20 avril, 2024
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Une destination, une chanson : Havana de Camila Cabello

« Havana, oh la la ? » Mais non, c’est « Havana, ooh, na na », me dit ma copine Caroline, fan totale de tous les hits latino qui passent et repassent à la radio, jusqu’à l’épuisement de nos tympans. Il est vrai qu’elle à l’oreille entraînée, car elle va tous les lundis à sa gym zumba, les mercredis à son cours de reggaeton et que les vendredis elle retrouve ses amis du groupe de salsa. Il est vrai aussi que ça a plus de sens Havana na na qu’Havana la la, juste une question de rime. En fait, j’étais plus concentré sur le déhanché de Caroline et sur celui de la na-na qui chante Havana -une cubaine devenue étasunienne du nom de Camila Cabello– que sur les paroles. Place maintenant à la chanson et à son lien avec la destination (tiens, ça rime aussi).

Je crois comprendre que la señorita Camila, avec son je ne sais pas quoi de Lolita brune piquante à la Pénélope Cruz, a quitté son lieu de naissance près de La Havane pour filer vers les USA où elle a formé un groupe de filles avant de devenir chanteuse soliste. Et je crois comprendre aussi que son tube parle d’un amour qu’elle a laissé sur l’île et dont elle se souvient maintenant que le succès et la fortune frappent à sa porte. En cherchant sa bio sur Google, apparemment mère et fille sont parties de Cuba quand elle avait sept ans, ce qui fait de Camila une romantique très précoce. Après tout, peu importe que l’histoire dont parle la chanson soit vraie ou pas, pourvu que le refrain soit collant et facile à retenir. Au fait, Havana na na c’est juste ça, un refrain, sans un véritable lien avec la capitale cubaine.

La Cuba de la revolución ne m’a jamais fait rêver. Par contre, l’espagnol parlé dans l’île, le son, la trova, le danzón ou le boléro ont une grâce et une musicalité uniques. Un peu comme les andalous, les cubains sont créatifs, débrouillards, espiègles, un peu malicieux et certes très sympathiques. Je trouve très émouvant le film de Wim Wenders sur les vieilles stars de la chanson, au point que j’ai acheté le CD du Buena Vista Social Club et que je connais les chansons du disque par cœur. Je trouve aussi très belles les voix d’Omara Portuondo, d’Eliades Ochoa et du disparu Ibrahim Ferrer ; Compay Segundo était trop médiatique à mon goût, donc j’aime moins.

Cuba ne me fait pas rêver car je la trouve fake, comme on dit de nos jours, surfaite si l’on veut être plus précis, vivant plus d’une triste légende qui dure depuis plus de 60 ans que dans le présent. Elle ne finit pas de vendre une révolution et une idéologie à laquelle il est très difficile d’adhérer de nos jours, puis un système éducatif et de santé que les autorités vantent comme exemplaire, mais aux frais de beaucoup de sacrifices de part de la population. Elle est aussi une grande tromperie en tant que destination touristique, affichant les charmes d’une vieille ville d’antan, mais qui n’est ni plus ni moins qu’une capitale décatie et insalubre. Les plages sont belles, sans plus. Il n’ya que la campagne qui soit plus authentique, comme c’est le cas de pas mal de pays qui veulent attirer le tourisme à force de tout miser sur le littoral.

Quand la perpétuation dans le pouvoir prévaut sur le développement économique et social, quand les droits de l’homme sont bafoués au quotidien, quand l’exile reste la seule solution pour une population pleine de ressources, mais dépitée et privée de liberté à laquelle on exige toujours et encore de se serrer la ceinture, il est évident que la révolution s’avère un fiasco car elle n’a pas été capable de produire un avenir meilleur pour le peuple cubain. Faut-il donc visiter La Havane ? Quelle désillusion. Oh non non.

C.A.T.

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