Le peuple saharaoui n’a pas d’Etat depuis 1975, lorsque le Maroc envahit par les armes le Sahara occidental, l’ancienne colonie espagnole en Afrique. Depuis, une grande partie de la population est partie vivre dans des camps de réfugiés dans la province de Tindouf, en Algérie.
En 1991, un cessez-le-feu fut signé entre l’armée marocaine et les Saharaouis ; en contrepartie, l’ONU promettait un référendum d’autodétermination au peuple saharaoui qui n’a jamais eu lieu et le conflit resta gelé pendant 29 ans, jusqu’à la récente reprise des combats en 2020.
Depuis 1973, le dernier enclave colonial en Afrique possède son propre mouvement de libération connu sous le nom de Front Polisario, la seule organisation que les Nations Unies reconnaissent comme le représentant légitime des Sahraouis. Le Sahara occidental – inscrit depuis 1963 sur la liste des territoires non autonomes de l’ONU – ne fait pas partie du Maroc selon la loi internationale. En effet, l’ONU le considère comme un territoire non autonome en attendant la responsabilité de la décolonisation de l’ancienne puissance coloniale, l’Espagne, qui a quitté la région entre 1975 et 1976. Depuis, le Maroc occupe les trois quarts du territoire et relègue les Sahraouis sur une bande désertique à l’est du pays.
Le Polisario lutte donc contre la colonisation marocaine et revendique le droit à l’autodétermination de son peuple appartenant à la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), l’État sahraoui autoproclamé en 1976. Mais, le 13 novembre 2020, le front déclare rompu le cessez-le-feu en vigueur depuis 1991 et débute alors une reprise réelle des hostilités sur laquelle le régime marocain ne s’est toujours pas prononcé.
Certains réalisateurs ont approché -notamment à travers des documentaires- la réalité du peuple sahraoui répartis entre les camps de réfugiés d’Algérie, les territoires sous domination marocaine, et l’exil en Espagne ou dans d’autres pays européens et africains. D’ailleurs, les camps de réfugiés de Tindouf sont les seuls au monde à accueillir un festival de cinéma, le FISAHARA, le seul événement cinématographique qui disparaitra au moment où son existence n’aura plus de sens (http://www.festivalsahara.com/).
Life is waiting (La vie attend: référendum et résistance au Sahara occidental) (2021). Film documentaire de la réalisatrice américano-brésilienne Lara Lee. le Sahara occidental est l’un des territoires les plus parsemé de mines antipersonnel au monde et on donne ici la parole à des activistes politiques et des militants de droits de l’homme sahraouis et étrangers, dévoilant les exactions des autorités coloniales et la brutalité de la répression des forces marocaines de sécurité face à des revendications légitimes lors de manifestations pacifiques pour les libertés.
Le problème. Témoignage du peuple sahraoui (2010). Ce documentaire réalisé entre 2004 et 2009 par Jordi Ferrer et Pablo Vidal a remporté le premier prix au FISAHARA 2010. « Le problème » est l’expression utilisée pour désigner les violations des droits de l’homme subies par la population sahraouie dans les territoires occupés par le Maroc. Toute manifestation extérieure de l’identité sahraouie est interdite : drapeaux, hymnes, voire le nom même de Sahara occidental. Ce film recueille les témoignages de ses protagonistes.
25 minutes (2010). Ce film documentaire est basé sur des entretiens avec quatre femmes en relation avec le Sahara, dans des contextes différents. L’une d’elles est une femme sahraouie réfugiée à Saragosse ; une autre réside dans les camps de réfugiés de Tindouf ; le troisième habite à El Aaiún et la dernière est une représentante d’une association d’amitié avec le peuple sahraoui en Cantabrie. La réalisatrice Pilar Ramírez appartient au réseau international Western Sahara Resource Watch, un observatoire dédié à l’étude et à la dénonciation de l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental par le Maroc.
Tebráa (Portraits de femmes sahraouies. 2007). Ce documentaire est une œuvre collective qui donne aussi la voix aux femmes. Dans ce cas, il s’agit d’une initiative qui émane de l’association provinciale d’amitié avec le peuple sahraoui de Séville. Tebráa signifie le chant des femmes du désert quand elles travaillent seules dans les camps des réfugiés, tandis que les hommes sont au front en temps de guerre. On découvre alors divers témoignages, entre autres, celui d’une sage-femme, de deux adolescentes ou encore une chanteuse qui utilise sa voix et son art pour faire rayonner la cause sahraouie à travers le monde.
Children of the clouds (Les enfants des nuages. 2007). Ce court métrage documentaire de Carlos González porte sur la répression subie par les étudiants et militants sahraouis qui défendent les droits de l’homme. Il a été tourné à El Aaiún, où le réalisateur a interviewé certains d’entre eux et montre la réalité qui existe dans les écoles des territoires occupés du Sahara, après le soulèvement qui a commencé en 2005 et qui est devenu l’Intifada sahraouie.
Sahara occidental. Indépendance ou génocide ? (1976). Partis tourner sur place les réalisateurs Théo Robichet, Bruno Muel et Miguel Ibarrondo ramènent des images assez rares des acteurs de la lutte indépendantiste sahraouie. Ils filment le désert, les campements, les casernes militaires. Ils interviewent soldats et civils ; à chaque fois, les discours concordent : l’injustice de l’occupation marocaine est dénoncée et l’adhésion à la cause nationale est totale. Le Front Polisario est présenté comme une force fédératrice autour de laquelle la lutte s’organise. Le propos du film est très clairement favorable aux indépendantistes du Polisario dont l’action est légitimée. Il vise à sensibiliser sur la situation sahraouie pour provoquer le soutien alors que le Front Polisario vient de déclarer ouvertement la guerre au Maroc et à la Mauritanie. Le moment est donc celui d’une accentuation des combats. C’est un tournage « à chaud », alors que les événements sont en cours ce qui explique un style est très proche de celui du reportage.
C.A.T.
