25 avril, 2024
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Une destination, une chanson : Gangnam Style de PSY

Avant d’aborder le tube du chanteur sud-coréen PSY, je dois passer sur le divan de Mister Travel et faire mes aveux. Je suis un bourgeois occidental gavé de logique aristotélicienne et rempli de préjugés qui tente -souvent infructueusement-, de porter un regard sur l’actualité pour déceler dans quelle condition se trouve notre planète. Je suis un grand naïf, je le sais, surtout quand il s’agit de voir le monde à l’envers et, dans le cas qui nous occupe, de comprendre comment une chanson aussi bête accompagnée d’une vidéo tout aussi affligeante a pu connaître un tel succès.

C’est dit, doc. Je vais vous parler d’un truc nullissime et j’assume l’intégralité de mes propos. Pourquoi autant de hargne ? me demande l’analyste. Pourquoi ce sympathique chanteur, qui gigote dans tous les sens et qui n’a fait du mal à personne, vous dérange-t-il tant ? Vous identifiez-vous à lui, par hasard ? Etes-vous jaloux de sa réussite ? Je vous écoute.

Voyez-vous, l’Extrême Orient m’interpelle depuis longtemps, ce sont des civilisations qu’attirent ma curiosité. J’ai mis du temps à m’y rendre personnellement en tant que touriste, un peu par manque de ressources, un peu parce que je finissais par faire le choix de destinations culturellement plus proches de moi. Comment vais-je les comprendre ? me disais-je ; quelle idée se feront-ils de moi ? Enfin, ce voyage tant attendu arriva. Ce fut d’abord le tour de la Corée, du nord au sud, en 2004. Onze ans plus tard, j’ai connu le Japon.

Mon (seul) voyage en Corée du Sud m’a laissé perplexe, avec une sensation d’inquiétante étrangeté, dirait Freud. Avec pas mal d’années de recul, je confesse n’avoir toujours rien compris et garder une forte culpabilité vis-à-vis de la population locale. Tout le long du parcours, j’ai eu l’impression de visiter des endroits où je ne voulais pas être, je me répétais que le Japon serait sans doute plus intéressant, que l’on mangeait sûrement bien mieux, qu’on allait me comprendre même dans un anglais tâtonnant. Pendant ce temps, guides, commerçants et interlocuteurs coréens faisaient tout ce qui était à leur portée pour rendre mon séjour agréable. Ils étaient d’une patience et d’une gentillesse extrême. Moi, je boudais.

A l’époque, le quartier de Gangnam à Séoul était déjà à la mode. Franchement, je ne me rappelle que d’une rue commerçante pleine de monde et des commentaires de notre jeune guide qui nous assurait que l’endroit était on ne peut plus cool. Elle avait fait ses études aux USA, parlait un anglais totalement compréhensible et savait certainement lire nos visages d’occidentaux. Elle redoublait d’efforts pour nous faire aimer sa ville. En vain.

X., mon copain et compagnon de ce voyage en Corée était encore plus déçu que moi, limite grossier, pas diplomatique pour un sou. Aujourd’hui, il ne jure que par les séries coréennes sur Netflix et par la K pop… Voyez-vous doc, les gens changent, malgré tout ce que les théories sur la personnalité peuvent dire sur le sujet. J’écris ce papier et je songe à cette magnifique estampe encadrée d’une femme qui médite que j’ai acheté dans le temple bouddhiste Haiensa, Ce fut la croix et la bannière pour ramener l’encombrant tableau à Paris sur un vol de la Korean Airlines, ce qui m’a valu pas mal de disputes avec X, mais nous sommes heureusement tous arrivés intactes, tableau et voyageurs. Aujourd’hui, c’est lui qui a l’estampe dans son pied-à-terre parisien, je lui ai fait cadeau. Assez de souvenirs pour un séjour qui nous avait pourtant laissés indifférents.

Et la chanson de PSY ? Parfaitement oubliable, vous en conviendrez.

C.A.T.

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1 COMMENTAIRE

  1. La chanson de PSY ne m’a même pas effleuré et je n’ai pas eu le plaisir d’aller en Corée. l’Asie est continent d’évidentes et faciles séductions, que l’on s’attache , en outre, à tout pays où le hasard des circonstances vous permet d’user avec bonheur une petite tranche de votre vie, surtout lorsque votre métier vous confère le privilège d’observer, dans leur gratuité même, les choses et les gens, de les comprendre , de les expliquer, ce qui est déjà, qu’on le veuille ou non, une manière de les aimer.

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