Dans un univers où les glaciers se liquéfient et les récifs coralliens s’évanouissent, une tendance morbide pointe le nez : le « tourisme de la dernière chance ». Animés par un besoin pressant d’admirer les merveilles naturelles en danger, les touristes se précipitent vers des sites tels que les glaciers en Antarctique et la Grande Barrière de corail, qui rétrecit à vue d’œil.

Le tourisme de la dernière chance -défini comme un voyage motivé par la peur d’une perte irréversible- exploite le profond désir d’authenticité de l’humanité face à une catastrophe écologique annoncée
De manière paradoxale, le fait de visiter ces trésors précipite leur destruction, exposant une ironie cruelle. Effectivement, une recherche de premier plan met en lumière le rôle prépondérant du tourisme dans l’aggravation de la crise dont il bénéficie.

À terme, avec la fonte des glaces, la disparition des arbres de la forêt tropicale et le déclin des coraux, le tourisme de la dernière chance agit à la fois comme un attrait et un signe des temps. Il nous incite non pas à nous contenter d’assister à ce déclin, mais à œuvrer activement pour que des éléments irremplaçables ne disparaissent pas à jamais et, ce faisant, à réapprendre peu à peu à respecter un monde qui mérite d’être préservé.

Le tourisme de la dernière chance présente un paradoxe frappant…
…ceux qui recherchent des merveilles naturelles en voie de disparition, comme les glaciers des Andes ou les forêts tropicales d’Amérique du Sud, accélèrent involontairement leur déclin. Le transport aérien génère d’importantes émissions de carbone, tandis que le trafic piétonnier dégrade les sols, érode les sentiers et produit des déchets.

De plus, les bateaux endommagent les fonds marins, le bruit perturbe la faune et les visiteurs introduisent involontairement des espèces invasives ou des agents pathogènes dans des habitats fragiles. La surfréquentation exerce une pression excessive sur les destinations, transformant les aires protégées en fardeaux environnementaux.

Notre secteur serait responsable de 8,8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, dont une part importante provient des transports: avions, voitures et navires
Alors que les destinations touristiques sont confrontées à des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents, à la hausse des coûts d’assurance, à la raréfaction des ressources en eau et à la perte de biodiversité, le tourisme de la dernière chance est en plein essor, proposant des expériences « uniques » empreintes d’émerveillement et d’un sentiment d’appréhension.

On estime qu’un seul voyage touristique en Antarctique peut accélérer la fonte de 100 tonnes de neige
Les voyageurs adeptes de ce type de tourisme sont souvent attirés par les îles du Pacifique, le Groenland et surtout l’Antarctique. Le Continent Blanc a enregistré près de 118 000 touristes durant la saison 2024-2025, une forte augmentation due aux croisières d’expédition proposant des activités comme le kayak avec les manchots et le ski héliporté – des expériences dont le prix oscille entre 10 000 et 50 000 euros.

Cet afflux a cependant un coût. Des chercheurs ont détecté des métaux lourds tels que le nickel, le cuivre, le plomb, le zinc et le chrome dans les zones les plus fréquentées, à des concentrations dix fois supérieures à celles d’il y a quarante ans, conséquence des transports utilisant des énergies fossiles. Ces polluants assombrissent la glace, réduisant sa réflectivité et accélérant sa fonte.

Le tourisme de la dernière chance présente un paradoxe frappant: ceux qui recherchent des merveilles naturelles en voie de disparition -comme les glaciers ou les forêts tropicales- accélèrent involontairement leur déclin
Le transport aérien génère d’importantes émissions de carbone, tandis que le trafic piétonnier dégrade les sols, érode les sentiers et produit des déchets. De plus, les bateaux endommagent les fonds marins, le bruit perturbe la faune et les visiteurs introduisent involontairement des espèces invasives ou des agents pathogènes dans des habitats fragiles.
La surfréquentation exerce une pression excessive sur les destinations, transformant les aires protégées en fardeaux environnementaux.

Cette tendance illustre de façon criante les inégalités
Car ce tourisme de luxe est accessible aux personnes fortunées dont les émissions de carbone par habitant dépassent largement les normes mondiales, tandis que les impacts, allant des atolls inondés aux pistes de ski désertées, sont ressentis de manière disproportionnée par les populations des communautés les plus pauvres.
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