En 2018 et 2019, deux vols différents utilisant le même avion – le Boeing 737 Max – se sont écrasés dans des circonstances étrangement similaires, tuant 346 personnes et déclenchant une gigantesque couverture médiatique. Désormais disponible sur la plateforme Netflix, le documentaire de la réalisatrice américaine Rory Kennedy explore sans verser dans le pathos la catastrophe avant la catastrophe : les accidents aériens survenus dans une entreprise qui avait donné la priorité au profit en détriment de la sécurité.
En fait, il s’agit d’un témoignage de choc qui expose comment Boeing a commencé à imploser bien avant la chute du Lion Air 610 dans la mer de Java en 2018. Tout commence en 1997, lorsque la société rachète – ou mieux « fusionne » – avec McDonnell Douglas et avec lui un conseil d’administration plus soucieux des bénéfices que de la culture de la sécurité qui avait fait la réputation de Boeing.
Le documentaire soutient à juste titre qu’au-delà des différences culturelles ou de la formation des équipages, l’erreur fatale de Boeing est de confier aux pilotes un système qu’ils ne connaissent pas et d’attendre d’eux qu’ils réagissent face à un problème technique dans un délai impossible. Le blâme ne peut pas tomber sur ceux qui ont été confrontés à une situation où le salut ne dépendait que d’un miracle.
Pour la réalisatrice, il n’y a pas d’ambiguïté : Boeing est responsable des accidents et des décès. Le constructeur est encore plus responsable du deuxième accident que du premier car il aurait pu prendre des mesures pour suspendre l’exploitation du MAX par sécurité et il ne l’a pas fait.
Le documentaire se demande également si la réglementation actuelle et le règlement de 2,5 milliards de dollars conclu par Boeing avec le ministère de la Justice américain ont été suffisants. En fait, la réalisatrice rappelle le fait que ces accidents ont coûté des centaines de vies et que personne n’est allé en prison.
