Nous avons donné la parole aux spécialistes de la croisière dans notre article du 11 Mai dernier . Aujourd’hui, nous vous livrons notre enquête auprès d’un certain nombre de clients croisiéristes. C’est intéressant !
Le virus de la croisière existe. On le sait, une grande majorité des habitués, à peine débarqués, pensent à la suivante. Les accidents du début de la pandémie, les reports de dates, les multiples modifications d’itinéraires ont-ils modifié ce constat ? Voici le verbatim de quelques clients de divers types de croisières.
Jean-Paul a 78 ans et une quinzaine de croisières à son actif sur les très gros navires. « Le meilleur moyen de se déplacer sans porter de bagages et d’avoir tout à proximité : repas variés, belle cabine, spectacles et visites d’escales diverses à travers le monde». Envie de repartir ? « Oui sans aucun doute mais je ne suis pas pressé. J’attends de voir si les conditions de sécurité sanitaire sont vraiment au maximum. Et surtout de savoir si la vaccination de tous ceux qui montent à bord sera exigée. Bien que je sois vacciné, à mon âge et avec quelques soucis de santé, j’ai besoin d’être totalement rassuré »
Mélanie 75 ans, de nombreuses croisières à son actif (elle ne sait même plus combien). « J’ai hâte de remonter à bord, c’est vrai. Ca me manque. Mais pas cette année. J’attends que tout soit redevenu normal à 90 % et, de toute façon, que tout le monde soit vacciné avant de monter à bord ». Donc, pas de vacances cette année ? « En tout cas des vacances différentes en attendant. Peut-être une location d’hôtel avec mon mari, où je puisse mettre les pieds sous la table sans avoir à me soucier de rien. Mais en tout cas en France ».
Monique et Kevin, la cinquantaine, n’ont rien décidé pour l’heure. Ils ne font pas que des croisières mais en ont quand même fait cinq ou six, plutôt sur des compagnies plus haut de gamme et en cabines grand confort. Ils se disent tout à fait prêts à repartir. « Sur un bateau confortable, de taille raisonnable avec formule tout compris (incluant le vol) et avec un nombre de passagers réduit. De toute façon nous n’aimons pas les gros bateaux. Pour le reste, je pense que les croisiéristes n’ont pas intérêt à être négligents et de toute façon nous sommes tous les deux vaccinés ».
Même écho en ce qui concerne Pascal, habitué avec sa compagne aux croisières fluviales. « Vous savez, on en conserve de superbes souvenirs. Pour nous c’est l’idéal. Notre croisière de l’an dernier a été reportée deux fois déjà, c’est frustrant. Alors nous espérons que celle de juin va pouvoir partir ; on croise les doigts ». Aucune appréhension côté sanitaire ? « Un peu mais nous contrôlerons les conditions avant de partir et puis j’ai hâte de repartir, de retrouver cette idée d’insouciance. En plus la plupart des croisiéristes habituels ont au moins 70 ans je pense, donc j’imagine que tout le monde aura été vacciné ».
Myrianna, 80 ans d’ici peu, espère bien pouvoir profiter d’ici la fin d’année, avec sa fille, de cette croisière de luxe dont elle rêve depuis des années en direction de l’Antarctique. « Je m’efforce de ne penser qu’aux merveilles que je vais découvrir sur ce bateau pas très grand, très confortable, en espérant qu’ils ne feront pas le coup d’annuler…Vous savez à mon âge, les rêves il faut les réaliser vite, on ne sait pas si l’an prochain on sera en forme encore pour le faire. Et puis la compagnie nous a certifié que personne ne montera à bord sans être vacciné, c’est déjà rassurant et au pire ils ont un hôpital à bord avec un médecin. Mais vous savez il ne faut pas toujours envisager le pire, juste vérifier que le maximum de précautions a été pris. Je suis optimiste : ça va marcher » répète-t-elle comme un mantra.
INSCRITS POUR 5 CROISIERES EN 2022
Enfin Gérard et Denise, multirécidivistes des croisières à bord des grands navires : une vingtaine à leur actif avec la même compagnie. Et….5 croisières en instance pour l’année qui vient malgré une mésaventure de taille à bord, l’an dernier, au tout début de la pandémie où leur croisière d’un mois s’est plutôt mal terminée. Confinement obligatoire, et sans explication, dans leur cabine, puis contaminés à bord par le virus et deux décès en prime. On reste ébahi d’apprendre qu’ils s’apprêtent à embarquer pour, si possible, une croisière en 2021 (déjà deux fois reportée) et 5 croisières en 2022…. Ils ont même intenté, avec d’autres, un procès pour mise en danger des passagers. Alors pourquoi ? Les croisières à travers le monde c’est vraiment leur passion. « Le système nous convient ». Et puis, surtout, la compagnie n’a pas remboursé la croisière mais pour compenser les multiples avatars, y compris le manque d’information à bord sur la véritable situation, elle leur a remis des bons-croisière équivalents au prix payé pour la croisière d’un mois, vols inclus. Les voilà quelque peu prisonniers de cette manne et soucieux de pouvoir garder leur statut de VIP offrant des avantages conséquents, décerné à ceux qui, comme eux, enchaînent les croisières sur la même compagnie. On sent Gérard plus révolté et prêt, dit-il, à envisager, peut-être une autre forme de vacances. Denise, de son côté s’obstine : « on va les faire ces itinéraires, même s’ils changent, je ne veux pas perdre tout cet argent, quitte à rester à bord parce qu’on connaît déjà la plupart des escales. En tout cas j’espère qu’ils vont limiter les passagers et surtout exiger l’obligation vaccinale. Il faudrait qu’ils espacent l’habitat en ne louant qu’une cabine sur deux et qu’ils décalent les heures de repas. De toute façon je pense que ce ne sera plus le même concept qu’avant ».
Certes, sur toutes les compagnies la vie à bord risque bel et bien de changer mais ce qui reste manifeste c’est cette dichotomie entre ceux qui juré, craché, sont convaincus que la croisière ce n’est pas pour eux et les habitués qui ne laisseront pas la pandémie casser leur rêve, chaque année renouvelé.
Evelyne Dreyfus
