30 avril, 2024
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Entretien avec Hervé Bellaïche président de Catlante, croisériste sur catamarans de luxe

Catlante, le croisiériste sur catamarans de luxe, existe depuis 20 ans. Hervé Bellaïche, clé du succès de Ponant ces dix dernières années, a racheté la société et la préside depuis bientôt trois mois. Il nous livre ses premières impressions.

Son objectif ? Il veut en faire une référence sur le marché peu connu des croisières en catamaran.  Dans le monde voguent environ 11000 de ces bateaux. La plupart du temps ce sont les propriétaires qui les louent à des particuliers avec ou sans skipper selon le degré d’expérience.  Mais dans ces cas toute la responsabilité incombe à ceux qui louent le catamaran. A l’inverse, chez Catlante, le client est juste un touriste et c’est la société qui endosse toutes les responsabilités. Autre spécificité, Catlante est un croisiériste qui loue à la cabine, comme sur les croisières plus classiques, bien qu’un groupe familial ou amical puisse, seul, réserver l’intégralité de l’espace. A bord on trouve jusqu’à 6 cabines sans compter celle du skipper et celle du chef cuisinier. Toutefois, constate Hervé Bellaïche, 50 % du business est fait de vente à la cabine, concept inventé par Jean-Pascal Siméon, le précédent propriétaire.

MTN : Quel type de clientèle est concerné par ces croisières en catamaran ?

HB : Ils sont de trois types globalement : des jeunes retraités de la tranche d’âge 55-65 ans qui n’ont plus d’enfants à charge et qui aiment la mer, des familles mais aussi pas mal de familles monoparentales qui prennent généralement deux cabines et les groupes d’amis, de collègues ou de familles plus grandes qui prennent tout le bateau.

MTN : Est-ce une clientèle nationale ou internationale ?

HB : Aujourd’hui nos clients sont à 100 % Français et uniquement par la vente en direct. Nous ne passons pas par les agences de voyage, mais je suis en train de développer vers d’autres nationalités. Et je pense que nous allons élargir la distribution

MTN : En quoi les onze ans d’expérience Ponant servent-ils dans ce nouveau challenge ?

HB : J’adorais Ponant avec qui je garde des liens très forts mais j’avais envie de vivre autre chose .Après un certain temps quand on reste, il devient de plus en plus difficile de sortir d’une entreprise. J’avais envie d’entreprendre et d’acheter une entreprise mais pas à partir de rien. Et je ne voulais pas non plus faire une entreprise concurrente à Ponant bien qu’un certain nombre d’entreprises similaires américaines m’aient proposé de devenir leur CEO. En fait j’étais ouvert même à des secteurs qui n’ont rien à voir le tourisme. Ce qui m’intéressait c’était le potentiel de croissance et je pense qu’il y a un potentiel énorme dans ce secteur. Parce que ce sont de petits groupes, que c’est écoresponsable, écologique. De plus en plus les personnes cherchent de l’exclusivité, du haut de gamme pas guindé mais convivial, expérientiel. J’ai un modèle en tête :  Les Maisons de Katy et Jacques. Leur concept est le luxe c’est le lien, l’hyper personnalisation, le haut-de gamme convivial et c’est très abouti.

MTN : Où sont basés les bateaux ?

HB : En Corse l’été, aux Caraïbes l’hiver et aux Seychelles toute l’année

MTN : A quoi peut-on s’attendre à bord ?

HB : A une expérience sur de petites unités. Les cabines font environ 9m2 et il y a beaucoup d’espaces de vie en commun très bien aménagés à bord. Par rapport à d’autres croisières, un atout majeur est l’accès à l’eau permanent avec des paddles, des kayaks, des seabobs etc, et, pour tous, les baignades quotidiennes dans la mer, parfois à l’impromptu. On fait beaucoup plus de stops pour accéder  aux escales. L’itinéraire est bien sûr tracé d’avance mais légèrement modulable. Et s’il s’agit d’un groupe entier, on se plie à leurs choix. Le capitaine jauge rapidement les préférences de la clientèle et peut satisfaire les souhaits des uns et des autres que ce soit pour ceux qui aiment les couchers de soleil ou ceux qui aiment les baignades ou les plongées avant tout. C’est une semaine de déconnexion totale dans l’esprit nos shoes no news.

MTN : Y a-t-il, sur vos croisières, des accompagnateurs pour les excursions ?

HB : On organise systématiquement des visites, d’autant qu’avec un catamaran il est possible de s’arrêter beaucoup plus souvent. On donne des pistes d’excursions et on essaie de créer à bord des moments rares. Il arrive aussi souvent que le chef cuisinier par exemple, emmène les passagers au marché où il va s’approvisionner pour les repas du jour. Mais à terme, oui,  il y aura des guides lors d’escales.

MTN : Quels sont les tarifs pour une semaine de navigation ?

HB : Il faut compter 2500 € par personne soit 5000 € par cabine hors vols.

MTN : Précisément, dans notre pays peu ouvert aux croisières, quelle est la clientèle potentielle ?

HB : Ce dont je suis certain c’est qu’il y a un fort potentiel de croissance. Parce qu’il y a un attachement à la nature de plus en plus fort, surtout post-Covid et nous avons, en France, un très vaste  littoral. Nous sommes la deuxième nation maritime au monde. On le sait peu d’ailleurs mais dans le monde il n’y a que dix constructeurs de catamarans dont huit sont Français. La clientèle des catamarans vient, sans aucun doute d’une part des croisiéristes classiques et d’autre part des clients voulant vivre des expériences hors normes et la mer en fait partie. Actuellement, nous avons 6000 clients/an. Je n’ai pas encore de recul au bout d’à peine trois mois d’exploitation mais en gros je pense qu’elle se répartit en 30 % de clients croisiéristes, 20 % de passionnés de voile et 50 % cherchant une expérience. Le fait de rester le long des côtes et de débarquer  tous les jours rend les séjours beaucoup plus fluides et attirants

MTN : Catlante vient d’annoncer la construction de deux nouveaux catamarans très adaptés aux nécessités d’écoresponsabilité. Quel rythme de constructions prévoyez-vous ?

HB : Les deux en cours sont en effet très attendus et un autre qui était déjà commandé va nous être livré en mars. Les futures constructions ne sont pas encore des plans concrets. En tout cas en cette fin d’année 2023,  tous les bateaux sont pleins. Nul doute que la demande est forte.

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