26 avril, 2024
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La presse et les relations presse sont dans la tourmente !

On en parle peu mais que deviennent les services de presse et les journalistes du tourisme au milieu de la tempête en cours ? Vu de dehors, tout se passe comme si la Belle au Bois Dormant piquée par le COVID-19 devait se réveiller après un long sommeil par le baiser du prince vaccin. Et tout serait comme avant. Mais c’est une fable.

Au fait, que deviennent les fidèles sujets RP* et journalistes anesthésiés par ce long sommeil ?

* Les relations presse regroupent l’ensemble des actions effectuées à destination de la presse et des journalistes

Du côté des services de presse :

Hors Europe

« Du jour au lendemain nos clients m’ont dit « dans dix jours vous ne serez plus payés » confie cette directrice d’agence de communication. Nous étions fin mars 2020. La plupart de nos contrats venant de pays extra-européens ont été suspendus ; un petit nombre d’entre eux non reconduits. Bien que combattifs nous étions stupéfaits, sidérés. Heureusement nous avons pu décrocher deux nouveaux contrats plus « corporate » dans d’autres secteurs. Certains de nos clients amorcent tout doucement un retour mais je pense qu’il faut miser sur l’automne pour faire repartir réellement les projets avec les journalistes. Nous avons reçu des aides certes comme tous mais, comme tous j’imagine, nous y laissons des plumes ».

Une autre agence multi-budgets confirme que, chez eux aussi, un tiers des budgets ont suspendu leurs contrats. « Nous sommes contraintes à une grande souplesse en fonction des destinations qui s’ouvrent ou non. Mais heureusement nous avons toujours eu des contrats « corporate » hors tourisme, ce qui nous permet de tenir. Si des accueils presse nous sont demandés nous les facilitons mais aucun voyage de groupe n’est à l’ordre du jour. La situation est plus facile en Europe et difficile en-dehors. Par contre, la France fait carton plein ». Quid des prévisions ? « Nous réfléchissons à proposer de nouvelles stratégies pour demain et tâchons de maintenir le lien. Il y aura sans doute d’autres actions à mener, nous allons devoir être très créatifs. Et nous n’excluons pas non plus que certains clients disposent de moins de budget »

Situation différente pour les services de presse et communication rattachés à un pays. Un seul budget mais bien des questions en suspens. Ainsi la Thaïlande qui se prépare à rouvrir au tourisme par paliers dès cet été. Les journalistes peuvent s’y rendre avec un visa spécial et en passant par l’ambassade mais aucun voyage de presse n’est autorisé depuis l’an dernier. L’office de tourisme s’est déployé autrement auprès du public et a assuré la pérennité de l’image du pays via de multiples publi-reportages dans de nombreux journaux. L’ouverture du pays est programmée mais reste dépendante des vols aériens et notamment des escales.

En Europe

Situation très variable selon les pays. Certains n’ont rien changé ou presque, d’autres sont à l’arrêt et d’autres encore dans les « starting blocks » prêts à bondir au feu vert. La Suède dit poursuivre son travail avec les journalistes pour des demandes individuelles qui n’ont jamais cessé. Mais le pays ne cherche pas à encourager les touristes à voyager actuellement. Comme, sur place, le pays ne prend pas les journalistes en charge, ceux qui viennent cherchent des angles bien spécifiques : activités dans la nature, slow travel. Ils s’organisent en toute indépendance. Côté Autriche on a renoncé momentanément à tout voyage de presse de groupe sauf… virtuel (un voyage de presse virtuel est prévu en mai pour la région du Tyrol sous forme de quatre expériences. Un repérage, peut-être, pour de futurs reportages). Le pays aide les journalistes qui veulent y travailler à titre individuel mais les hébergements et restaurants tout comme les lieux culturels étant fermés….

L’Espagne, de son côté, constate un afflux, ces dernières semaines, de demandes de journalistes que l’office de tourisme accompagne. Tatiana Martinez la directrice de l’office de tourisme avoue se réjouir de cette fidélité à son pays, même si depuis l’été 2020, aucun des nombreux voyages de presse habituels n’a pu être organisé. « Pourtant, explique Tatiana Martinez, nous sommes conscients du désir de voyager vers l’Espagne et notre idée est de recommencer à travailler le plus vite possible avec la presse en lui proposant de nouvelles expériences. Et nous sommes bien décidés à poursuivre l’intensification des relations avec les journalistes français ».

Du côté des journalistes

La palette des situations est large. Qui dit relations presse dit journalistes. Ils/elles sont une cheville ouvrière historique entre destinations et public mais on parle peu de leurs problèmes d’adaptation à cette crise majeure.

« Dans notre rédaction, explique ce confrère en poste dans une rédaction radio quotidienne, la consigne c’est : interdiction de bouger sauf en France. Pour tout autre reportage, même en Europe, la validation du service médical est indispensable et nous devons être couverts par un vaccin. Alors je redécouvre et fais découvrir la France et j’oriente mes sujets sur tout l’environnement COVID : les conditions de remboursement des compagnies aériennes, le slow tourisme, le succès des locations individuelles etc. Je m’adapte, les idées ne manquent pas et on me les accepte facilement »

D’autres, surtout les pigistes, sont plus impactés et tentent de s’adapter tant bien que mal. Cette consœur, spécialisée en gastronomie sur un webzine propose des idées de savoir-faire plutôt que les bonnes tables de restaurants fermé et évite, dans l’immédiat de citer les bonnes adresses. Tel autre, qui pige pour un magazine grand-public a vu sa rubrique purement et simplement arrêtée puis reprendre sur les seules destinations hexagonales à l’exclusion de toute autre. Même consigne pour une autre journaliste pigiste, elle aussi, pour un hebdomadaire généraliste. Sa rédaction n’accepte que la destination France arguant qu’il est difficile de donner des envies de voyage et de bonnes adresses à des lecteurs incapables de savoir quand ils pourront voyager de nouveau. Et c’est le même écho pour cette autre pigiste écrivant pour plusieurs magazines qui s’ingénie à trouver des angles originaux pour traiter l’information touristique et réussit, du coup, à placer ses articles.

Les lecteurs ont toujours besoin de rêver !

Finissons par une bouffée d’optimisme avec d’autres confrères qui œuvrent pour des magazines « pure players » exclusivement dédiés au tourisme. Même si la publicité s’est effondrée et la pagination réduite, eux constatent que les ventes se maintiennent. Apparemment les lecteurs ont besoin de rêver et de se projeter. Du coup ces journalistes font moins de sujets mais voyagent malgré tout dès qu’une destination même lointaine s’ouvre. Et, comme dit l’un d’eux : « ma direction m’encourage même à travaille le plus normalement possible ». La question demeure : que sera la normalité demain ?

Evelyne Dreyfus

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