Le 14 juillet 2020, lors d’une interview, le président Emmanuel Macron avait souhaité la relance du trafic ferroviaire et en particulier celui des trains de nuit. On était alors en pleine pandémie avant l’arrivée des vaccins, et on s’interrogeait déjà sur l’intérêt que pourrait susciter le voyage nocturne en rail par temps de crise sanitaire. En effet, le Covid-19 avait déjà durement touché le secteur aérien et certains voyageurs estimaient se sentir peu rassurés par l’avion concernant le risque de contagions. Cependant, les tarifs du train sont rarement compétitifs comparés avec ceux des compagnies aériennes low-cost. Par ailleurs, les longs trajets en train empiètent sur le temps passé à destination ou allongent d’autant la durée des vacances, qui n’est pas sans limite. Macron semblait alors convaincu et convaincant : « ça permet de faire des économies et de réduire nos émissions de CO2 ». Un revirement complet du discours politique, après des années d’effacement des lignes de nuit.
Deux ans plus tard, quel bilan peut-on tirer sur l’actualité sociale et économique des trains de nuit en France et en Europe? D’une part, le 21 février dernier, et dans le cadre de la Présidence française de l’Union européenne, la SNCF a organisé au siège de Saint-Denis, une journée de tables rondes où des nombreux ministres des Transports et vingt-quatre dirigeants d’entreprises ferroviaires européennes ont témoigné des nombreuses démarches visant en rendre exemplaire le secteur, en matière de durabilité. D’autre part, il y a l’avis des usagers. Certains fatigués de l’avion, d’autres inquiets pour l’avenir de la planète. Pour ceux qui optent pour le train, le temps perdu par rapport à l’avion sont compensés par un meilleur bilan carbone, mais aussi par un autre rapport au voyage, propice à la découverte. Pour certains encore, l’avion n’est pas synonyme de facilité, mais de stress, car le train reste un avantage pour toute une partie de la population qui n’habite pas près d’une agglomération dotée d’un aéroport.
Mais revenons à mon rêve de départ(s). Qui n’a jamais songé à un long voyage en train, d’un dîner en tête-à-tête pendant que les paysages défilent par la fenêtre, de dormir paisiblement bercé par le roulement sur des rails inégaux et de se réveiller enfin dans une autre ville, ou pourquoi pas, dans un autre pays ?
L’illusion quelque peu nostalgique de la traversée nocturne peut encore se réaliser facilement avec un budget modéré. Les trains de nuit, qui étaient au bord de l’extinction, font leur retour en Europe à travers un vaste réseau ferroviaire international, avec de nombreux itinéraires déjà en service et d’autres devant démarrer cette année, juste avant l’été. Dans la plupart des cas avec des wagons de nouvelle génération, au design moderne et plus confortable.
En France, le train de nuit a été relancé avec les Intercités et les nouveaux projets internationaux, en plus de la liaison Paris-Nice inaugurée l’an dernier (billets à partir de 30 euros), Paris-Lourdes (qui avait été supprimée en 2017) et Paris-Briançon se sont ajoutés, avec des tarifs à partir de 25 euros. On prévoit d’investir 800 millions d’euros dans les services de nuit entre 2026 et 2030, a annoncé Jean-Baptiste Djebbari, ministre des transports, lors de la conférence sur le renouvellement des trains de nuit et espère ouvrir plus d’une dizaine de lignes internationales depuis la France. Pour les touristes étrangers, les trajets vers le sud de la France au départ de Paris sont disponibles sur le site d’Eurail https://www.eurail.com/en/get-inspired/trains-europe/night-trains/intercites-de-nuit dont voici l’offre complète https://www.eurail.com/en/get-inspired/trains-europe/night-trains
Au cours des cinq dernières années, la compagnie ferroviaire autrichienne ÖBB a déployé une large gamme d’itinéraires avec le Nightjet, son service de nuit, qui depuis Vienne relie différentes villes des Pays-Bas, d’Allemagne et d’Italie et a un projet d’expansion ambitieux. En décembre dernier, l’opérateur a ajouté la liaison Vienne-Paris tant attendue, qui suit le tracé original de l’Orient Express, https://www.sncf.com/fr/offres-voyageurs/voyager-en-train/nightjet-trains-de-nuit-paris-vienne Il fonctionne trois fois par semaine et passe par Salzbourg, Munich et Strasbourg, sur un trajet de 14 heures. Les tarifs commencent à 100 euros pour les sièges et jusqu’à 200 pour les cabines. De l’entreprise, ils ont annoncé que le service étant un succès et complet des semaines à l’avance, ils prévoient de le faire fonctionner quotidiennement et espèrent même doubler la longueur du convoi.
En plus de Nightjet, les chemins de fer autrichiens, déjà presque un empire, exploitent des trains EuroNight avec d’autres opérateurs européens. Un nouveau train de nuit de Stockholm à Hambourg sera mis en service au second semestre. https://www.nightjet.com/fr/komfortkategorien/euronight
L’European Sleeper sera une autre alternative néerlandaise qui s’apprête à rouler sur les nuits européennes. Le nouveau train, conduit par deux entrepreneurs belges et allemands, reliera Bruxelles et Prague à partir de l’été, avec des arrêts à Amsterdam, Hanovre et Berlin et une durée de plus de 12 heures. Le voyage aura lieu trois fois par semaine. Depuis le web, ils annoncent que les billets seront mis en vente au cours du printemps,. De plus, ils prévoient une desserte de Varsovie et en 2024 vers une destination encore inconnue. https://www.europeansleeper.eu/english/
Enfin, lancé encore aux Pays-Bas l’année dernière, Green City Trip est un opérateur ferroviaire qui appartient à la société mère Flywise, un voyagiste actif dans divers pays européens depuis 2010. En Allemagne, Green City Trip démarre le 25 mai avec 14 nouvelles destinations telles que Venise, Florence, Bologne, Milan, Bolzano, Copenhague et Vienne avec ses propres trains de nuit. Les trains partent de Cologne, Dortmund et Bad Bentheim. https://greencitytrip.nl/nl/info# On attend donc son arrivée en France dans l’avenir.
C.A.T.
