Ce n’est pas le titre le plus connu de cet auteur-compositeur récemment disparu, mais les paroles de cette invitation au voyage avant qu’il ne soit trop tard sont si belles qu’elles nous interpellent autant que ces autres succès comme Mes yeux dans ton regard, Nos fiançailles ou Madrid, Madrid.
Ce musicien nomade atypique fit irruption sur la scène musicale française au début des années 1990 en chantant des mélodies empreintes de romantisme et de mélancolie, en français et en espagnol, sa langue maternelle, car il était d’origine andalouse, mais né à Barcelone. Il n’arriva en France qu’à l’âge de six ans, quand ses parents s’installèrent dans la région toulousaine, puis à Lyon.
Daniel Fernandez changea son prénom en Nilda en devenant chanteur à part entière ; il connut d’abord le succès en France pour lancer ensuite sa carrière à l’international en faisant des tournées en Amérique Latine, puis à New York où il part vivre pendant quelques années. En 2001, pendant une tournée en Russie, il décide de s’installer à Moscou pendant cinq ans. Ce séjour sera suivi d’un autre à Cuba, où il adapte l’opéra Carmen de Bizet, avant son retour définitif en France en 2006 où il publie un livre, cette fois-ci, ayant pour titre Les chants du monde, carnet de notes.
Bien avant son dernier disque, paru en 2010 et enregistré en Italie, L’invitation à Venise date de 1991 et prélude toute une série de morceaux consacrés au voyage. « Tu peux laisser tes valises, on fera tout dans la journée
Je ne voudrais pas qu’un long séjour nous épuise » chante Nilda, qui met en rapport la beauté éphémère de cette ville unique avec les envies passagères d’un séjour éclair en amoureux.
Car c’est plutôt l’effet surprise qu’on cherche dans ce déplacement en musique, pas de visites de musées ou d’églises ; « surtout que je réalise que tu ne m’as jamais rien demandé » poursuit le chanteur poète. Et puisque c’est comme ça, on peut donc demander ce qui a de plus beau dans un instant, de suite, avant que les envies ne passent ou que le désir flanche. Ce désir, aussi voluptueux et momentané que le charme de Venise, ou le temps d’une chanson.
C.A.T.
