2 mai, 2024
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Hurtigruten: la croisière autrement

Hurtigruten, un nom qui flotte dans l’esprit public de façon imprécise, synonyme de grand nord et de navigation, d’aurores boréales et de fjords. Mais pas forcément de croisière et c’est partiellement ce qui fait sa différence. Focus avec Christine Bois-Beauval, D.G.France.

En Norvège non plus, là où  naquit la compagnie maritime, voici bientôt 130 ans ce n’est pas tout à fait synonyme de croisière car ce n’est pas le tourisme qui a produit cette compagnie. Traduit en français, Hurtigruten veut dire tout simplement « la grande voie » et, bien loin d’y voir un objet de croisières, son fondateur en 1893, Richard With y a vu et conçu un incomparable outil permettant de relier tout l’année par la côte,  le Sud et le Nord de la Norvège allant de Bergen à Kirkeness via 34 ports. Et cela reste le cas depuis des générations.

Même si depuis les années 1980 et dans les années plus récentes la marque Hurtigruten s’est aussi déployée vers la croisière pure en Antarctique, aux Galapagos ou ailleurs avec sa section Croisières d’Expédition, le socle en reste l’Express côtier. Certes le confort s’y est grandement amélioré depuis  mais l’activité d’origine, consistant à desservir tous les ports petits et grands de ce long littoral norvégien se poursuit, génération après génération depuis 130 ans.  Dès le départ et jusqu’à ce jour, l’Express côtier achemine des marchandises aux Norvégiens et embarque les habitants souhaitant rendre visite à leurs proches plus au Nord ou plus au Sud. Ceux aussi qui veulent simplement visiter d’autres contrées norvégiennes, comme ils le feraient en train. Les touristes peuvent donc descendre à quai au rythme des haltes qui s’opèrent toutes les trois ou quatre heures, faire un trajet partiel ou rester dans un port une nuit ou deux avant de reprendre le bateau. L’Express côtier appartient avant tout à la population norvégienne et accueille donc à bord les nationaux aussi bien que les touristes. En cela mais aussi en misant depuis longtemps sur la nourriture à 80 % locale servie à bord, en ayant, depuis cinq ans, banni les plastiques non recyclables, en appliquant au mieux l’esprit écologique traditionnel des Norvégiens, en mêlant autochtones et visiteurs, Hurtigruten répond de façon quasi naturelle aux exigences du temps présent.

Christine Bois-Beauval, DG Hurtigruten France et Belgique (photo ED)

Pas de triomphalisme à ce sujet. Christine Bois-Beauval, directrice générale pour la France et la Belgique l’exprime clairement : « sur bien des aspects de protection de l’environnement nous n’avons pas de mérite particulier ; l’écologie fait partie de la culture norvégienne depuis longtemps mais nous oeuvrons malgré tout à un projet zéro émission de CO2 d’ici 2030. Car bien sûr nous sommes aussi émetteurs.  En attendant nous avons des bateaux fonctionnant au fuel léger, depuis 2019 certains sont hybrides et nos bateaux sont alimentés par branchements au bord des quais ».

Qui sont  les usagers de l’Express côtier ? Des Norvégiens depuis toujours auxquels s’ajoutent souvent des primo-croisiéristes qui ne sont pas attirés par les grands paquebots. « Nos bateaux ne font jamais plus de 140 m de long pour pouvoir tourner dans les fjords explique Christine Bois-Beauval et ils ne seront jamais plus grands car nous sommes une délégation de service public, chargée d’assurer ce service en toute circonstance ». La jauge maximale des bateaux est de 500 passagers. Hurtigruten s’adresse, en outre, aux personnes surtout soucieuses de vivre une expérience, d’être en contact, que ce soit à bord ou aux escales, avec les populations locales et cherchant plutôt des explications pédagogiques (l’accompagnement d’un guide français est régulier) scientifiques ou culturelles. Il n’y a pas de soirées animation au programme mais de très nombreuses excursions dans la nature.

130 ANS EN 2023

Cent trente ans de longévité cela mérite une fête et des projets d’avenir. Hurtigruten s’apprête donc à lancer une navigation avec des escales plus longues, notamment jusqu’au Spitzberg, ce qui permettra aussi à la compagnie d’acheminer des marchandises par bateau plutôt que par avion vers cette destination isolée et mythique du grand nord qui fait partie de la Norvège. Pour préserver la nature au maximum, ce sont des panneaux solaires et des éoliennes qui fourniront l’électricité sur place.

Pour fêter ses 130 ans Hurtigruten va proposer deux voyages de légende. L’un, en pleine période de soleil de minuit, à bord du Spitzberg Express pour y découvrir les vastes étendues sauvages, les glaciers et la faune arctique du bout du monde. L’autre avec le Cap Nord Express sous le signe des aurores boréales de l’automne au printemps ; pour la première fois,  le départ se fera à partir d’Oslo et la navigation permettra de découvrir des ports encore inconnus. Les deux itinéraires seront ponctués d’escales plus longues d’une durée de 7 heures en moyenne.

Christine Bois-Beauval se dit satisfaite des réservations en cours : « nous sommes sur une très bonne tendance même si pour les croisières d’expédition nous constatons une habitude croissante d’engagements de dernière minute »

Hurtigruten ignore la notion de luxe mais soigne le confort aussi bien pour de nouvelles versions de l’Express côtier que pour les sept autres bateaux de la marque qui exploite aussi désormais son savoir-faire  en Antarctique, en Alaska, au Groenland ou aux Iles Galapagos. Le luxe version Hurtigruten, c’est la destination elle-même et les expériences qu’on y vit immanquablement.  Une vision somme toute encourageante du voyage des temps à venir, loin du sur-tourisme, proche de l’authentique. Chassez le naturel, il revient au galop ?

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