29 avril, 2024
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La “travel aesthetic”, ou les voyages stéréotypés de la génération Z

Encore une fois les influenceurs et leur manie pathologique de tout contrôler…. Si vous n’êtes pas un adepte de TikTok ou ne créez pas de tableaux sur Pinterest, vous ne savez peut-être pas ce qu’est une “esthétique de voyage”.

De nos jours, la mode de l’aesthetic travel semble vitale dans la planification des vacances de la génération Z, totalement tournée vers les réseaux sociaux, donc basée sur des collections de souvenirs inspirants trouvés sur les diverses plateformes et remplis d’images de destinations idéalisés.

Sur TikTok, #travelaesthetic compte plus de 66 millions de vues; #londonaesthetic a 47 millions de vues et #japanaesthetic a 91 millions de vues. Sur Instagram, il y a près de 48 000 tags “esthétique du voyage”, plus des milliers pour des lieux spécifiques comme Paris (48 000), Londres (89 000) ou le Japon (76 000).

Etre la plus belle ou le plus beau avant d’appuyer sur le bouton “partager“ 

Des images en apparence parfaites qui conduisent tout droit à l’ennui… Chaque tenue portée (même dans l’avion) ​​est tendance, chaque repas consommé en vacances est rempli de fruits et légumes frais et colorés, et chaque selfie devant le lieu choisi doit avoir l’éclairage, l’angle et l’expression idéale, une version améliorée de soi-même…. souvent proche de l’épouvante, induite par la tyrannie des filtres.

En déplacement, la déconnexion de ces touristes avec le réel est troublante, en constatant comment cette succession d’images semble suivre un scénario monotone sur le lieu de vacances devenu plateau d’enregistrement.

Une manie de la comparaison qui les emmène très rapidement à la déception, car la réalité est rarement à la hauteur de leurs fantasmes: des clichés uniques de “l’esthétique” d’un pays ou d’une ville qu’au fil des ans, la télévision, les films, les magazines, les guides de voyage et, surtout, les réseaux sociaux, leur ont inculqués.

La tentation de la simplification

De par sa nature même, l’esthétique du voyage réduit une destination complexe à une série de clichés et de stéréotypes. Il s’agit souvent de restreindre une culture à des caricatures les plus élémentaires, parfois racistes et xénophobes.

C’est une tendance qui a explosé ces derniers temps, en partie à cause du phénomène de “set-jetting”, dans lequel les gens visitent un lieu basé sur des programmes télévisés ou des films, comme de beaux clichés d’Emily à Paris.

De plus, une fois qu’une culture est considérée comme largement visuelle – plutôt que complexe et, surtout, humaine – l’esthétique devient un raccourci vers quelque chose de bien plus dommageable: les lieux sont décontextualisés et rendus irréels, et ses habitants sont plus susceptibles d’être stéréotypés et déshumanisés.

Les réseaux sociaux ont, hélas, changé la donne, car aucune culture ne peut être résumée en une seule image. En concurrence pour quelques secondes d’attention, la simplification en matière de découverte de l’étranger et de l’exotisme est devenue encore plus réductrice.

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