La pomme de terre est l’une de ces matières premières qu’on peut qualifier de totalement versatile. La version qui est présentée rôtie au four, sans éplucher, coupée partiellement en quatre en forme de croix, et farcie avec des garnitures qui se prêtent bien au contraste entre la douceur de la patate, le goût relevé d’une sauce et le fondant d’un fromage, est celle que les anglo-saxons connaissent comme la jacket potato, un plat à emporter que l’on vend à même le trottoir. Elle fait partie des classiques de la dénommée comfort food, des aliments qui réchauffent le cœur car ils rappellent le goût de la cuisine faite maison, tout en nourrissant.
En la cuisant avec la peau, brossée et rincée au préalable, on obtient une chair moelleuse et un extérieur croustillant. Au centre, au milieu de la croix, la sauce et le fromage fondus feront le reste, avec bien sûr l’ingrédient principal de la farce, soit du thon mayonnaise, soit de la viande hachée et relevée du chlil con carne, soit du poulet-bacon. Sans doute, la préférée des britanniques est celle avec des fameux baked beans, les haricots blancs à la tomate que l’on trouve aussi dans les petit-déj les plus traditionnels.
Les « jackets » ne datent pas d’hier non plus ; déjà au XIX siècle elles étaient vendues dans les rues de Londres pendant l’hiver. Elles ont même une date fétiche : le 5 novembre, pour la Bonfire night connue aussi comme la Guy Fawkes night, ou la nuit de la Conspiration des Poudres de 1605, commémorant le complot des catholiques anglais qui tentèrent de faire sauter le Parlement de Londres. Elle est célébrée avec des feux d’artifices et un repas festif qui inclut les pommes de terre garnies, bien sûr, mais aussi plein de desserts pour adultes et petits comme les toffee apples (pommes caramélisées sur bâtonnets) ou le Yorkshire parkin un robuste pain d’épices à base d’avoine et de mélasse.
C.A.T.
