Le Grand Cœur c’est Jacques Cœur (1395 / 1456) né à Bourges au moment du grand bouleversement. La France est ruinée par cent ans de guerre avec l’Anglais, sous un roi fou, Charles VI, avec une Chevalerie qui n’a pas su la protéger.
Son mariage avec Macé de Léodepart, lui fait découvrir le monde du commerce et de l’argent, le monde de ces hommes qui ne possèdent aucune matière mais qui peuvent toutes se les offrir.
À trente ans, Jacques Cœur doit fuir Bourges, il découvre Montpellier, la mer et le négoce avec l’Orient Il va organiser ce qui deviendra le plus grand réseau de négoce du monde occidental. Son nom devient une marque, car il ne veut pas être un marchand comme les autres attachés aux petits profits. Cœur veut l’abondance, créer la richesse par les échanges.
Le nouveau Roi Charles VII va faciliter, dans un premier temps, son ascension en le nommant Grand Argentier. Jacques Cœur grâce à sa fortune permettra à Charles VII d’achever la guerre de Cent Ans.
Cœur a trop mêlé ses affaires avec le Roi. Un homme blessé, jaloux cruel. Jacques Cœur comprend qu’en acceptant de prêter une énorme somme au Roi il va se perdre. La cruauté du Roi sera sans limite.
Roman d’une richesse extrême, Jean Christophe Ruffin nous entraine dans une épopée historique qui marque la fin du moyen-âge et l’avènement de la Renaissance. À Florence Jacques Cœur découvre l’art des artistes différent, de l’art des artisans. L’architecture de son palais à Bourges est le témoignage d’un moyen-âge qui cède la place à la renaissance.
L’amour est bien présent dans la vie de Cœur, d’abord pour Macé son épouse, mais évidemment pour Agnès Sorel, la première favorite de l’histoire, que les Anjou ont vendu au Roi Charles VII. Agnès Sorel, icône de la beauté.
Jacques Cœur est-il moderne ? Dans sa post face Ruffin ne le pense pas. Pour l’auteur, Cœur est simplement habité par des rêves et leur donne un début de réalité. Reste que Jacques Cœur a compris le déclin proche de l’Orient, les mécanismes modernes du commerce et de la finance, la mondialisation des échanges. Jacques Cœur passe de l’idée de conquête à celle d’échange, ce lien supérieur qui unit tous les êtres humains par le commerce.
Jacques Cœur a simplement omis qu’il faut toujours se méfier du Prince.
Une écriture simple et habile, pour un roman picaresque, précis comme une biographie.
Un pur moment de bonheur.
Jean-François Colonna – Juin 2021.
Le grand Cœur – Jean-Christophe Ruffin – Folio 574 pages.
