Le château Beauséjour, premier grand cru classé B de Saint-Émilion, a été cédé pour 75 millions d’euros à une membre de la famille propriétaire et au groupe cosmétique Clarins, a annoncé la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) de Nouvelle-Aquitaine. Dans le même temps le groupe familial Clarins investissait également dans une marque de cosmétique au Royaume-Uni
Il y avait du rififi
Le dossier a connu plusieurs rebondissements. En novembre, une majorité des associés propriétaires de la famille avaient choisi les Cuvelier. Mais la vente avait ensuite été confiée à la Safer, société à but non lucratif avec des missions d’intérêt général et placée sous tutelle de l’État. Mi-mars, le comité technique départemental de la Safer avait donné un avis consultatif favorable à Stéphanie de Boüard-Rivoal. Il a été examiné par un comité de validation régional qui a renvoyé la décision définitive au conseil d’administration régional. Ce dernier a finalement choisi une troisième voie, décidant notamment « de maintenir la propriété (…) dans son intégralité en ne divisant pas le parcellaire, afin de ne pas faire obstacle au maintien du classement » de Beauséjour et de « maintenir le lien historique entre cette exploitation et l’un des membres de la famille Duffau-Lagarrosse ».
Joséphine Duffau-Lagarrosse (JDL) aidée par la famille Clarins
Joséphine Duffau-Lagarrosse vient sans doute de passer les semaines les plus folles de sa vie : elle a 31 ans. Au mois de juin de l’année dernière, le cru qui porte son nom est en vente. Détenu par une trentaine d’héritiers, le Château Beauséjour ne dépend pas d’elle. Mais, connaissant chaque rang de vignes, c’est l’œnologue qui le fait visiter, le cœur serré. A l’automne, deux candidats sont officiels, la voisine Stéphanie de Boüard du Château Angélus et une autre voisine, la famille Cuvelier du Clos Fourtet. Il faut choisir, Joséphine ne choisit pas, elle s’abstient. La grande majorité des héritiers s’exprime pour les Cuvelier. Ce fut un déchirement pour Joséphine. Étonnamment, la vente est confiée à la Safer qui, selon la loi, doit faire une publication et ouvrir la voie à d’autres candidats. Stéphanie de Boüard revient dans le jeu et Joséphine ose également en trouvant en urgence un investisseur en la personne de Prisca Courtin (Directrice générale Famille C Invest – appartenant à la famille Courtin – Clarins). Le courant passe, le moral de « JDL » est au beau fixe et “notre dossier est en béton”. Le 19 mars, c’est la gueule de bois. La Safer penche vers Stéphanie de Boüard. Le 25, la Safer repousse sa décision finale, la pression monte, Joséphine essuyant au passage des escarmouches déplacées (propos sexistes, coup de téléphone anonymes…) Mais la jeune femme, bien aidée de son investisseur, tient bon. Ce 7 avril, la Safer l’adoube : Joséphine devient copropriétaire et co-gérante du domaine familial – entre les mains des Duffau depuis 1847.
Mais la famille Clarins reste dans les produits cosmétiques
Famille C Invest soutien Pai Skincare à hauteur de 9 millions de dollars. Prisca Courtin-Clarins, fondatrice et PDG de Famille C Venture, a déclaré : « Nous sommes très fiers de soutenir Pai Skincare et de faire partie de ce voyage passionnant. Sarah Brown a fondé une entreprise avec un modèle très original et un potentiel fantastique. Je suis convaincu que Pai a un rôle à jouer et une proposition de valeur clé, qui correspond parfaitement aux attentes des nouveaux clients. Sarah Brown, fondatrice et actionnaire principale de Pai, a également déclaré qu’elle avait l’intention d’utiliser l’injection de liquidités pour financer le développement d’une plate-forme directe aux consommateurs, qui devrait être lancée en juin, ainsi qu’une nouvelle gamme de produits « ambitieuse ».
Dans tous les cas, s’il faut du nez dans le vin, les cosmétiques… il faut du nez, également, dans les affaires !