26 avril, 2024
spot_img

Les renifleurs de Tokyo … vous connaissez ?

Au centre de Tokyo, les boutiques de fétichisme d’occasion ou burusera ne manquent pas. Ce sont des sociétés tout à fait légales avec une plaque à l’entrée d’un immeuble de plusieurs étages. L’acheteur monte, sonne à la porte d’un bureau et fait ses emplettes dans deux ou trois couloirs avec des étagères en forme de bibliothèque, remplies, entre autres, de sous-vêtements portés et non lavés. C’est un paradis pour les « olfactophiles » qui s’excitent en reniflant les petites culottes des adolescentes. Elles sont vendues dans un sac avec une photo de l’écolière portant le vêtement, comme preuve qu’il a été utilisé, beaucoup porté même, et a conservé odeur et taches. Les prix varient de 20 à 50 euros selon le nombre de jours que la fille l’a enlevée pour la mettre en vente, généralement deux, trois ou une semaine maximum. Les articles les plus anciens en stock perdent de la valeur à mesure que le fumet de la jeunesse s’estompe.

Un marché parallèle de ces parfums musqués s’est aussi développé sur le web, comme on le voit dans la série Orange is the new black sur Netflix, une mode qui est arrivée en Europe sous le nom de « souillé sur commande ». Mais c’est toujours à Tokyo où se trouvent les vrais pros. Certains n’hésitent à voler les culottes qui sèchent au soleil sur balcons et terrasses, ce qui a donné lieu à un personnage d’anime appelé Happosai, un vieux monsieur célèbre pour ses soustractions furtives.  

Les fétichistes les plus méfiants évitent les intermédiaires et achètent les sous-vêtements directement auprès des écolières dans un endroit tenu secret. Elles enlèvent leurs culottes devant le client, en gage totale d’authenticité. Une variante appelée kagaseya sont les rencontres entre vendeuses et acquéreurs dans les salles de karaoké où ces derniers paient les ados pour les laisser s’agenouiller entre leurs jambes et inhaler les arômes glandulaires.

On appelle olfactophilie au fétichisme associé à l’attirance pour les odeurs corporelles, en particulier celles provenant des organes génitaux. Biologistes et chimistes expliquent cela par les molécules, en particulier les phéromones qui constituent une sorte de carte d’identité indiquant la compatibilité pour la reproduction chez la plupart des animaux, surtout les mammifères.  

Comme le sujet dérange autant qu’il attire, la morale et la psychanalyse ont eu également leur mot à dire. L’olfactophile qui s’excite avec des vêtements sales n’est pas déconnecté de la réalité comme les psychotiques : il ne serait qu’un névrosé avec certains traits pervers parce qu’il trouve du plaisir dans la transgression de ce qui est sexuellement indiqué comme correct. Tant que son but n’est pas d’avoir des relations sexuelles, cette personne serait proche de la perversion. «Le pervers agit, alors que le névrosé ne fait que fantasmer», selon Freud. Les consommateurs tokyoïtes ne seraient donc que des névrosés et non des pervers, tant qu’ils n’abusent pas…

C.A.T.

A découvrir dans la même catégorie..

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

L'Actualité du jour