À la fin du mois de mars et jusqu’à début avril, lorsque les bébés otaries de la Péninsule Valdés, en Patagonie argentine, se prélassent sur les plages sauvages de l’Océan Atlantique sud, un péril venu des eaux profondes les guette. Un groupe d’une trentaine d’orques qui reviennent chasser chaque année à cet endroit précis.
Le moment idéal de l’attaque est par marée haute, puisqu’à ce moment-là, elles s’approchent des côtes pour capturer les petites otaries qui commencent tout juste à faire leurs premières plongées en mer. Pour ces captures, les orques utilisent une technique d’échouage intentionnel pour atteindre la côte, en profitant des chenaux submergés par l’eau de la pointe nord de la péninsule, en particulier le dénommé « canal des attaques », un creux de près de 80 mètres de large creusé dans les hauts-fonds. Si le « baptême » des otaries est très risqué, l’attaque des orques ne l’est pas moins, car elles projettent leurs énormes corps sur les rivages au péril de leurs vies.
Chaque jour, il y a deux marées hautes, séparées par des intervalles de six heures de marées basses. Les orques ont besoin de beaucoup d’eau pour s’approcher des colonies et pour échouer pendant quelques secondes sur la plage. C’est une technique de chasse très difficile, car les orques sont des cétacés très lourds pouvant atteindre un poids de dix tonnes.
Touristes et curieux se rendent sur les chemins balisés en haut des promontoires pour contempler ce sanguinaire spectacle, mais les chances d’y assister sont plutôt faibles, car le territoire de chasse s’étend sur une centaine de kilomètres et les géants mammifères n’apparaissent rarement plus qu’une demi-heure pour leur déjeuner. Lors des observations, il faut se rendre sur la côte trois heures avant la marée haute et y rester jusqu’à trois heures après. L’attaque peut avoir lieu à tout moment. Toutefois, il faut savoir que l’attente a souvent une fin frustrante, car les échouages ne se produisent pas tous les jours. La mer doit être calme et les vents doivent souffler de manière à favoriser les attaques.
C.A.T.
Article très intéressant. Âmes sensibles s’abstenir.