Fin juillet, l’actuel président Jair Bolsonaro et l’ex mandataire Luiz Inàzio “Lula” da Silva ont été confirmés comme les deux principaux candidats à l’élection présidentielle brésilienne qui aura lieu le 2 octobre prochain.
À un mois et demi des comices, les sondages sont stables; la gauche populiste de Lula ayant au moins 10 points d’avance sur la droite nationaliste de Bolsonaro, et aucun autre candidat ne se rapproche de ce score.
La surprise vient, cette fois-ci, du monde de la banque et des affaires: bien que, lors de son élection en 2018, Bolsonaro ait bénéficié d’un large soutien des échelons supérieurs du secteur financier, les décideurs politiques de l’Avenida Faria Lima de São Paulo – connue sous le nom de Wall Street du Brésil – sont souvent restés silencieux alors que la présidence de Bolsonaro passait de crise en crise, comptant en vain sur les promesses de Paulo Guedes (un “Chicago boy” ultra-libéral et ministre de l’Économie depuis 2019) sur la réduction d’impôts et les réformes économiques.
Maintenant qu’une nouvelle élection approche, beaucoup dans le monde des affaires brésilien ont adopté une position différente. Surtout, depuis que Bolsonaro a affirmé -à plusieurs reprises et sans fondement- que le système de vote électronique du pays était vulnérable aux fraudes, jetant ainsi les bases d’une éventuelle défaite électorale. Pour sa part, l’Association brésilienne des banques a signé une lettre qui a été lue vendredi 12 lors d’un rassemblement prodémocratie à São Paulo, où les participants ont appelé à la confiance dans le système électoral brésilien. Les autorités électorales brésiliennes “ont mené nos élections internationalement reconnues en toute sécurité, efficacité et intégrité”, ont-t-ils déclaré.
Cependant, le changement dans l’élite financière brésilienne n’est pas généralisé, car les grandes entreprises agroalimentaires qui pourraient bénéficier des politiques environnementales laxistes de Bolsonaro restent fidèles au président, mais c’est un changement marqué par rapport à il y a quatre ans.
À bien des égards, la situation actuelle au Brésil est semblable à la préparation de l’élection présidentielle américaine de 2020, lorsque Donald Trump a mis en garde à plusieurs reprises – sans preuve – contre la fraude électorale et a affirmé que la seule façon pour lui de perdre l’élection était si elle était truquée. Bien que Trump lui-même n’ait jamais respecté le résultat final des élections – et ait ensuite provoqué l’émeute meurtrière du Capitole américain du 6 janvier 2021 – l’armée américaine, la police du Capitole et les responsables électoraux ont résisté à ses provocations, obtenant finalement le transfert du pouvoir.
Au Brésil, l’armée et la police pourraient se comporter très différemment qu’aux États-Unis en cas de besoin. L’armée du pays a mené un coup d’État en 1964, dont Bolsonaro a souvent fait l’éloge. Pour cette raison, le positionnement politique précoce des industriels et des chefs d’entreprise locaux est d’autant plus important.
