure, sur le pont entre un carton et un containeur… Je peux dire que je n’ai rien vécu de tel. C’est une cabine spacieuse et lumineuse avec petit salon adjacent, balcon et de nombreux endroits de rangement (y compris pour la valise) qui m’accueillera pour des nuits tout confort dans un grand lit moelleux.

Dans l’hypothèse où je souhaiterais rester à bord, en dehors des journées en mer, une salle de gym, un spa, un bar, un salon bibliothèque, une boutique et une piscine extérieure auront de quoi m’occuper, lorsque je ne serai pas attablée à déguster les plats variés et savoureux concocté par notre chef.

105 employés (95% de locaux) travaillent à bord de l’Aranui 5 pour la livraison de matières premières et pour 179 passagers. La langue principale est le français, mais des services sont aussi assurés pour un public anglophone et germanique. Un conférencier marquisien complète chaque jour les visites des îles par un exposé sur les traditions, l’histoire et son expérience marquisiennes.

Cargo mixte, l’Aranui dédie la moitié avant de sa structure au fret, avec grues, barges et conteneurs et sa moitié arrière, construite comme une coquille d’escargot aux cabines et espaces pour les passagers. Il est ainsi possible pour ces derniers d’observer la gestion et la logistique des marchandises à bord.

Une destination étonnante
Les îles Marquises sont les terres les plus éloignées de tout continent et recèle un parfum de mystère envoûtant.

Naviguer vers cette destination n’est pas toujours chose aisée. La mer peut s’avérer fort capricieuse et le spectacle des containers qui se heurtent, des grues qui tanguent et des vagues qui prennent d’assaut le pont est en soi tout à fait spectaculaire si on arrive à se tenir debout suffisamment longtemps pour le contempler un moment. La mise à l’eau de la barge et le chargement des caisses relève de l’exploit, de même que de sauter dans le zodiac qui nous emmènera sur l’île.

Je me demande à quel point il était périlleux à l’époque pour les insulaires d’aller pêcher à bord de leur pirogue (vakai). Heureusement ces jours de forte mer ne compose pas la majorité du voyage et bien souvent, c’est sous un ciel azur qui se fond dans le turquoise de l’océan que nous débarquons dans une baie ou dans un petit port.

5 îles au programme : Nuku Hiva, Ua Pou, Ua Huka, Hiva Oa et Fatu Hiva qui séparent un premier arrêt dans une île Tahitienne (Fakarava) et un jour à Bora Bora. 2 jours de traversée. Chaque escale permet à l’Aranui de livrer aux insulaires les marchandises dont ils ont besoin.

C’est pour moi, une entrée insolite dans le quotidien des marquisiens qui attendent une voiture, du bois, du gaz, des fruits, un cheval… Et qui se débarrassent d’une charpente, structure métallique, de gros tuyaux.

Chacune de ces îles a son caractère et toutes rivalisent de beauté.
Dans la première, je serai subjuguée par la flore, les cascades à l’intérieur de l’île et la baie alanguie entre les parois de roche volcanique. Ce sera aussi mon premier contact avec la civilisation marquisienne dans le site archéologique de Tohua Kamuihei.

La deuxième m’offrira la chance d’observer les artisans travailler le bois, de discuter avec un artiste tatoueur traditionnel et de découvrir les danses marquisiennes.

Hua Uka héberge 3 fois plus de chevaux que de marquisiens et protège un jardin botanique ainsi qu’un intéressant musée de la marine.
Je rendrai hommage à Paul Gauguin et à Jacques Brel sur Hiva Oa où ils sont enterrés et me lierai d’amitié avec une aînée et sa petite fille.

C’est à Fatu Hiva que j’apprendrai l’art du tapa (étoffe obtenue à partir de fibres de bois que l’on bat et sur laquelle on peint des motifs traditionnels) et de la séduction par les sens (couronnes de fleurs odorantes, plats épicés) et que j’admirerai le travail de sculpture sur os, pierre et bois.

Une croisière anniversaire
Au bout de 12 jours de croisière sur l’Aranui 5, je serai transformée. Par la gentillesse et la simplicité des marquisiens, par mon séjour passionnant à bord de ce cargo mixte et par la beauté des paysages sauvages parcourus. Une journée dans le lagon de Bora Bora et une journée à terre à Tahiti ne parviennent pas à me faire revenir à une réalité plus « occidentale » et touristique.

Pour souligner ses 40 ans de navigation passagers et marchandises, la compagnie polynésienne met en place un programme de fidélité pour ses clients répétitifs, le Tiki Club avec des réductions allant de 5% à 25% sur le prix d’une croisière.
Une croisière « spéciale anniversaire » aura lieu du 16 au 27 novembre 2024 avec un programme festif et des animations uniques pour souligner l’ADN unique de la compagnie.
Texte et photos: Aurélie Resch