La nouvelle tendance du raw-dogging aérien consiste littéralement à ne rien faire le long d’un vol. Un terme venu du porno pour désigner les rapports sexuels sans préservatif qui, selon les dernières publications sur TikTok, s’adapte à l’aviation commerciale en gagnant des adeptes chez les voyageurs « à l’état brut ».
Comprenez: des passagers et passagères qui décident volontairement de se priver de boissons, de nourriture et de s’imposer bien d’autres restrictions comme celle d’aller aux toilettes pendant un vol long-courrier dans le but d’éprouver des sensations extrêmes qui, bien entendu, seront soigneusement partagées online avec leurs tribus.
L’idée serait d’être le plus « woke » possible, le plus conscient de ces privations dans un espace confiné pendant des heures. Autrement dit, être en pleine conscience le long du vol en évitant toute distraction. Se déconnecter des petitesses du monde alentour pour se concentrer sur soi-même: interdiction absolue de tout écran, bannissement total de la page imprimée.
Après tout, pourquoi ne pas accomplir un « exploit » afin de tester la puissance de son esprit. Or, faire de la méditation en décollage serait-il comparable à gravir des sommets? Regarder fixement le signal lumineux de la sortie de secours serait-il la nouvelle façon de retrouver son moi intérieur?
Le hic, ici, c’est le besoin absolu de partager ce défi aux commodités sur les réseaux sociaux. Là, coincer la bulle devant un hublot a moins à faire avec l’introspection qu’avec le regard de Narcisse. À ce point, je ne sais pas si j’ai plus peur de voler ou de me retrouver -entre deux accoudoirs- avec ces faux apôtres de la désintoxication numérique en altitude. Quand le wokisme nous gagne, c’est la bêtise qui prend son envol…
C.A.T.
