26 avril, 2024
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Une destination, une chanson : Le baiser d’Alain Souchon

Dans cette chanson parue en 1999 sur l’album Au ras des pâquerettes où la mélodie fait place aux souvenirs et à la mélancolie, Alain Souchon évoque la plage de Malo Bray-Dunes qui sera le théâtre d’une rencontre éphémère et d’un baiser inattendu. Cette plage sur la mer du Nord est le point le plus au nord de la France et est d’ailleurs située non loin de La Panne en Belgique. La dénomination de la ville fut tirée du nom de son fondateur Alphonse Bray auquel fut tout simplement ajouté le mot « dunes » car elles entourent la ville. En flamand, elle porte le nom de Bredene et en néerlandais Brayduinen.

Chez Souchon, Brassens n’est jamais bien loin, et le sujet de ce morceau rappelle un peu Les amoureux des bancs publics, même si les références textuelles et musicales sont plutôt Adamo ou MC Solaar. Est-ce simplement une question de rime ? Faute de Brel, pour les rimes en elle, on peut conter sur Adamo, car on est au bord de l’eau. Et proche de la frontière (dommage pour la rime que ce ne soit pas le Finistère) avec la Belgique, qui prend ici la forme d’une blonde (là, t’as pas été très original cher Alain !). Que les fans du Touquet me pardonnent, mais j’avoue que les côtes du Nord-Pas de Calais ne font pas vraiment partie de mes fantasmes balnéaires, à moins que Souchon ne les transforme en poésie faisant apparaître, entre la plage et les dunes, une inconnue égarée dans la brume.

Malo Bray Dunes

Ah, que ce baiser furtif était doux ! Naïf et sincère, comme les rivages du nord en hiver. La blonde des rêves souchonnesques serait-elle réelle ? Ou un pur produit de la surconsommation de bière belge ? Tentons donc de percer ce mystère : est-ce que le chanteur essaie de nous égarer en citant MC Solaar quand en réalité il voulait parler d’Ophélie Winter ? Rappelons que ce filou d’Alain a déjà rapproché Claudia Schiffer et Arlette Laguiller dans ses chansons qui, peut-être malgré lui, se sont aussi un peu pauloupsulitzerisées en devenant des hits commerciaux comme Allô maman bobo ou Foule sentimentale.

Puis, il y a le vidéoclip, où le baiser sur la plage est bien plus osé que celui suggéré dans la chanson. Si le cerf-volant symbolise le côté volage, la pomme achetée dans la superette insiste sur le péché d’adultère. Quelques vingt ans plus tard, le metteur en scène devrait se justifier de cette prise de position qui serait jugée de nous jours machiste et discriminatoire, car la blonde en question est une caissière de supermarché qui connaît un moment d’égarement dans les dunes avant de rentrer au boulot avec quelques regrets, à en juger par sa pomme. Souchon, lui, la voit passer de côté, assistant à la scène avec ses airs de séducteur jamais content, mais jamais K.O. non plus. Ça peut être un peu difficile à suivre si vous n’avez toute sa discographie en tête, je sais. Admettons toutefois que, dans ses textes, le gentil chanteur aux cheveux bouclés passe d’Ava Gardner à la caissière blonde avec autant d’aisance que quand il change la vieille Chrysler de Jim pour l’Audi du mari de la caissière ch’tie…

C.A.T.

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