5 novembre, 2025
spot_imgspot_imgspot_imgspot_img

Mexique: le Train Maya tue les jaguars et bénéficie l’élite économique proche du régime

Le Train Maya, l’un des projets les plus emblématiques de l’administration de l’ancien président mexicain Andrés Manuel López Obrador, continue de faire l’objet de controverses. Avec ses wagons vides et ses gares à moitié construites, il génère une perte quotidienne de 37 millions de pesos mexicains (environ 1,7 millions d’euros).

Le coût du projet a largement dépassé le chiffre initial de 150 milliards de pesos pour atteindre les 600 milliards (environ 28 milliards d’euros), avec des travaux encore en cours. Cet écart entre le budget initial et les dépenses réelles suscite des critiques quant à la gestion des ressources naturelles et à l’efficacité du projet.

Un projet plutôt politique que touristique

Le projet n’a pas répondu aux attentes en termes d’utilité publique, mais il a servi d’instrument politique et économique au gouvernement de López Obrador. Les retombées économiques ont profité aux entreprises de bâtiment, dont beaucoup entretiennent des liens étroits avec le régime.

Ce programme a surtout permis de consolider la base électorale du parti politique Morena dans le sud-est du Mexique, en lui assurant le soutien des communautés locales grâce à la création d’emplois et à des contrats lucratifs. De plus, le Train Maya a servi les intérêts des fils de l’ex-président, qui ont décroché des contrats de plusieurs millions de dollars liés au projet.

La faible fréquentation du train est une critique récurrente

Alors que le gouvernement prévoyait un trafic quotidien de 8 200 passagers, seuls 1 600 empruntent le service, soit à peine 19 % des estimations. Le manque d’infrastructures adéquates, notamment l’éloignement des gares par rapport aux centres urbains, limite considérablement l’accessibilité pour les voyageurs.

1 554 km de rails et 34 arrêts à travers les États du Chiapas, Tabasco, Campeche, Yucatán et Quintana Roo entaillent la forêt en une vaste boucle dans la péninsule du Yucatán

Les grands mammifères comme le jaguar ont été les espèces les plus touchées par la construction d’un hôtel de luxe géré par l’armée mexicaine (López Obrador étant un fervant admirateur des pratiques qui font recette a Cuba) qui a déplacé près de 90 % des grands félins, selon une étude scientifique menée par des défenseurs de l’environnement dans la réserve de biosphère de Calakmul, dans l’État de Campeche.

L’hôtel militaire, construit sans étude d’impact environnemental, a porté un coup dur à la conservation de la nature. Les écologistes affirment que les dégâts les plus importants sont causés par cet hôtel, tandis que des mesures de conservation exemplaires avaient été mises en œuvre auparavant.

Les communautés autochtones affirment n’avoir pas été consultées lors des réunions officielles et que les travaux ont été menés sous protection militaire. Les écologistes comparent l’impact de l’hôtel à « une tumeur maligne au sein de la réserve », car il s’agit d’une structure qui détonne dans le milieu naturel.

La réserve est le plus grand poumon tropical du Mexique et fait partie du Corridor biologique de la forêt maya, qui s’étend jusqu’au Guatemala et au Belize

L’armée a construit l’un de ses six hôtels de luxe au cœur de la réserve, à seulement 10 kilomètres du site archéologique préhispanique de Calakmul, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Certaines espèces tolèrent mieux les perturbations car elles sont moins affectées par le tourisme, tandis que d’autres ne peuvent pas coexister avec la présence humaine.

Pendant cinq ans, des scientifiques ont suivi 14 espèces d’oiseaux et de mammifères à l’aide de pièges photographiques dans un rayon de 20 kilomètres autour de cet hôtel d’environ 150 chambres, construit à l’entrée de la réserve de Calakmul, d’une superficie de 723 185 hectares. Alors qu’auparavant 100 jaguars étaient recensés par an, seuls 12 ont été enregistrés pendant la construction de la ligne de chemin de fer, ce qui représente un déclin drastique pour cette espèce.

La déforestation a cessé, mais les dégâts sur la faune sauvage persistent

L’impact environnemental du Train Maya est évident: l’ex-président de la gauche populiste avait promis qu’aucun arbre ne serait abattu durant son mandat ; or, le projet a entraîné la destruction de plus de sept millions d’arbres. De plus, 121 grottes et cénotes, sites d’une grande valeur écologique et culturelle, ont été endommagés.

Aujourd’hui, la forêt tropicale de Calakmul est fragmentée et les jaguars se retrouvent face à un territoire morcelé. Un flux constant de véhicules circule désormais dans la réserve, perturbant le calme nocturne. Les scientifiques ont constaté des cas de jaguars écrasés par des voitures dans des zones touristiques comme Tulum et Playa del Carmen.

 

 

 

 

A découvrir dans la même catégorie..

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

L'Actualité du jour