26 avril, 2024
spot_img

NDC? Vous avez dit NDC?

Petit traité d’une néophyte curieuse

Si les moins de 20 ans, ne connaîtront pas ce qu’était le monde d’avant, il ne suffit pas d’être dans la catégorie de la ménagère du tourisme de plus de 50 ans pour comprendre que ce qui se passe sous nos yeux, marque un tournant majeur dans notre paysage professionnel.

En pleine période électorale, ne voyez là aucune préférence partisane, mais le mouvement NDC est bien en marche ! Alors pauvres marcheurs que nous sommes, agents de voyages des années 2022, qu’allons nous trouver au bout de ce chemin parait-il si prometteur ?

En parfaite profane, mais tout de même curieuse des nouvelles technos, en qualité de cheffe d’entreprise et témoin d’un congrès des EDV à Lille où Amadeus et Air France avaient transformé la table ronde en un ring…Tous les coups étaient permis, je ne pouvais rester ainsi sans un éclairage sur une révolution qui allait engager toute une industrie.

C’est quoi NDC ? Cet acronyme mystérieux signifie New Distribution Capability.

Ça sonne bien, ça semble ouvrir des horizons, mais précisément de quoi parle-t-on ?

Cette norme, définie par IATA a fait l’objet de multiples développements depuis des années, afin de permettre aux compagnies aériennes d’offrir un contenu et des services enrichis, accessibles à l’ensemble de la distribution au sens large du terme, et cela, partout dans le monde, de façon harmonisée et enfin en y apportant une certaine simplification d’usage et de compréhension tant pour le B2B que pour le B2C.

Cette maîtrise du contenu est pour les compagnies aériennes, une occasion unique de mettre en avant leur offre, en temps réel, mais plus que jamais, de créer de la valeur supplémentaire, en proposant et en vendant des nouveaux services.

Jusque-là, les causes sont nobles, mais les « dessous » de la norme sont une remise en question complète du mode de rémunération de toute la chaîne de distribution.

Auparavant, seuls les GDS offraient aux professionnels, des plateformes qui agrégeaient l’ensemble des compagnies et classes tarifaires proposées.

Pour les cas particuliers (excédents bagages au poids réel et autres besoins spécifiques…), il fallait être doté d’un doctorat billetterie ou d’un master patience pour accéder à une super hot line parfois proche de SOS amitiés.

Et, puis par affinités personnelles ou financières, l’étude du reversement de commission par segments émis faisaient le reste du travail pour choisir son GDS.

Aujourd’hui, la norme NDC a bousculé, un ordre depuis si longtemps établi : la rémunération de la compagnie faite au GDS, mais aussi du GDS à l’agence de voyages.

En effet pour les premiers il n’est plus question de payer un fee au second, et au GDS de retourner une part de ce fee à l’agence distributrice.

Aie ça pique dans le résultat d’une agence.

Une fois de plus, preuve est faite que rien n’est gratuite ma bonne dame !

Finalement ce que l’on a longtemps cru, comme étant une générosité du GDS, n’était ni plus ni moins qu’une part de la rémunération payée par la compagnie aérienne aux GDS.

Bon, maintenant que le décor est bien planté, on fait quoi ?

Soit on regarde l’avion passer et là, c’est l’agence qui perd tout crédit vis-à-vis de son client, soit on se met en ordre de marche au plus vite, car les écarts tarifaires entre NDC et le GDS vont vite nous faire comprendre que tous ne pourront pas atteindre la ligne d’arrivée.

Les On Line, sont les premiers à voir franchi le cap d’arrivée en développant des outils innovants, intégrants la « norme » et s’affranchissant ainsi des surcharges annoncées, jusqu’à 26€ sur un AR Air France.

Les GDS eux aussi ont vite compris qu’il fallait se réinventer et les compagnies qu’elles ne pourraient pas immédiatement s’affranchir des GDS, alors ces dernières continueront de payer (mais bien moins de 5 à 2€) mais surtout ces 2€ seront eux intégrés dans les taxes. Alors NDC via le GDS, c’est une option que bon nombre choisiront probablement faute d’anticipation, mais qui sera malgré tout taxée d’un petit écart par billet, qui pourrait faire tiquer les clients.

Enfin les réseaux, selon les cas, ils ont ou sont entrain de mettre en place eux aussi des outils « maison » qui leur éviterait l’intermédiaire GDS et qui leur permettrait d’intégrer plus de compagnies que les 18 qui sont aujourd’hui disponibles sur la plupart des GDS.

Alors pour résumer, ce qui se passe sous nos yeux ébahis, ce n’est que le début d’un processus irréversible.

En écrivant ces lignes, me revient en mémoire, un rendez-vous avec l’une de mes compagnies partenaires qui m’avouait que rapidement, dans le second semestre 2022, elle appliquerait des niveaux de prix différents selon le canal et l’outil de réservation, mais aussi que je passerai à côté d’offres « early booking » accessibles uniquement via une plateforme NDC.

Enfin, je comprends, ce qui lui avait valu un tonnerre d’applaudissement, pourquoi Laurent Abitbol, demandait aux compagnies aériennes d’abandonner le modèle à 0% de commission. Sûrement avait-il dans l’idée de récupérer un peu des rémunérations que celles-ci payaient aux GDS ?

Certes si le calendrier de mise en place ne semble pas favorable, après deux années violement covidées, sauf à être totalement passéistes, ou amnésiques, personne n’osera dire que nous avons été pris de court, alors que ce sujet est sur la table depuis des années.

Alors vous, je ne sais pas ? Mais moi je sens que je parle NDC couramment !

A découvrir dans la même catégorie..

1 COMMENTAIRE

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

L'Actualité du jour