C’est est un must du street food au marché de la Vucciria, à Palerme. Le pane c’a meusa est un sandwich saupoudré de graines de sésame garni d’abats de veau bouillis et frits dans de la graisse, puis coupés en lamelles. On peut le demander « maritatu » (marié), c’est-à-dire accompagné de fromage caciocavallo râpé ou de ricotta ; ou « schettu » (célibataire), sans aucun assaisonnement, juste avec un filet de jus de citron.
On sait que la Sicile regorge de pittoresque. Bien avant la mode des food-trucks à l’américaine, les stands sur roue des vendeurs à la sauvette de meusa se faisaient déjà concurrence sur ce marché populaire. De nos jours, cet héritage se perpétue chez de nombreux commerçants. Comme Rocky Basile, le « roi de la Vucciria » dont la famille prépare cette spécialité depuis près de 70 ans.
Leur étal mobile fait la navette entre le marché et le Corso Vittorio Emanuele où sont exposés à la vue de tous les pains ronds, la poêle avec du saindoux et la planche à découper sur laquelle Rocky tranche avec un long couteau bien affuté rate, poumons et trachées de veau « sans regarder » et, ça va sans dire, sans se couper les doigts. Une dextérité qui laisse enchantés tous les passants. Une fois que les abats sont déposés sur le petit pain, il le pressé à l’aide d’une écumoire pour éliminer l’excès de saindoux.
S’arrêter manger un sandwich chez lui est une façon de découvrir de nombreuses petites anecdotes et les histoires du lieu. Entre autres, Rocky était le protagoniste d’un épisode de “Gras et surgras“, une célèbre émission de télé animée par l’ancien rugbyman romain connu sous le nom de chef Rubio, converti à la gastronomie et réputé pour ses excès alimentaires et sa passion pour les restos routiers.
Les deux rivaux se sont défiés à coup de sandwichs devant un jury d’habitués ; un match de bœufitude qui s’est terminée par un ex-aequo.
C.A.T.
