26 avril, 2024
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Chine : l’empire contre-attaque après les sanctions occidentales

Plusieurs marques comme H&M, Nike, Uniqlo ou encore Adidas subissent les foudres chinoises, après leurs boycotts du coton du Xinjiang. Cela arrive bien tardivement car le problème lié aux ouïghours n’est pas nouveau. Il fallait sûrement trouver un autre angle d’attaque après la mise au pas d’Hong Kong dont plus personne ne parle. Il devient difficile d’être totalement partial entre la réalité et la propagande chinoise ou occidentale

Un point géographique

Région autonome ouïgoure du Xinjiang s’étend sur plus de 1,6 million de kilomètres carrés. La population serait de 25 millions de personnes. Le Xinjiang, au nord-est de la Chine, est frontalier de plusieurs pays dont la Mongolie, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l’Afghanistan, le Pakistan et de l’Inde. Les chaînes de montagnes du Karakoram, du Kunlun et du Tian Shan occupent une grande partie des frontières du Xinjiang, ainsi que ses régions occidentales et méridionales. La région d’Aksai Chin, administrée par la Chine, est revendiquée par l’Inde. Le Xinjiang est également bordé par la région autonome du Tibet et les provinces de Gansu et Qinghai.

La Chine a connu plusieurs attentats et manifestations au Xinjiang

Les politiques gouvernementales promouvant l’unité culturelle chinoise font face à certaines expressions de l’identité ouïghoure. Pékin a fait face à des volontés de séparatisme. Cela a pris la forme d’attaques terroristes fréquentes et de nombreuses manifestations.

La menace est réelle, mais la perception en est faussée

D’une part, la Chine use et abuse de l’étiquette de « terrorisme ». Cela a toujours été un moyen de mater la contestation, en associant toute manifestation de mécontentement, violente ou pas, à ce que le régime chinois dénonce comme les « trois forces » : « séparatisme, fondamentalisme et terrorisme ». La « main de l’étranger » est systématiquement mise en cause. Cet amalgame permet d’escamoter tout débat sur les politiques chinoises au Xinjiang, qui sont pourtant la source d’une grande partie du malaise ouïgour : ces politiques favorisent en effet l’immigration des Chinois Han, l’ethnie majoritaire, contribuent à un partage inique des ressources, s’attaquent à la culture et à la langue ouïgoures ou encore enserrent les pratiques religieuses dans un carcan de régulations.

La Turquie à jouer une fois de plus en eaux troubles

La Turquie a été un ardent défenseur de la minorité ethnique ouïghoure de Chine, pressant Pékin de mettre fin aux politiques dures au Xinjiang que le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a appelé à un génocide en 2009.  Cette position a changé ces dernières années, les responsables turcs ayant largement abandonné leur critique publique de la politique ouïghoure de la Chine, et le gouvernement turc réprimant les militants ouïghours chez eux. En janvier 2020, après des mois de manifestations devant le consulat chinois à Istanbul par des Ouïghours basés en Turquie essayant de trouver des informations sur des membres de leur famille disparus, la police a interdit les rassemblements pour des raisons de sécurité et de COVID-19.  

Entre réalités et propagandes

Les États-Unis et leurs alliés intensifient la pression sur la Chine dans contre la prétendue répression par Pékin des Ouïghours. Le département d’État américain estime que jusqu’à 2 millions d’Ouïghours et d’autres minorités musulmanes sont passés par un vaste réseau de centres de détention à travers la région, où d’anciens détenus affirment avoir été soumis à un endoctrinement politique intense, au travail forcé, à la torture et même à des abus sexuels. Des groupes de défense des droits de l’homme et des militants ouïghours à l’étranger ont également accusé le gouvernement chinois d’assimilation culturelle forcée et de contrôle des naissances et de stérilisation contre les Ouïghours.

La Chine dément ces allégations

La Chine nie avec véhémence les allégations de violations des droits humains, insistant sur le fait que les camps sont des « centres de formation professionnelle » volontaires conçus pour éradiquer l’extrémisme religieux et le terrorisme.

Les pays occidentaux passent aux sanctions

Les États-Unis, ainsi que l’Union européenne, le Canada et le Royaume-Uni, ont annoncé des sanctions contre des responsables chinois pour violations des droits de l’homme au Xinjiang. Le CBP (Customs and Border Protection) des États-Unis a émis le mois dernier une ordonnance de retenue (WRO) qui signifie que les importations de vêtements et de textiles, ainsi que de produits à base de tomates, en provenance du Xinjiang seront retenues dans les ports américains. Dans une déclaration commune, le groupement a dénoncé le prétendu « recours au travail forcé, la détention massive dans les camps d’internement, les stérilisations forcées et la destruction concertée du patrimoine ouïghour ».

L’empire contre-attaque

Des célébrités et des politiciens chinois s’empressent de se distancer des marques occidentales alors que Pékin intensifie une campagne pour sanctionner ceux qui accusent d’abus au Xinjiang, y compris les entreprises de mode qui boycottent le coton de la région. Burberry était une cible de premier plan, l’actrice, Zhou Dongyu, a mis fin à son rôle d’ambassadrice de la marque.

Zhou Dongyu – Burberry

La marque H&M a été pratiquement effacée de l’Internet chinois du jour au lendemain. D’autres marques du marché ont été également ciblées à la fois par les clients et les célébrités.

Eason Chan – Adidas

Par exemple Adidas, qui a été abandonnée par les chanteurs Eason Chan et Angelababy, Uniqlo, qui a perdu les acteurs Ni Ni et Jing Boran, et Puma, qui a été abandonnée par Gulnazar, un acteur ouïghour.

Cependant, certaines marques, dont Muji et Fila, ont répondu aux boycotts en soulignant leur engagement à utiliser le coton du Xinjiang, un rappel de l’importance de la Chine en tant que l’un des marchés de la mode les plus importants et les plus dynamiques au monde.

Les consommateurs chinois suivent les médias chinois

La colère tardive des consommateurs chinois à propos de ces boycotts, semble avoir été alimentée par des articles dans les médias d’État. Les principaux vecteurs en ligne comme Weibo ou Alibaba ont retiré les marques critiquant la Chine. Les tensions entre la critique des violations des droits de l’homme en Chine et l’attrait de ses centaines de millions de consommateurs ne feront que croître avant les Jeux olympiques d’hiver de Pékin. Ils sont prévus pour février 2022. Ces Jeux deviennent un centre d’intérêt pour les militants qui font pression pour des mesures plus fortes.

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