Thaï Airways se redresse progressivement. Comme d’autres compagnies, elle se refait une santé après les effets d’un Covid long. Voici un état des lieux, sans masque, avec Gilles Augeard, responsable commercial pour la France.
–Comment passe-t-on de 10 vols par semaine en 2019 à zéro vols jusqu’en 2021 ?
Et bien…on vit des moments difficiles ! Après avoir rapatrié les clients restés sur place au début de la pandémie, notre dernier vol s’était effectué le 31 mars 2020. Thaï Airways était déjà en difficulté financière à l’époque avec une dette de 11 milliards de dollars. Autant dire que ce fut le coup de grâce avec comme corollaire l’impossibilité de rembourser les billets réservés pour 2020-2021. Nous aurions pu en passer par la liquidation judiciaire mais nous avons préféré le redressement judiciaire. Le Gouvernement de Thaïlande s’est séparé d’une partie du capital pour tomber à moins de 50 % de participation. Cela a permis de renégocier la dette avec les plus gros financiers (particulièrement les loueurs d’avions). La compagnie a également vendu d’autres actifs (immeubles, participation dans d’autres compagnies d’aviations etc)
–Quelles ont été les répercussions sur votre flotte et votre personnel ?
La flotte a été réduite de moitié passant de plus de 100 appareils à une cinquantaine. Nous nous sommes séparés des plus anciens et des plus énergivores. Nous avions environ 24 000 employés dans le monde et sommes passés à 13 ou 14 000. A Paris nous étions 35 et sommes passés à 13. Ce fut une période très dure, humainement et professionnellement car nous perdions des forces de travail et des compétences.
–Et pourtant la reprise est là. Comment se présente la situation de Thaï Airways aujourd’hui ?
Avec les ouvertures partielles et progressives de la Thaïlande post-pandémie, nous avons repris début 2021 avec un vol par semaine sur Paris-Phuket mais les contraintes des séjours sur place restaient fortes. La vraie reprise s’est faite début janvier 2022 avec un vol par semaine en Boeing 787 (256 sièges) pendant 15 jours puis nous sommes passés à trois vols par semaine mi-janvier. A partir de mars 2022 nous avons commencé à bénéficier de budgets sous forme de prêts de l’Etat thaïlandais. Nous avons dès lors pu commencer à rembourser nos clients. Fin mars nous passions à un vol quotidien en 787 pour passer, dès le mois d’août et jusqu’à ce jour, à un vol quotidien mais sur Boeing 777 de 348 sièges
–Quid de votre flotte aujourd’hui face à la reprise?
Elle se monte à une soixantaine d’appareils dont vingt A 320 récents mais la reprise est forte et la quantité d’appareils ne suffit pas à la demande. Il a donc été décidé que la filiale de Thaï Airways, Thaï Smile sera absorbée par la maison mère et c’est en cours. Ces appareils reprendront tous les vols domestiques et régionaux sous le nom de Thaï Airways. Par ailleurs, nous attendons 5 nouveaux A 350 en cours d’année et, à partir de 2024, des gros porteurs de type A 321 Neo pour renforcer les routes régionales (Inde, Chine, Japon) très dynamiques. L’Europe reste aussi une zone très importante pour Thaï Airways et nous allons augmenter les capacités de nos trois premières stations européennes : Allemagne, Grande-Bretagne et France ; il faudra certainement rajouter 3 vols aux vols quotidiens actuels. Nous sommes bénéficiaires en ce premier trimestre 2023 et sommes déterminés à rembourser tous ceux de nos clients qui ne l’ont pas été encore. Nous avons repris contact avec nos partenaires agents de voyages. Thaï Airways prévoit de sortir du plan de redressement mis en place d’ici fin 2024 et une réintroduction en bourse en 2025
–Que dire des tarifs ?
Ils sont élevés actuellement, comme pour toutes les compagnies. Le coût du kérosène est élevé et les compagnies ont besoin de récupérer une santé financière. En même temps la demande est plus forte que l’offre. Il est intéressant de noter que nos 42 classes affaire sont quasi pleines tous les jours. Dans les mois qui viennent, les capacités vont augmenter et très progressivement les niveaux de prix vont diminuer. Le jeu de la concurrence qui a été stoppé va pouvoir reprendre. Et, nous concernant, nous gardons toujours le grand avantage d’être et de rester les seuls vols directs quotidiens vers la Thaïlande. Le seul bémol pour la compagnie est ce constat : les taux de réservation sont bons mais il nous faut tenir compte du nombre important de ventes qui se font en dernière minute.
