Plan Tourisme de Jean Castex : de vraies incohérences!

Nous vous livrons une autre vision du Plan Tourisme écrite par Ulysse. Même s’il a privé Jean Castex de son effet d’annonce en étant divulgué la veille de sa conférence, le Plan tourisme du Président Macron impressionne a priori par ses ambitions : un objectif inédit de leadership mondial en termes de recettes internationales, une affirmation de première destination mondiale de tourisme durable et un impressionnant budget global de 1,9 milliards d’Euros.

Le détail du Plan, fort bien présenté …

… dans un agréable document de 44 pages laisse cependant apparaitre un projet fortement inspiré par le calendrier électoral et par des préoccupations politiques qui expliquent les imprécisions budgétaires et surtout le manque de cohérence stratégique.

Les 1,9 milliards annoncés expliquent sans doute les réactions plutôt positives des grandes entreprises du secteur.

Il s’agit principalement de 1,3 milliard d’euros de prêts à très long terme, de 350 millions d’euros d’aides à la transformation du secteur, avec un effort spécifique pour améliorer la qualité de l’offre des villes moyennes et de l’hôtellerie-restauration de moyenne gamme. L’exploitation touristique de leurs patrimoines encore méconnus sera accompagnée par Atout France. Les financements répondent aussi aux demandes des professionnels du tourisme d’affaires et de l’événementiel (pour 100 millions), et à celles des agences de voyages dont le régime de réassurance professionnelle recevra 165 millions d’euros. La première place en termes de recettes touristiques internationales est le premier objectif stratégique annoncé.

Outre les possibles contradictions par rapport à d’autres objectifs assumés …

…  (Première destination de cyclotourisme mondial ?), les investissements lourds dans les campings, la relance des subventions individuelles au tourisme social, sont part d’un catalogue de mesures – d’aucuns parlent déjà de saupoudrage- qui laissent les observateurs dubitatifs. La valorisation du tourisme de proximité (alors que les marchés lointains ont des recettes per capita largement supérieures), et des budgets de promotion en berne (10 millions d’euros de plus par an, 1/6eme du budget de l’Egypte) n’aideront pas non plus à aller vers l’augmentation des recettes. La valorisation des métiers est sans aucun doute un moyen fort d’améliorer la qualité des services.

Mais, hormis une nécessaire (et opportune en année électorale) campagne publicitaire …

… aucune mesure n’est annoncée sur les principaux freins à l’attractivité des professions touristiques : les conditions de travail et de rémunération. La véritable nouveauté consiste en la volonté de devenir la première destination mondiale de tourisme durable, une ambition indispensable pour répondre non pas à des exigences politiques mais aux attentes du nouveau consommateur. Les mesures proposées constituent d’importantes avancées quant à l’adaptation de l’offre aux enjeux environnementaux, et montrent quelques nouveautés créatives (comme le nouveau classement hôtelier annoncé par Atout France) qui valorisent l’approche environnementale.

Mais le plan souffre aussi de saupoudrages …

… des sentiers de randonnée aux campings ou aux petits trains touristiques, en passant par les bases nautiques, le vélo et les ports de plaisance. Il peut par ailleurs paraitre contradictoire avec la subvention au tourisme d’affaires, le plus générateur d’émissions de gaz à effet de serre, ainsi qu’avec l’absence de restrictions particulières à l’égard des paquebots de croisière.  En dépit des annonces, l’approche partenariale de la mise en place de ce plan reste encore à définir.

Si les grandes entreprises ont été satisfaites à court terme …

…  de voir leurs demandes de subventions et de prêts honorées, les partenaires territoriaux comme les acteurs économiques attendent encore de savoir comment sera articulée la gouvernance de ce Plan. Et Atout France, l’outil partenarial par excellence où l’état et les acteurs du tourisme pourraient se coordonner pour l’indispensable relance du tourisme français, n ‘est pas cosignataire de ce plan, et n’est citée dans le rapport que sept fois, et ce pour des actions ponctuelles.

Ulysse